Avec plus de 60 % de la population âgée de moins de 25 ans, le Bénin joue son avenir sur sa jeunesse. Cette jeunesse représente une force vive, une énergie capable de transformer le pays – à condition qu’on lui en donne les moyens. Pourtant, entre chômage endémique, inadéquation des formations et absence de perspectives claires, elle se heurte à un mur d’indifférence. À l’aube de la présidentielle de 2026, les candidats doivent sortir des promesses vagues et faire de la jeunesse une priorité nationale, avec des mesures concrètes, durables et ambitieuses. Car on ne développe pas une nation en ignorant sa jeunesse, on l’appauvrit. Le temps des discours est passé : le Bénin a besoin d’une vision forte pour sa relève.
Le Bénin regorge d’une population jeune, dynamique et plein de potentiel. Mais ce potentiel est encore largement sous-exploité, bridé par un sous-emploi massif, une formation inadaptée, et un manque d’opportunités concrètes. Les jeunes béninois veulent travailler, créer, participer. Ce qu’il leur manque, ce n’est pas l’ambition : c’est l’accès aux moyens de la réaliser.
À l’approche des prochaines élections, les candidats doivent entendre cet appel et faire de la jeunesse et de l’emploi, un pilier central de leurs programmes.
Une éducation connectée au monde réel
Trop d’élèves et d’étudiants béninois sortent du système éducatif avec des diplômes qui ne correspondent pas aux besoins réels du marché du travail. Le décalage entre la formation académique et les compétences recherchées par les entreprises est l’un des freins majeurs à l’insertion des jeunes. Il est urgent de réformer le système éducatif, en y intégrant des formations techniques, professionnelles et numériques, dès le secondaire. L’État doit également renforcer les liens entre écoles, universités, centres de formation et secteur privé, pour que la formation ne soit plus une impasse, mais un tremplin.
Créer de l’emploi, mais de l’emploi durable
Promettre des milliers d’emplois n’a plus de sens si ces emplois sont précaires, mal payés ou temporaires. Les jeunes veulent des perspectives durables, dignes, et stables. Un plan national de création d’emplois durables, centré sur les secteurs porteurs – agriculture modernisée, économie verte, numérique, artisanat, services – est indispensable.
Cela implique un investissement massif dans l’entrepreneuriat jeune, l’accompagnement des start-ups locales, l’accès au financement, mais aussi un assouplissement des réglementations qui freinent les initiatives. Le Bénin ne manque pas d’idées : il lui faut maintenant un cadre solide pour les transformer en emplois réels.
Une jeunesse actrice, pas spectatrice
Les jeunes ne veulent pas qu’on décide pour eux. Ils veulent participer pleinement à la vie politique, économique et sociale du pays. Trop souvent exclus des cercles de décision, leur parole est ignorée, leur potentiel sous-estimé.
Les politiques publiques doivent inclure des mécanismes concrets d’écoute, de consultation et de représentation des jeunes dans les institutions, les collectivités, les partis politiques et les structures économiques. Ce n’est pas une faveur : c’est un droit démocratique.
Ne pas oublier les oubliés : focus sur les zones rurales
Dans les zones rurales, la jeunesse fait face à une double peine : manque d’infrastructures, d’éducation de qualité, d’emplois, de perspectives. Beaucoup n’ont d’autre choix que l’exode vers les grandes villes, ou l’émigration.Un soutien spécifique doit être apporté aux jeunes des zones rurales et défavorisées, à travers des programmes ciblés : accès au crédit agricole, soutien à la formation professionnelle, aides à la création d’activités, amélioration des conditions de vie. Car un pays ne peut pas avancer en laissant une partie de sa jeunesse à l’abandon.
Chers candidats, chères candidates, investir dans la jeunesse, ce n’est pas une option : c’est une obligation. Le développement du Bénin passera par une jeunesse formée, écoutée, employée et engagée. À vous de prouver que vous en êtes conscients, et prêts à agir. Car une nation qui croit en sa jeunesse, c’est une nation qui se construit un avenir.
Thomas AZANMASSO