Alors qu’il n’a pas réussi à présenter un duo présidentiel pour l’élection de 2021 malgré de nombreuses tentatives, le parti Les Démocrates travaille activement en vue de l’élection de 2026. Bien que les Béninois s’attendent à une désignation évidente d’un duo connu pour relever ce défi, il est également envisageable que d’autres surprises se présentent lors du choix final.
Le 12 avril 2026 marquera le premier tour de l’élection présidentielle au Bénin. Avant cette étape cruciale pour la démocratie du pays, les citoyens pourront avoir un aperçu des candidats entre le 10 et le 14 octobre 2026, période durant laquelle la Commission électorale nationale autonome (Cena) rassemblera les dossiers de candidature pour cet événement électoral qui permettra de désigner le successeur de Patrice Talon. En attendant ces grandes échéances, aucune formation politique n’ose actuellement se prononcer sur son avenir. Au sein de la mouvance, partis et personnalités politiques restent silencieux. Tout indique que, de leur côté, c’est le Chef de l’État qui a déjà exprimé à plusieurs reprises son désir d’influencer le choix de son successeur, lui seul ayant le dernier mot. Du côté de l’opposition, notamment avec le parti Les Démocrates, aucune position officielle n’a encore émergé. Bien que cette formation remplisse, contrairement à 2021, les critères requis pour présenter un duo pour cette élection, tout indique qu’elle n’a pas encore finalisé ses stratégies. Si elle avait attendu les dernières minutes pour se lancer en 2021 sans réussir à obtenir les parrainages nécessaires, cela ne devrait pas l’inciter à rééditer la même approche en 2026, à moins qu’elle n’atteigne pas encore un consensus sur un duo ou qu’elle soit contrainte de se plier aux choix de son président, Boni Yayi, qui jouera sans aucun doute un rôle déterminant dans le choix du duo présenté par le parti. Il est important de garder à l’esprit que les ambitions au sein de la plus grande formation politique de l’opposition semblent en plein essor.
Houndeté, une aspiration légitime
Parmi les personnalités susceptibles de figurer dans ce duo présidentiel, Éric Houndeté se distingue. Leader du parti depuis plusieurs années, cet homme est bien connu. Ancien député et Vice-président de l’Assemblée, Éric Houndeté nourrit ce rêve depuis longtemps. Il avait pris de la distance avec l’Union fait la nation en 2016 pour se porter candidat à la présidentielle, avant de se raviser et de rejoindre Lionel Zinsou, qui a été battu par Patrice Talon lors du second tour de cette élection. Éric Houndeté est resté opposé au régime actuel, fidèle à ses idéaux aux côtés de Boni Yayi, qui a confié la direction du parti au moment de sa prise de fonction difficile. Considéré comme le candidat légitime du parti pour l’élection de 2021 contre Patrice Talon, c’est finalement Réckya Madougou qui a été désignée, écartant ainsi le rêve de Houndeté. Dans un contexte où l’opposition a été entravée par des problèmes de parrainage selon les lois électorales, le parti, malgré sa volonté, n’a pas pu participer à cette élection. Après avoir perdu le poste de président du parti au profit de Boni Yayi, Éric Houndeté est devenu Vice-président mais n’a pas pour autant abandonné ses ambitions. Cinq ans après sa dernière tentative infructueuse, il est prêt à se lancer à nouveau pour la présidentielle de 2026 en tant que représentant du parti Les Démocrates. Cependant, cela suffira-t-il à le mettre en lumière ? C’est une question en suspens. Dans un environnement politique devenu particulièrement exigeant, Éric Houndeté, malgré ses ambitions, ne contrôlera pas totalement son avenir.
Atchadé, le loyal des loyaux
Toujours fidèle à lui-même, Nourenou Atchadé est une figure marquante de l’opposition. En tant que deuxième vice-président du parti, il bénéficie d’une vaste expérience politique. Élu plusieurs fois député à l’Assemblée nationale, il est actuellement le président du groupe parlementaire Les Démocrates dans l’hémicycle pour cette législature. Grâce à cette position, il s’est bien ancré dans la pratique parlementaire et a toujours affiché ses ambitions pour l’avenir. Potentiellement présidentiable et leader du parti dans la région septentrionale, particulièrement à Bassila, Nourenou Atchadé ne contrôle néanmoins pas son destin présidentiel. Comme d’autres candidats, bien qu’il jouisse d’une certaine notoriété et popularité dans le nord du Bénin, il devra incarner un idéal. Même si son parti n’a pour le moment pas défini de critères officiels pour le choix final, il peut encore espérer jusqu’à la dernière minute.
