Avec ses 28 députés, le parti Les Démocrates a la capacité de soutenir sans équivoque son duo de candidats pour l’élection présidentielle de 2026. Bien qu’il puisse sembler, à première vue, qu’il ait réussi à se démarquer des autres partis d’opposition, il est essentiel de reconnaître que ce chiffre est déjà trop juste pour que le parti se repose sur ses lauriers.
Dans moins de deux mois, les Béninois découvriront les candidats en lice pour la prochaine présidentielle. Même si, pour l’instant, les partis politiques ont du mal à officialiser leurs duos de candidats, le dépôt des candidatures prévu pour la mi-octobre permettra d’avoir une vision claire des concurrents pour cette élection. Parmi les partis éligibles selon le Code électoral actuel, on trouve Les Démocrates. En se distinguant lors des dernières législatives comme la plus grande formation politique de l’opposition, il a réussi, lors de sa première participation, à faire élire 28 députés sur les 109 que compte le parlement. Fait intéressant, la mouvance parlementaire qui a imposé ce nouveau code électoral, contesté par ailleurs, a fixé le nombre de parrains à 28 députés et/ou maires. Pour les observateurs et les élites de cette mouvance, il n’y a pas de raison de s’inquiéter pour le parti concernant sa participation à cette élection, car il devrait logiquement satisfaire aux conditions requises, notamment celle relative au nombre de parrainages. Cependant, bien que cette observation semble logique, des inquiétudes subsistent. Que fera le parti si un seul député, même sans soutenir un candidat de la mouvance, décide de ne pas apporter son soutien à celui proposé par le parti ? Quelle alternative aura cette formation politique si, par un coup du sort, l’un de ses parrains devenait indisponible ? Ce ne sont pas des prédictions malveillantes, car de tels cas se sont déjà produits au Bénin lors de plusieurs élections, notamment pour les maires ou même les présidents du parlement. Étant donné que les acteurs politiques ont souvent des stratégies inattendues, faire échouer les ambitions du parti pourrait être perçu comme une opportunité pour certains. De plus, une nouvelle inquiétude s’ajoute aux précédentes : celle de l’auto-parrainage. Cela soulève la question de savoir si un parrain peut se soutenir lui-même s’il est candidat. Bien que la Commission électorale nationale autonome ait rassuré le parti Les Démocrates avec une réponse plutôt positive, il est important de noter qu’elle n’a pas le pouvoir d’interpréter les lois. Seule la Cour constitutionnelle détient cette prérogative. Si, en cas de saisine, cette haute juridiction, souvent accusée d’être influencée par l’exécutif en raison de sa composition, contredit l’interprétation de la Cena, cela signifierait que le parti pourrait ne pas être en mesure de présenter un duo parmi ses élus législatifs. Conscients de ces enjeux potentiels à l’ère de la Rupture et du Nouveau départ, le parti commence déjà à chercher toutes les garanties nécessaires auprès des institutions impliquées dans l’organisation de cette élection. Assis à la gauche du Président, contrairement à la mouvance qui peut se vanter d’avoir résolu ces problèmes, cette formation politique de l’opposition doit donc surveiller et protéger ses 28 parrains, un chiffre qui représente à la fois une solution et un problème.
J.G