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Pour apaiser les tensions sociales: Les rois de la Fondation Bokpè choisissent la voie de la justice traditionnelle

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A l’heure où la justice moderne peine parfois à apaiser les tensions sociales, les rois de la Fondation Bokpè, sous l’autorité de Sa Majesté Dada Bokpè Houézrèhouèkè, ont choisi une autre voie ; celle des traditions ancestrales. Le vendredi 29 août 2025, à Cotonou, ils ont annoncé la création d’un comité chargé de régler les différends selon les valeurs et coutumes héritées des anciens.

Les rois de la Fondation Bokpè ont annoncé vendredi 29 août 2025, à Cotonou, la création d’un comité chargé de régler les différends selon les valeurs et coutumes héritées des anciens. L’initiative ne vise pas à contester la justice de l’Etat. Elle se veut un complément, un recours lorsque les tribunaux, malgré leur rigueur juridique, ne parviennent pas à cicatriser les blessures profondes des familles et des communautés. « Le monde s’éloigne chaque jour un peu plus de ses fondamentaux », a déclaré Dada Bokpè Houézrèhouèkè. Pour lui, renouer avec les règles qui ont longtemps structuré la société béninoise n’est pas une nostalgie, mais une nécessité pour rétablir équilibre et dignité. Le diagnostic posé par les initiateurs est sévère. Ils décrivent une société en proie à une perte de repères ; entre autres, un fils qui assigne son père devant les tribunaux, une épouse infidèle qui nie l’évidence, ou encore un jeune incarcéré pour un vol dérisoire de poulet. Ces exemples, avancés par Dah Milonon Glèlè II, chargé de la mise en œuvre, révèlent selon lui un double échec ; celui d’une modernité qui fragilise l’autorité morale, et celui d’une justice qui sanctionne sans toujours réparer. Car la justice étatique, avec ses codes impersonnels, tranche mais ne réconcilie pas. Elle inflige des peines, parfois disproportionnées, sans s’attacher à retisser le lien social rompu. Or, dans la conception africaine, ce lien est l’essence même de la communauté.

 La médiation comme horizon

Le comité mis en place comptera vingt-cinq membres. Sa mission ne sera pas d’exclure ou de punir, mais de rétablir la concorde. La justice traditionnelle, ancrée dans les coutumes, privilégie la médiation, l’écoute et le compromis. Il s’agit moins de déterminer un coupable que de comprendre les origines du conflit, de donner la parole aux protagonistes et de trouver un terrain d’entente. Dans cette approche, la réparation est souvent symbolique à travers une parole de pardon, un geste rituel, parfois un dédommagement matériel, mais toujours dans l’esprit de réintégrer le fautif dans la communauté. Cette justice « humaine », vantée par ses promoteurs, entend responsabiliser sans humilier, rappeler à chacun ses devoirs envers les autres plutôt que d’exclure.

 Un retour porteur d’espoir

La décision des rois de la Fondation Bokpè suscite de vifs échos. Beaucoup y voient une manière de renouer avec une identité culturelle fragilisée par des décennies d’occidentalisation. Pour certains, il s’agit même d’un acte de résistance face à l’uniformisation des modèles sociaux. En réhabilitant ces pratiques, les chefs traditionnels rappellent que la modernité ne doit pas effacer l’héritage des ancêtres. Elle peut s’en nourrir pour construire un avenir plus équilibré. Le message est véhiculé est que la paix sociale ne s’obtient pas seulement par des codes et des sentences, mais aussi par l’art de la parole, du respect et du pardon. Ainsi, à travers cette initiative, les rois béninois réaffirment une conviction profonde. Pour eux, pour avancer, il faut parfois revenir aux sources, là où réside encore la sagesse des peuples.

M.M.

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