L’ambitieux Kamel Ouassagari
Député au parlement, Kamel Ouassagari est un acteur politique en pleine émergence dans la 4ème circonscription électorale. Depuis son entrée au parlement, il est devenu le champion des questions orales et écrites au gouvernement, s’illustrant ainsi en tant que défenseur du peuple. Malgré son expérience politique relativement limitée, il a réussi à faire entendre ses idées au sein de sa formation politique bien avant 2023. Cependant, avec les défis électoraux devenant plus intenses et redéfinis, saura-t-il se distinguer et promouvoir ses idées ? Nul ne peut l’affirmer. Quoi qu’il en soit, plusieurs sources s’accordent à dire qu’il nourrit de réelles ambitions présidentielles pour 2026. D’ailleurs, diverses initiatives, qu’elles soient isolées ou non, sont mises en avant en son nom pour faire connaître sa vision politique au-delà de son rôle de député. N’ayant jamais démenti les rumeurs concernant son désir de mener le parti Les Démocrates lors de la prochaine élection présidentielle, cela semble indiquer clairement que Kamel Ouassagari est intéressé.
Saka Saley et ses ambitions
Nourou Dine Saka Saley, juriste de métier, a marqué ces dernières années le paysage politique en s’affirmant au sein du parti d’opposition. Particulièrement actif lors de sa création, cet ancien collaborateur d’Abdoulaye Bio Tchané nourrit également des aspirations présidentielles. Bien qu’il n’ait pas pu se présenter comme candidat aux élections législatives de 2023 avec son parti, il a demeuré en retrait et s’est éloigné des leaders de cette formation politique. Ses récentes interventions médiatiques lui ont permis de réaffirmer son rêve à ceux qui veulent bien l’écouter. Il a même exprimé le souhait que le processus de désignation du duo présidentiel au sein du parti soit transparent, afin qu’il puisse, si la chance s’offre à lui, défendre ses idées. Il pense que cela montrerait au monde que ses ambitions ne sont pas illusoires. Cependant, il semble qu’il ne soit ni vraiment proche ni totalement éloigné du leader du parti, Boni Yayi. Dans ce contexte, d’autres candidats pourraient prendre de l’avance sur Nourou Dine Saka Saley. De plus, sur le plan politique, il n’a pas encore pu prouver ses compétences, contrairement à ses potentiels rivaux. Malgré son bagage intellectuel, certains doutent que cela joue en sa faveur, même s’il est perçu comme un potentiel présidentiable.
Bio Sawé également
Yacoubou Bio Sawé, cadre à la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), a été envisagé depuis 2016 comme le successeur de Boni Yayi. Malheureusement pour lui, ses aspirations présidentielles ne se sont pas materialisées. Cependant, il n’a pas abandonné. En tant que membre actif du parti Les Démocrates, il reste concentré bien qu’il semble moins ambitieux. Sa fidélité finira-t-elle par porter ses fruits ? Nul ne peut le prédire pour l’instant. L’année 2026 pourrait être l’occasion pour le Bénin de découvrir ses capacités si le choix lui est favorable au sein du parti.
Kemi Seba: l’autre alternative
Activiste et militant panafricaniste a annoncé il y a quelques mois, son désir de se porter candidat à la Présidentielle de 2026. Déchu de sa nationalité française, Kemi Seba incarne jusqu’ici une opposition audacieuse face à la Rupture. L’homme s’est même proposé d’être le candidat du plus grand parti de l’Opposition, Les Démocrates. « Après des années de réflexion, j’ai décidé d’accepter vos demandes incessantes visant à me pousser à être candidat à la présidence du Bénin [en 2026] » a-t-il déclaré.
Ganiou Soglo: faire renaître les espoirs
Ancien ministre et fils de l’ancien Président de la République, Nicéphore Soglo, Ganiou Soglo est l’une des voix critiques du régime de la Rupture. Intrépide et debout malgré le fait que son frère soit contraint de vivre en exil, Ganiou Soglo a récemment annoncé vouloir ressusciter la Renaissance du Bénin. L’homme pourrait bien porter l’étendard de l’Opposition à la Présidentielle de 2026.
Rien n’est garanti
Alors que de nombreux noms circulent, il ne faut pas perdre de vue que le parti pourrait bien surprendre par le choix de son duo présidentiel, remettant en question tous les pronostics, qu’ils soient évoqués ou non. Cela ne serait pas une première pour Boni Yayi et ses proches. L’exemple de 2021 reste gravé dans les mémoires : alors que l’opinion espérait un duo très engagé, la surprise a été de taille avec un choix plus ou moins inattendu pour certains. À quelques mois de cette élection, aucune annonce officielle n’a encore été faite. Ainsi, tout est possible une fois de plus. En somme, rien n’est encore décidé. En l’absence de primaires et d’un mode de désignation clair et accepté par tous, toute candidature, même inattendue, a le potentiel de surgir avec l’opposition, qui prend son temps et pourrait encore étonner. Il convient de le garder à l’esprit.
J.G