Peter Mutharika a remporté la présidentielle au Malawi avec 56,8% des votes lors des élections de la semaine dernière. C’est ce qu’a annoncé la commission électorale mercredi 24 septembre. Sans attendre la proclamation des résultats officiels, le président sortant Lazarus Chakwera, qui dénonçait encore la veille, mardi 23 septembre, des fraudes électorales, a reconnu sa défaite et félicité son rival et prédécesseur Peter Mutharika. Cinq ans après avoir été écarté du pouvoir, Mutharika s’apprête donc à reprendre les rênes du pays.
Dans une allocution télévisée, Lazarus Chakwera a salué le travail de la Commission électorale tout en demandant que les irrégularités relevées dans certaines circonscriptions soient examinées de manière « complète et transparente ». « Peter Mutharika dispose déjà d’une avance insurmontable », a-t-il reconnu.
J’ai appelé le professeur Peter Mutharika pour le féliciter de sa victoire historique et lui souhaiter un plein succès dans son prochain mandat en tant que septième président de la République du Malawi.
D’après les chiffres provisoires, Peter Mutharika recueillait plus de 60% des suffrages, contre environ un tiers pour Chakwera. Une victoire écrasante, ouvrant la voie à son retour au pouvoir, cinq ans après son départ de la présidence. Selon les résultats officiels, tombés plus tard, 56,8% des électeurs se sont en fait portés sur lui. Le président sortant a obtenu 33% des bulletins de vote déposés le 16 septembre, selon la Commission électorale.
« Transfert pacifique du pouvoir »
Pasteur évangélique de 70 ans, Lazarus Chakwera était arrivé au pouvoir, dans ce pays d’Afrique australe, après l’annulation du scrutin de 2019. Il a promis un transfert pacifique du pouvoir, malgré un mandat marqué par de grandes difficultés économiques : plus de 70% des habitants vivent avec moins de 2 dollars par jour, selon la Banque mondiale, un facteur qui a sans doute pesé sur les électeurs.
Les défis qui attendent Peter Mutharika
Sa première mission sera de redresser l’économie. Le Malawi fait face à une inflation de plus de 30%, des pénuries de carburant et une dette record. « L’économie est sur son lit de mort », résume le politologue Boniface Dulani, qui souligne aussi l’urgence de relancer l’agriculture et d’assurer la sécurité alimentaire.
Ce constat est partagé par le porte-parole du Parti progressiste démocrate (DPP), Shadrick Namalomba. Il accuse Lazarus Chakwera d’avoir « échoué sur tous les fronts – nourriture, économie, devises, carburant – et laissé prospérer la corruption ». Selon lui, Peter Mutharika veut restaurer la stabilité et garantir la tolérance zéro face à la corruption.
Mais la tâche s’annonce rude. Peter Mutharika devra regagner la confiance des bailleurs internationaux et trouver les moyens de financer des promesses coûteuses comme la gratuité de l’école secondaire ou de nouvelles subventions agricoles. Pour Boniface Dulani, ce retour au pouvoir reflète moins un vote d’adhésion qu’un rejet de Lazarus Chakwera. « Les électeurs sanctionnent les présidents qui ne tiennent pas leurs promesses. C’est la troisième fois de suite qu’un sortant est battu » analyse-t-il.
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