En vue de l’élection présidentielle de 2026, une échéance déterminante pour l’avenir du Bénin, il est impératif que chaque candidat et candidate inscrive la protection sociale au cœur de son projet. Aujourd’hui, malgré de nombreuses initiatives prises par le gouvernement en place, la population reste largement exposée à la précarité, majoritairement dans le secteur informel et les zones rurales, compte tenu des réalités sur le terrain. Le prochain mandat doit être celui d’un État qui garantit un filet de sécurité universel, qui lutte efficacement contre la pauvreté multidimensionnelle, et qui garantit un accès équitable aux services publics, partout. Cet engagement ne se limite pas à un slogan ; c’est un pacte concret avec les populations, pour rétablir une véritable justice sociale.
« Un pays juste est celui qui protège ses plus vulnérables. » Cette maxime, souvent répétée mais trop rarement appliquée, résonne avec une acuité particulière dans le contexte social actuel. Alors que la précarité gagne du terrain, notamment parmi les jeunes, les travailleurs pauvres et les personnes âgées, la nécessité de repenser le système de protection sociale devient une urgence nationale.
Un filet de sécurité pour tous, sans exception
La première pierre d’un système social équitable réside dans l’extension de la couverture sociale à l’ensemble de la population. Santé, retraite, chômage : ces droits fondamentaux ne peuvent être réservés à une minorité disposant d’un contrat formel ou stable. Dans de nombreux pays, les travailleurs informels – vendeurs de rue, aides à domicile, petits agriculteurs – restent exclus de tout dispositif de protection. Il est impératif d’innover pour intégrer ces millions d’oubliés dans le giron de la solidarité nationale. Cela passe par des mécanismes souples, adaptés à leurs réalités économiques, et un accompagnement vers la formalisation.
L’urgence de la lutte contre la pauvreté
Aider les plus vulnérables ne se limite pas à un simple versement d’allocations. Il faut aller plus loin, avec des aides ciblées et des programmes d’insertion efficaces. La pauvreté est un phénomène multidimensionnel : elle ne touche pas seulement le revenu, mais aussi le logement, l’accès à l’éducation, à la santé, et à l’emploi. Des politiques publiques ambitieuses doivent être mises en place pour rompre le cercle vicieux de l’exclusion sociale. Cela suppose une approche coordonnée entre les différents services de l’État et les collectivités locales, mais aussi avec les associations de terrain.
L’égalité d’accès aux services publics : un combat permanent
Dans trop de territoires, l’école, l’hôpital ou les transports publics sont synonymes de parcours du combattant. Les inégalités territoriales, qu’elles soient rurales ou urbaines, fragilisent le pacte social. Il est urgent de garantir un accès réel et égalitaire aux services publics de qualité pour tous, sans discrimination géographique ou sociale. Cela implique des investissements massifs dans les infrastructures, mais aussi une reconnaissance accrue du rôle des agents publics, souvent en première ligne face aux crises sociales.
Un dialogue social à refonder
Enfin, aucune réforme sociale durable ne pourra se faire sans un dialogue fort et constant entre l’État, les syndicats, les associations et les citoyens. Le tissu social ne se répare pas par décret : il se reconstruit avec la participation active de toutes les parties prenantes. Les partenaires sociaux doivent être associés dès la conception des politiques publiques. Ce dialogue doit être franc, exigeant, mais toujours tourné vers la recherche du bien commun.
La protection sociale n’est pas un luxe, ni un coût : c’est un investissement dans la dignité humaine, la stabilité sociale et la cohésion nationale. Un pays juste ne se mesure pas à la richesse de ses élites, mais à la façon dont il traite ses plus fragiles. Il est temps d’en faire une priorité absolue.
Thomas AZANMASSO