Le ministre béninois du Cadre de vie et des transports, chargé du développement durable, José Tonato, a annoncé de nouvelles mesures pour réguler la circulation des poids lourds de plus de 10 tonnes dans l’agglomération du Grand Nokoué. Au vu entre autres de leur implication fréquente dans des accidents de la circulation, mettant en danger la vie des autres usagers de la route, ces véhicules sont désormais autorisés à circuler uniquement la nuit, de 23h00 à 6h00 du matin. Des itinéraires spécifiques leur sont par ailleurs imposés. Tels des prophètes, le quotidien Matin Libre et l’ancien préfet du Littoral, Modeste Toboula avaient déjà sonné l’alarme.
Plus d’une fois. Et les articles du journal, tantôt incisifs, tantôt alarmants, pointaient du doigt la menace grandissante que représentent les camions sur nos routes. Aujourd’hui, un communiqué officiel du ministère du Cadre de vie et des transports, chargé du développement durable, vient tristement confirmer ces craintes, et prouver que Matin Libre avait vu juste. Dans son communiqué du 23 septembre 2025, le ministère reconnaît officiellement ce que les populations subissent depuis des années : les véhicules de transport de marchandises de plus de 10 tonnes génèrent des nuisances importantes et impactent lourdement la sécurité routière dans l’agglomération du Grand Nokoué. Cette déclaration, aussi nécessaire soit-elle, fait écho à de multiples drames qui auraient pu être évités. Matin Libre avait pourtant relayé ces tragédies à répétition : une mère et son bébé écrasés, un accident mortel à Dantokpa, une fillette de deux ans tuée à Sèmè-Podji, un diplomate percuté… La liste, loin d’être exhaustive, est une litanie de vies brisées et de familles en deuil. Chaque accident impliquant un camion est un bilan lourd, souvent mortel, et l’indifférence des autorités semblait jusqu’alors laisser pantois.
Le retour de mesures déjà prises par le passé
Le ministère annonce aujourd’hui des mesures strictes : des itinéraires imposés et une circulation des camions limitée aux heures creuses, de 23h00 à 6h00 du matin. Une décision qui, si elle est appliquée, devrait permettre de fluidifier le trafic et de réduire considérablement les risques d’accidents en journée. Mais la pertinence de cette décision n’est pas une nouveauté. Comme Matin Libre l’avait si bien rappelé, un ancien préfet du Littoral, Modeste Toboula, avait déjà mis en place des mesures similaires. Souvent critiqué pour son zèle, il avait fait preuve de clairvoyance en actant une réglementation stricte de la circulation des poids lourds à Cotonou. Son arrêté préfectoral interdisait leur circulation aux heures de pointe, imposant des amendes salées aux contrevenants. Une initiative qui avait porté ses fruits et qui, malheureusement, avait été mise de côté.
Aujourd’hui, le nouveau communiqué ministériel sonne comme un mea-culpa. Il valide la justesse de l’analyse de Matin Libre et la pertinence des mesures préconisées et déjà appliquées par le passé. L’inquiétude des populations, maintes fois exprimée dans les colonnes du journal, a finalement été entendue. Reste à savoir si ces nouvelles mesures seront cette fois-ci appliquées avec la rigueur nécessaire pour que nos routes cessent d’être des « mouroirs ».
Fifonsi Cyrience KOUGNANDE
