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Résurgence de la transhumance politique, des destitutions et des candidatures indépendantes: Le goût inachevé de la réforme du système partisan au Bénin  (Présenté par GBEOUEZOUN Dorothé KOYOTE)

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La transhumance politique, la destitution des responsables nommés ou élus communaux et les candidatures indépendantes, que l’on pensait être conjuguées au passé, refont surface avec le récent vote de défiance contre le Chef d’Arrondissement (CA) de Banikoara le lundi 04 Août 2025. Cette destitution remet sur la table, la conviction politique et le sens réel d’appartenance et d’engagement à un parti politique. La marche forcée vers de grands rassemblements de partis politiques d’envergure nationale est en train de nous montrer ses limites ; au lieu de rassemblements libres basés sur la conviction personnelle et politique des adhérents et des idéaux du parti, nous avons assisté à des unions à géométrie variable. En effet, un parti politique est un groupe de citoyens qui partagent des idées, des opinions, des intérêts communs et qui s’associent dans une organisation dont l’objectif premier, est la conquête et l’exercice du pouvoir d’état, comme le stipulent les dispositions de l’article 2 de la charte des partis politiques en République du Bénin.

La transhumance politique, un fléau pour la démocratie en Afrique, et les destitutions des élus ou des nommés locaux, sont très nocives à la vie des partis politiques. Leurs méfaits sont pourtant reconnus et déplorés par tous les politiciens en général et en particulier, par les initiateurs des lois qui malheureusement, refusent peut-être à dessein, de légiférer pour y mettre fin ou tout au moins d’en limiter les effets. Ce phénomène avait beaucoup fonctionné sous les autres régimes et presque inexistant sous la rupture, mais il vient de refaire surface en ce temps précurseur des élections générales de 2026. La transhumance et les destitutions pour un oui ou non, doivent être définitivement extirpées du vocabulaire politique du Bénin et devraient être à mon avis, le socle des réformes du système partisan et de la moralisation de la vie politique, le devoir citoyen et la fidélité à un idéal. Actuellement, nous sommes à une période très sensible, fin de mandat presque certain selon moi, surtout avec les derniers actes plus que sincères et à cœur ouvert du Président de la République, qui veut bien sortir par la Grande Porte et être porté en triomphe comme il l’a souvent martelé. Mais nous devons prendre tout ça et toutes ces déclarations avec réserve et prudence, car les dispositions de l’article 157-3 de la constitution et de l’article 207 du code électoral, qui restent encore floues, pourraient l’y contraindre et l’amener à être son propre dauphin, sauf si la cour constitutionnelle clarifie et précise. La sagesse recommande, « mieux vaut prévenir que guérir », la politique des trois singes, ne rien voir, ne rien dire et ne rien entendre que semblent pratiquer l’Assemblée Nationale et la cour constitutionnelle, pourrait être très préjudiciable à la paix et à la bonne organisation des élections générales de 2026. Rappelons qu’en 2016, le candidat Patrice TALON avait dit qu’il ferait un seul et unique mandat, mais la constitution et la pression populaire l’avaient contraint pour faire un autre mandat. Le politique est toujours politique et imprévisible ; constitutionnellement, il avisera au moment opportun, d’où la vigilance et la veille citoyenne de la cour constitutionnelle, institution chargée de réguler la vie politique, juge de la constitutionnalité et dont les décisions sont sans recours et s’imposent à tout le monde.

Selon le calendrier électoral de la CENA, l’enregistrement des déclarations de candidature et la publication de la liste définitive des candidats éligibles à l’élection présidentielle du 12 avril 2026, se feront du 10 au 31 octobre 2025. Cette période sera la plus mouvementée et la plus décisive dans la vie politique du Bénin ; un tournant déterminant et crucial dans la vie politique béninoise pour l’issue des élections générales de 2026. Après la publication définitive de la liste des candidats à l’élection présidentielle, les derniers mois avant les échéances, vont nous présenter encore beaucoup de défections, de démissions et de destitutions dans les rangs de presque tous les partis politiques dont les militants « adogocrates » vont vouloir suivre la direction du vent pour toujours rester auprès de la marmite comme ils savent si bien le faire. Si le très actif Maestro Patrice TALON n’est pas candidat, nous assisterons à des changements de vestes à tout vent et sans vergogne, pour pouvoir prétendre être candidats aux élections législatives et communales ou locales. Heureusement, le Président Patrice TALON lors de sa dernière sortie avec les jeunes, dans ses métaphores, disait n’avoir pas de dauphin et qu’il sera très actif dans le choix du prochain Président de la République et qu’il va supporter le candidat qu’il jugerait capable, en dépit de son appartenance à un parti politique tel qu’il soit. Ces déclarations fortes teintées de sincérité, ont déboussolé tous les courtisans qui aspirent à lui succéder. Dans cette optique, ces derniers jours, nous avons assisté à des querelles fratricides entre les partis politiques tant de la mouvance que de l’opposition, des démissions et des destitutions en cascade, un peu partout de Banikoara à Kandi, Djougou, en passant par Toffo, traversant Cotonou pour le Plateau, en un mot, effervescence politique dans toutes les circonscriptions électorales. Si rien n’est fait pour arrêter cette prostitution politique, la liste des transhumants politiques sera très longue avant le début du dépôt des candidatures pour les différentes élections de 2026.

