Home Bénin Présidentielle 2026: Élevage au Bénin : Moderniser pour nourrir, employer et exporter

Présidentielle 2026: Élevage au Bénin : Moderniser pour nourrir, employer et exporter

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Longtemps considéré comme un secteur secondaire, l’élevage au Bénin est pourtant un maillon essentiel de la sécurité alimentaire, de l’emploi rural et du développement économique. Dans toutes les régions du pays, et particulièrement dans le nord, des millions de Béninois vivent, directement ou indirectement, de l’élevage bovin, ovin, caprin, porcin ou avicole. La viande, le lait, les œufs ou encore les cuirs sont autant de produits qui nourrissent les ménages, créent de la richesse, et ont le potentiel d’alimenter les marchés sous-régionaux. Mais ce potentiel reste largement inexploité. L’élevage béninois demeure informel, peu structuré, peu productif, et vulnérable aux chocs climatiques, sanitaires et économiques. Face à une population croissante, à une demande alimentaire en hausse et à une dépendance accrue aux importations de produits animaux, il devient urgent de repenser ce secteur, d’y investir massivement et de le moderniser.

 A l’horizon 2026, alors que le Bénin se prépare à une nouvelle élection présidentielle, l’élevage doit sortir de l’ombre et s’imposer comme un axe stratégique majeur de développement.

Un secteur aux multiples atouts…

Le Bénin dispose d’une grande diversité de cheptels: des bovins aux petits ruminants, en passant par les volailles et les porcs. Les zones agroécologiques du nord sont particulièrement favorables à l’élevage extensif. La demande en produits d’origine animale est également forte, que ce soit pour la consommation locale ou dans les pays voisins comme le Nigeria, le Niger ou le Burkina Faso.

Les produits issus de l’élevage – viande, lait, œufs, cuir, peaux – sont très recherchés, non seulement pour leur valeur nutritionnelle, mais aussi pour leur potentiel économique et industriel. Si ce secteur est mieux encadré et soutenu, il pourrait devenir un moteur de croissance inclusive et un vecteur de transformation des zones rurales.

… mais de nombreux freins à lever

Malgré ses atouts, l’élevage béninois fait face à de nombreux défis. D’abord, la productivité animale est faible. Les races locales, bien adaptées au climat, sont peu performantes en termes de croissance, de reproduction ou de production laitière. Le croisement avec des races améliorées reste marginal, tout comme l’accès des éleveurs aux formations techniques modernes.

L’alimentation animale constitue un second frein majeur. En saison sèche, les pâturages deviennent rares, et peu d’exploitations ont accès à des fourrages cultivés ou à des aliments composés. Cela affecte directement la croissance des animaux et la rentabilité des élevages.

Sur le plan sanitaire, les maladies animales sont fréquentes, parfois meurtrières. La couverture vaccinale reste insuffisante, les postes vétérinaires sont sous-équipés, et la résistance croissante aux antibiotiques devient une menace. Cette situation fragilise les petits éleveurs et accroît leur précarité.

Autre source de tension : les conflits entre agriculteurs et éleveurs, notamment en période de transhumance. La compétition pour l’accès à la terre, à l’eau ou aux pâturages devient de plus en plus vive, dans un contexte de pression foncière croissante.

Enfin, la faiblesse des infrastructures de transformation (abattoirs, laiteries, chaînes de froid) empêche la valorisation locale des produits animaux. Le lait local est rarement transformé, la viande manque d’hygiène dans les marchés, et l’exportation reste embryonnaire.

Moderniser l’élevage : un impératif stratégique pour 2026

Face à ces défis, il est temps d’inscrire l’élevage au cœur de la politique de développement national. Un futur président du Bénin devra faire de ce secteur une priorité, non pas par tradition, mais par ambition économique et sociale.

L’objectif pour le quinquennat 2026–2031 est clair : faire émerger un élevage moderne, rentable, organisé et durable. Un élevage capable de nourrir la population avec des produits de qualité, de créer massivement des emplois pour les jeunes et les femmes, et d’exporter des produits compétitifs vers les marchés régionaux.

