À l’approche de l’élection présidentielle de 2026, le Bénin se trouve à la croisée des chemins. Si les avancées démocratiques du passé ont fait la fierté du pays, les défis actuels exigent une réponse politique à la hauteur des aspirations citoyennes. Justice, libertés, corruption, méfiance envers les institutions : autant de domaines qui méritent une attention soutenue. Les candidats à la magistrature suprême sont donc appelés à dépasser les promesses de campagne pour engager un véritable projet de refondation démocratique.
La démocratie se mesure à la qualité de ses institutions et à la liberté de ses citoyens. » Cette phrase résonne avec une urgence particulière au Bénin, pays reconnu pour ses avancées démocratiques mais confronté, ces dernières années, à des tensions autour de la gouvernance, des libertés et de la justice. À l’heure où les citoyens réclament plus de transparence, plus d’équité et plus de liberté, les candidats aux futures élections sont interpellés sur un impératif clair : refonder la démocratie béninoise sur des bases solides, inclusives et durables. Le développement harmonieux du Bénin passe par des institutions fortes, une gouvernance transparente et des droits garantis pour tous.
Une justice indépendante : fondement de la démocratie
La confiance des citoyens en leurs institutions commence par la justice. Une justice qui doit être indépendante, impartiale et accessible à tous, sans discrimination ni interférence politique. Trop souvent, des décisions judiciaires suscitent la polémique ou semblent guidées par des intérêts extérieurs.
Pour redonner à la justice sa crédibilité, il faut renforcer les garanties statutaires des magistrats, assurer leur formation continue, garantir l’autonomie du Conseil supérieur de la magistrature et faciliter l’accès au droit pour les plus démunis. Une justice perçue comme juste, c’est la condition sine qua non d’un État de droit respecté.
Transparence : la clé d’une gouvernance responsable
La gestion des affaires publiques doit sortir de l’ombre. Transparence et redevabilité doivent devenir la norme, et non l’exception. Cela implique la publication régulière des dépenses publiques, des appels d’offres, et la mise en place de mécanismes de contrôle accessibles aux citoyens et à la société civile.
La transparence n’est pas un luxe technocratique : c’est une garantie contre les abus de pouvoir, un rempart contre l’opacité, et un levier pour renforcer la participation citoyenne.
Garantir les libertés fondamentales : presse, expression, association
Une démocratie ne se résume pas à organiser des élections : elle se vit au quotidien dans la liberté de penser, de s’exprimer, de critiquer et de s’organiser. Or, la presse béninoise fait face parfois à certaines réalités, les journalistes sont parfois intimidés, et certaines voix dissidentes peinent parfois à se faire entendre.
Il est temps de réaffirmer haut et fort le respect des libertés fondamentales, inscrites dans la Constitution. Cela passe par la fin des arrestations, la réforme des lois répressives sur la cybercriminalité ou la presse, et un climat propice au débat démocratique serein et pluraliste.
La corruption, un mal systémique à éradiquer
La corruption mine la démocratie à petit feu : elle affaiblit les institutions, sape la confiance du peuple, et creuse les inégalités. Si des efforts ont été entrepris, ils restent trop souvent sélectifs, inégaux et peu transparents.
Ce combat doit devenir structurel, avec des organes de lutte anticorruption réellement indépendants, des enquêtes systématiques sur les conflits d’intérêts, et surtout une culture de l’exemplarité à tous les niveaux de l’État.
Un État de droit respectueux de tous
Enfin, bâtir une démocratie forte, c’est faire le choix d’un État de droit, où nul n’est au-dessus de la loi, mais où chacun est aussi protégé par elle. Cela implique de garantir les droits des minorités, la présomption d’innocence, et l’égalité devant la loi.
Un État de droit, ce n’est pas une posture institutionnelle : c’est une réalité vécue dans les commissariats, les tribunaux, les prisons, mais aussi dans les rues, les médias et les urnes.
Le Bénin a une histoire démocratique à préserver, mais surtout un avenir à construire. Cet avenir ne peut se dessiner que dans la confiance retrouvée entre les citoyens et leurs institutions, dans la liberté d’expression, et dans la justice pour tous. Les élections à venir doivent être l’occasion d’un engagement ferme et courageux pour une gouvernance réellement démocratique, transparente et humaine. C’est à ce prix que la confiance renaîtra, que la paix sociale sera consolidée, et que l’avenir du pays pourra se construire sur des bases solides et inclusives.
Thomas AZANMASSO