Un autre phénomène inquiétant pour la réforme du système partisan, c’est la prolifération des candidatures indépendantes pour l’élection présidentielle de 2026. Il est important de rappeler que depuis la conférence des forces vives de la Nation de Février 1990 à ce jour, aucun Président de la République élu ne vient d’un parti politique, ce que tout le monde a déploré car, un parti politique a entre autres objectifs, la conquête et l’exercice du pouvoir d’état. La multiplication des annonces de candidatures indépendantes auxquelles nous assistons ces jours-ci, interpelle toute la classe politique et est un grand échec de la réforme du système partisan; on pensait finir avec ce triste et malheureux phénomène mais hélas, le verre est à moitié vide et le vers est toujours dans le fruit. On doit mettre fin aux candidats indépendants et désormais seuls les partis investissent les candidats pour les élections présidentielles. Ce phénomène persistant de candidature indépendante n’est que le corollaire immédiat du parrainage, lequel est l’émanation de la transhumance politique. J’invite la classe politique et tous les Béninois et Béninoises soucieux de la paix et du développement de notre beau et unique pays, à une profonde réflexion sur la vie politique dans notre pays le bénin.

Face à ces différentes préoccupations, je voudrais respectueusement soumettre trois pistes au Président de la République et aux députés, qui doivent impérativement avant les candidatures aux élections générales de 2026, sécuriser les partis politiques et inculquer aux politiciens béninois le sens de l’engagement politique, la notion de conviction politique et d’élu politique d’un parti, la responsabilité et la fidélité aux idéaux des groupes auxquels ils appartiennent :

1-Par une loi, bannir définitivement du vocabulaire politique béninois la transhumance politique surtout des élus d’un parti. Il est inconcevable qu’un élu d’un parti politique démissionne pour aller rejoindre un autre, et continuer à jouir des prérogatives liées à sa position politique; c’est un poison qui freine le mieux-être et le développement harmonieux des partis politiques.

2-Organiser les élections locales et plus jamais qu’aucun responsable local ou communal ne soit nommé par les partis qui, tous doivent désormais aller à la conquête du pouvoir local dans les urnes, comme ce fut le cas au niveau national pour le Président de la République et les députés, c’est la démocratie à la base.

3-Par une loi, que tous les candidats aux fonctions du Président de la République, soient véritablement investis par leurs partis politiques respectifs comme le stipule l’article 39 du code électoral en vigueur, et non par une coalition de partis, les alliances de partis n’étant pas autorisées à présenter des listes de candidats ; interdire les candidatures indépendantes comme ce fut le cas pour les élections législatives.

Pour finir, autant que nous sommes, nous savons que, s’il y avait possibilité de voter une motion de défiance contre le Président de la République, aucun président ne pourra terminer son mandat ; il y en est de même pour l’Assemblée Nationale, et là, une mention spéciale aux pères fondateurs de la constitution béninoise qui ont très bien réfléchi en tenant compte de la sociologie béninoise, ce que l’autre grande personnalité a désigné par la Béninoiserie. Que vivement le Président de la République et les députés se donnent la main pour interdire la transhumance politique des élus et les destitutions tous azimuts des responsables locaux élus ou  nommés par les conseillers et que désormais, seule la justice puisse mettre fin aux fonctions des élus locaux et communaux.

Enfin, comme l’a dit le Président de la République face à la jeunesse, le choix des dirigeants politiques, des élus locaux et communaux ou municipaux, ne doit plus se baser sur l’affection, ni le sentiment, ni le lien de parenté. Le choix des futurs dirigeants et élus doivent se faire en tenant compte de la capacité intrinsèque, de l’intégrité et du patriotisme du candidat, à bien gouverner dans la rigueur pour poursuivre l’œuvre de développement entamé et assurer le mieux-être des populations, pour la satisfaction des cinq besoins fondamentaux que sont se loger, se nourrir, se soigner, se vêtir et s’instruire, dans la sécurité, la paix pour la défense de la patrie. Chers compatriotes, c’est le nouveau challenge pour un Bénin toujours révélé. Gouverner, c’est prévoir./.

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