Figure reconnue du monde financier ouest-africain, ancien Directeur général du Gim-Uemoa et président du groupe Afrik Créances, Blaise Ahouantchédé continue d’imprimer sa marque dans le débat public. Invité sur Diaspora FM ce 14 septembre 2025, il a partagé sa vision du Bénin, de la Cedeao, et des réformes régionales nécessaires.
Interrogé sur la succession du président Patrice Talon en 2026, Blaise Ahouantchédé soutient la possible candidature de Romuald Wadagni, actuel ministre de l’Économie et des Finances, saluant son bilan économique : « Dix ans à l’Économie et aux Finances, ce n’est pas rien.» Il voit en lui une continuité technocratique nécessaire pour consolider les acquis et affronter les défis futurs.
Une dette maîtrisée, des investissements ciblés
Avec un endettement autour de 53 % du PIB, le Bénin reste dans des marges soutenables. Mais Ahouantchédé insiste sur le sens de la dette : elle doit financer des projets structurants (santé, éducation, infrastructures). Il appelle à une rigueur accrue dans la gestion publique et à une meilleure performance des institutions de contrôle.
Rendre la croissance plus inclusive
Malgré de bonnes performances macroéconomiques, l’expert reconnaît que la population ne ressent pas toujours les effets de la croissance : « Il ne faut pas balayer d’un revers de main le ressenti sur le coût de la vie. » Il préconise un développement du secteur privé, la mobilisation des ressources domestiques, et une meilleure répartition des fruits de la croissance.
Capital humain, formation et bilinguisme
Pour Ahouantchédé, l’investissement dans l’éducation est fondamental. Il prône un renforcement de la formation professionnelle, tout en insistant sur l’importance du bilinguisme, notamment avec la proximité du Nigeria : « Il est impensable qu’un Béninois ne parle pas anglais. »
Renforcer les politiques sociales
L’expert estime que les avancées sociales doivent aller au-delà des annonces symboliques. Il salue des programmes comme la couverture maladie universelle, mais appelle à des politiques plus profondes en matière de santé, d’éducation et de logement. Il note également une rareté perçue de la liquidité qu’il juge préoccupante.
L’intégration régionale : urgence stratégique
Ancien patron du Gim-Uemoa, Ahouantchédé considère l’intégration régionale comme essentielle. Il appelle à une Cedeao rénovée, capable d’inclure les pays de l’Aes, de moderniser le projet de monnaie unique (l’Éco), et de renforcer la coopération économique, sécuritaire et monétaire.
Une monnaie unique repensée
Il plaide pour une nouvelle approche de l’Éco, fondée sur l’indépendance économique et les réalités locales. Pour lui, la monnaie ne doit pas être un symbole politique, mais un véritable outil de développement.
Liberté de circulation et souveraineté compatibles
Blaise Ahouantchédé réfute l’idée que l’intégration remet en cause la souveraineté. Selon lui, les obstacles sont techniques, pas idéologiques : il faut des bases de données régionales, des systèmes d’identification modernes, et une volonté politique forte.
Sécurité : investir, coopérer, prévenir
Face aux défis sécuritaires, il recommande un triptyque : renforcer les armées, améliorer la coopération transfrontalière, et investir dans les zones vulnérables. « Le terrorisme se nourrit de la pauvreté. »
Développement territorial et entrepreneuriat
Il encourage la décentralisation économique vers le Nord du pays (Parakou, Natitingou, Kandi), et appelle à une nouvelle culture entrepreneuriale : « Moins de politique, plus de développement.»
Cap sur 2026 : paix et vision
À l’approche de la présidentielle, Ahouantchédé appelle à une élection apaisée, et surtout, à une génération de dirigeants porteurs de vision et de réformes durables. « Ce que nous faisons aujourd’hui est pour les générations futures. »
Thomas AZANMASSO
