L’agriculture constitue le pilier de l’économie béninoise. Elle mobilise plus de 60 % de la population active, contribue à hauteur de 25 à 30 % au produit intérieur brut (PIB) et fournit plus de 90 % des denrées alimentaires consommées localement. Pourtant, malgré cette place centrale, le secteur agricole reste dominé par une agriculture de subsistance, peu mécanisée, vulnérable aux aléas climatiques, et très faiblement intégrée aux chaînes de valeur modernes.

Dans un contexte mondial marqué par des crises récurrentes, la flambée des prix alimentaires, les perturbations géopolitiques et les impacts croissants du changement climatique, la souveraineté alimentaire devient une urgence stratégique. Il ne s’agit plus seulement de produire, mais de produire mieux, durablement, et en transformant localement pour créer de la valeur, des emplois et renforcer la résilience nationale. Le Bénin est à la croisée des chemins : il peut choisir de rester dépendant des importations ou de devenir un acteur agricole régional fort, autonome et tourné vers l’avenir.

Les grands défis du secteur agricole béninois

Le premier défi reste la faible productivité. Les rendements à l’hectare sont encore largement inférieurs aux moyennes régionales. L’utilisation d’intrants modernes tels que les semences certifiées, les fertilisants ou les pesticides demeure limitée, et une grande partie des cultures reste tributaire de la seule pluviométrie.

Le deuxième obstacle est la sous-mécanisation. La majorité des producteurs agricoles travaillent manuellement, sans outils modernes, ce qui rend les tâches pénibles, chronophages et peu efficaces. Ce manque d’équipement touche particulièrement les femmes et les jeunes, qui forment pourtant l’essentiel de la main-d’œuvre agricole.

L’accès au foncier constitue un troisième frein majeur. De nombreux agriculteurs, notamment les jeunes et les femmes, peinent à sécuriser leur accès à la terre. L’insécurité foncière freine les investissements à long terme, et les conflits liés à l’occupation des terres sont fréquents.

En outre, les infrastructures de transformation agroalimentaire restent insuffisantes. Les pertes post-récolte peuvent atteindre 30 à 40 % selon les filières, en raison de l’absence de centres de stockage, de conditionnement et de transformation à proximité des zones de production. Cela limite considérablement la valeur ajoutée locale et l’accès aux marchés.

Enfin, le financement agricole reste très limité. Les petits producteurs, qui constituent la majorité, ont un accès restreint aux crédits adaptés. Le secteur bancaire est peu engagé dans l’agriculture, et les mécanismes de financement innovants sont encore rares.

Objectif 2026 : Une agriculture compétitive, résiliente et nourricière

Le futur président de la République du Bénin devra inscrire dans son projet de société une politique agricole ambitieuse et structurante. L’objectif est clair : garantir l’autosuffisance alimentaire, réduire la dépendance vis-à-vis des importations, créer massivement des emplois agricoles décents, notamment pour les jeunes et les femmes, et faire du pays un pôle agro-industriel de référence en Afrique de l’Ouest. Il s’agira également de préparer le secteur à affronter les effets du changement climatique, grâce à des approches intelligentes et durables.

Les priorités d’action pour le prochain quinquennat

La première priorité devra être la mécanisation massive de l’agriculture. L’État devra mettre en place un Fonds national de mécanisation pour subventionner l’acquisition d’équipements agricoles modernes. Des centres régionaux de services mécanisés accessibles aux petits producteurs devront être créés, et des solutions de leasing agricole adaptées aux coopératives devront être encouragées.

La deuxième priorité consistera à maîtriser l’eau. Le développement de mini-barrages, de forages agricoles et de systèmes d’irrigation, notamment goutte-à-goutte et solaires, sera essentiel pour sécuriser la production. Il faudra aussi promouvoir des technologies innovantes de gestion de l’eau pour faire face aux périodes de sécheresse prolongées.

L’accès sécurisé et équitable au foncier rural devra être renforcé par l’application rigoureuse du Code foncier en faveur des exploitants agricoles. Des zones agricoles protégées devront être établies pour freiner l’urbanisation sauvage, et des programmes spécifiques devront garantir l’accès des femmes et des jeunes à la terre.

Un appui fort devra également être accordé à la production et à la transformation. L’État devra favoriser l’utilisation d’intrants de qualité, soutenir la mise en place d’unités de transformation agroalimentaire et créer des centres de stockage, de conditionnement et de logistique dans les zones rurales.

Sur le plan du financement, il sera crucial de mettre en place des structures financières agricoles spécialisées. Cela peut passer par la création de banques agricoles ou de guichets dédiés au sein des banques existantes. L’offre de produits financiers devra être diversifiée : assurance-récolte, crédit revolving, microleasing, garantie partielle de crédit pour les coopératives formelles.

Enfin, il faudra investir massivement dans la recherche et l’innovation agricole. Le soutien aux universités agricoles et aux centres de recherche comme l’INRAB devra être renforcé. La diffusion des technologies agricoles modernes, y compris via les outils numériques, devra être accélérée. Des conseillers agricoles digitaux devront être déployés dans toutes les communes pour accompagner les producteurs sur le terrain.

Impacts attendus à moyen terme

Une mise en œuvre cohérente de ces priorités permettra de réduire significativement les importations de denrées de base comme le riz, le maïs et les légumes. Plus de 500 000 emplois agricoles directs pourraient être créés, contribuant à l’amélioration des revenus ruraux et à la réduction de la pauvreté.

L’émergence d’un tissu solide de PME agroalimentaires permettra de structurer les filières, de capter la valeur ajoutée localement et de favoriser les exportations vers les pays voisins. À moyen terme, le Bénin pourra ainsi renforcer sa résilience face aux chocs alimentaires et climatiques, tout en consolidant sa souveraineté alimentaire.

 Un appel aux candidats à la présidentielle de 2026

L’agriculture ne peut plus être reléguée au second plan. Elle est au cœur de la sécurité nationale, de la justice sociale et de la souveraineté économique. Les candidats à la présidence doivent faire de ce secteur une priorité absolue dans leur programme. Ils doivent prendre des engagements clairs, chiffrés, assortis d’un cadre institutionnel robuste et d’un financement pérenne.

Il est temps de transformer le Bénin d’un pays importateur de denrées alimentaires en un pays producteur, transformateur et exportateur. Ce tournant stratégique est indispensable pour bâtir un avenir stable, prospère et souverain.

Proposition d’engagement politique

« Si je suis élu Président de la République en 2026, je ferai de l’agriculture le moteur de la transformation économique du Bénin, en consacrant au moins 15 % du budget national au secteur agricole et en accompagnant 1 million de producteurs dans la modernisation de leurs exploitations. »

Thomas AZANMASSO

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