Ils se l’arrachent. Les partis Union progressiste Le Renouveau (Up-R) et le Bloc Républicain (BR) sont tous intéressés par un accord de coalition parlementaire et de gouvernance avec le parti Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), parti qui, jusqu’à hier, se réclamait de l’opposition. Mais à l’analyse, ce besoin d’avoir Fcbe pour soi est plus motivé par la volonté d’empêcher un rapprochement Paul Hounkpè-Boni Yayi que les résultats du parti Cauris.
Que pèse aujourd’hui la Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) sur l’échiquier politique national ? D’aucuns diront qu’elle pèse 6 mairies, de façon schématique. Il s’agit des mairies de Bembèrèkè, Copargo, Kandi, Bantè, Savè et Sinendé. Elles ont été obtenues après les élections communales et municipales de 2020, auxquelles seuls trois partis ont pris part, à savoir l’Up, le Br et la Fcbe. Depuis, les rapports de force sur le terrain ne sont plus en faveur du parti que dirige Paul Hounkpè. La création en 2019 du parti d’opposition Les Démocrates (LD) que dirige l’ancien président Boni Yayi, la première vraie participation de ce parti à un scrutin, soit les Législatives de 2023, ont démontré que la Fcbe a perdu du terrain, même dans les fiefs où le maire est Fcbe.
La Fcbe, d’hier à aujourd’hui
Après avoir été recalée aux législatives de 2019 pour défaut d’obtention du certificat de conformité, législatives ayant entrainé pour la première fois au Bénin un Parlement monocolore, la Fcbe a participé aux élections communales et municipales de 2020. Avec 260 sièges levés, elle est venue en 3e position après l’Union progressiste (Up) et le Bloc Républicain (BR), conformément au code électoral (loi n°2019-43 du 15 novembre 2019) qui dispose que : “seules les listes ayant recueilli au moins 10% des suffrages valablement exprimés au plan national sont éligibles à l’attribution des sièges”. Avec respectivement un taux de 5,49% et 2,17%, les partis Prd et Udbn sont déclarés inéligibles à la répartition des sièges. Déjà créé en 2019, le parti d’opposition Les Démocrates, issu de la scission de la Fcbe après des soupçons de connivence avec le pouvoir Talon, n’a obtenu son récépissé qu’en décembre 2020, bien après les élections communales et municipales de 2020. La présidentielle de 2021 était donc le premier scrutin test pour le parti dans lequel milite désormais l’ancien président Boni Yayi, le prédécesseur de Patrice Talon. Mais il partait avec un handicap, le défaut de parrainage puisque ne disposant pas d’élus. Et comme on pouvait s’y attendre, le duo candidat du parti a été recalé pour faute de parrainage. La seule vraie élection à laquelle le parti Les Démocrates a participé pour la première fois depuis sa création, c’est les Législatives de 2023.
Première confrontation Fcbe-Les Démocrates
En 2023, aussi bien la Fcbe que le parti Les Démocrates sont en lice pour la députation. Une première qui a l’avantage de montrer la vraie force de ses deux partis de l’opposition. Les résultats donnent : « UP le Renouveau : suffrages obtenus 928.947 voix, soit un taux de 37,56%. Bloc Républicain BR : suffrages obtenus 721.636 soit un taux de 29, 17%. Les Démocrates LD : suffrages obtenus 598.490 soit un taux de 24,02% ». Seuls ces trois partis, ayant franchi la barre de 10% de suffrages au plan national sont éligibles à l’attribution des sièges. L’Up Le Renouveau s’en sort avec 53 sièges, le Bloc Républicain 28 sièges, Les Démocrates 28 sièges. Le parti Fcbe, selon les chiffres de la Céna, n’est crédité que de 4,44% des suffrages exprimés au plan national. Et depuis ces élections, la saignée se poursuit à la Fcbe. Nombre de militants ne cessent de quitter le parti pour adhérer au parti Les Démocrates. Si donc Fcbe en l’état et LD vont aux élections demain, les résultats du parti de Paul Hounkpè seront certainement en deçà des 4,44% de suffrages obtenus en 2023. Voilà ce que pèse le parti avec qui Up-R et BR s’empressent de signer un accord de coalition parlementaire et de gouvernance.
B.H