Des pistes d’action concrètes

La première priorité consistera à créer de véritables pôles d’élevage modernes. Il s’agira de développer des zones pastorales sécurisées, dotées de points d’eau, de pâturages améliorés, de soins vétérinaires et d’infrastructures d’accueil. Chaque département pourrait accueillir une ferme-école pour former les jeunes aux techniques d’élevage semi-intensif ou intensif.

La deuxième priorité portera sur l’alimentation animale. Le pays devra encourager la culture de fourrages comme la luzerne ou le niébé fourrager, valoriser les sous-produits agricoles (son de maïs, tourteaux de coton, de soja), et créer des coopératives de production d’aliments du bétail.

Le renforcement de la santé animale est également crucial. Il faudra lancer des campagnes de vaccination gratuites ou subventionnées, réhabiliter les laboratoires vétérinaires régionaux, et former des vétérinaires communautaires dans les zones les plus reculées. La lutte contre les zoonoses, qui représentent une menace pour l’homme, devra être une priorité de santé publique.

Sur le plan économique, l’État devra investir dans la transformation et la commercialisation. Il s’agira de construire des abattoirs modernes répondant aux normes d’hygiène, de développer des chaînes de froid pour la viande et le lait, et de soutenir la production locale de produits laitiers (yaourts, fromages, beurre). Une stratégie de labellisation des produits animaux béninois favorisera leur reconnaissance sur les marchés régionaux.

La gestion des conflits fonciers passera par la délimitation claire des couloirs de transhumance, la médiation communautaire, et l’intégration du pastoralisme dans les plans d’aménagement du territoire.

Enfin, un accès facilité au financement sera indispensable. Le gouvernement devra créer un fonds de développement de l’élevage, encourager les microcrédits, les assurances animales, et accompagner les jeunes porteurs de projets pour lancer ou développer leurs élevages.

Des impacts attendus dès le moyen terme

Si ces mesures sont mises en œuvre de manière cohérente et soutenue, le Bénin pourra enregistrer, dès 2030, une hausse significative de sa production de viande, d’œufs et de lait. La dépendance vis-à-vis des importations, notamment de volailles congelées ou de lait en poudre, pourrait être réduite de moitié.

Le secteur pourrait générer plus de 200 000 emplois ruraux, améliorer l’accès des populations aux protéines animales, et accroître la compétitivité des produits animaux béninois sur le marché régional, notamment en matière de viande et de cuir.

Intégrer l’élevage dans la stratégie de développement national

Le développement de l’élevage ne peut se faire de manière isolée. Il doit être intégré dans une vision globale, combinant agriculture, industrie, santé animale, environnement et commerce. Cela suppose des investissements publics ciblés, une meilleure coordination institutionnelle, et une participation active des éleveurs, chercheurs et collectivités locales.

Il est aussi essentiel d’ancrer ces politiques dans la **durabilité** : respect du bien-être animal, gestion raisonnée des ressources naturelles, réduction de l’impact environnemental des élevages intensifs, et anticipation des effets du changement climatique.

 Un appel clair aux candidats de 2026

À l’approche de l’élection présidentielle, l’élevage doit faire son entrée dans le débat public. Il ne s’agit plus d’un secteur marginal, mais d’un levier stratégique de transformation économique et sociale. Les candidats doivent le reconnaître et intégrer des engagements fermes, chiffrés et ambitieux dans leur programme.

Il est temps de cesser de dépendre des importations pour nourrir le pays. Le Bénin doit redevenir maître de sa souveraineté alimentaire, et l’élevage est l’un des piliers incontournables de cette reconquête.

Un engagement politique fort

« Si je suis élu Président de la République, je m’engage à faire de l’élevage un secteur stratégique prioritaire, avec la création de 10 zones pastorales modernes, le doublement de la production de viande locale et la réduction de 50 % des importations de produits animaux d’ici 2030. »

Thomas AZANMASSO

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