Depuis quelques semaines, un mot insolite s’impose dans le langage de la jeunesse béninoise : Atassa. Popularisé par les réseaux sociaux, repris dans les rues, les cours d’école et même dans les taxis-motos, ce terme est devenu un véritable phénomène culturel. Mais son usage incontrôlé suscite déjà des inquiétudes, au point qu’un établissement scolaire de Cotonou a décidé d’interdire formellement à ses élèves de le prononcer dans l’enceinte de l’école.

Un mot, une controverse, le Bénin face au phénomène « Atassa ». Pourtant, traditionnellement, Atassa désigne une bassine en aluminium dans la langue fon. Aujourd’hui, dans la bouche des jeunes, le mot a pris un tout autre sens. Employé comme interjection, il sert à exprimer l’étonnement, l’amusement ou encore l’enthousiasme. Sur TikTok, Facebook et WhatsApp, des vidéos comiques et des sketches ont largement contribué à sa propagation, jusqu’à en faire un mot-clé incontournable.

À l’origine de ce phénomène se trouve son créateur, qui a expliqué lui-même la naissance du terme. Selon ses propres paroles sur TVC, tout est parti d’un rêve dans lequel il s’est vu assis à l’intérieur d’une bassine, communément appelée Atassa. Étonné de cette vision insolite, il aurait alors réagi en disant : «Moi, dans une bassine, Atassa ?» C’est de cette exclamation spontanée que le mot est né, associé dès lors à une idée de surprise ou de situation étrange. Intrigué, il a commencé à en faire des vidéos humoristiques qui ont rapidement rencontré un succès massif et propulsé Atassa au rang d’expressions virales.

La vitesse de diffusion de Atassa illustre la puissance des réseaux sociaux dans la création de nouveaux codes linguistiques. Des influenceurs et créateurs de contenus béninois en ont fait un outil de ralliement, repris dans des musiques, des danses et des détournements humoristiques. Très vite, le phénomène est sorti du virtuel pour gagner la rue, devenant un cri générationnel.

« Atassa » : le phénomène qui enflamme la jeunesse et irrite les écoles béninoises

Si les jeunes l’utilisent comme un jeu linguistique, certains parents et enseignants s’inquiètent. Dans une école privée de Cotonou, la direction a adressé une note aux parents, avertissant que tout élève surpris à employer le mot Atassa serait sanctionné. Motif invoqué : éviter les perturbations en classe et prévenir un effet d’entraînement qui détournerait les élèves de l’apprentissage. Même si pour les observateurs, Atassa est révélateur d’une créativité linguistique propre à la jeunesse béninoise, capable de transformer un terme du quotidien en un symbole culturel. Mais il met aussi en lumière la fracture entre générations, face à une culture numérique qui s’impose dans tous les espaces sociaux.

Reste à savoir si Atassa s’éteindra comme une mode éphémère ou s’inscrira durablement dans le parler populaire. En attendant, il continue de faire débat, entre rires, incompréhensions et interdictions. Une chose est sûre : l’énigme Atassa illustre la vitalité d’une jeunesse qui invente et réinvente sans cesse ses propres codes.

Fifonsi Cyrience KOUGNANDE

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