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Léon Ahossi sur Matin Libre TV:  » Les Démocrates, ce n’est pas pour brûler le pays « 

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Le député Comlan Léon Ahossi était l’invité de l’émission « Matin Libre Politique » sur Matin Libre TV. Au micro de Romuald Hounhoui, il a décrypté l’actualité nationale, notamment l’action parlementaire de l’Opposition à l’Assemblée nationale.

Extrait de l’émission

Quel est le regard global que vous portez justement sur le climat sociopolitique au Bénin?

Le pays a connu une convivialité, des joutes électorales paisibles, mais depuis 2016, le temps, les images, les choses ont totalement changé et c’est un peu regrettable.  Le regard que moi je jette sur le climat politique aujourd’hui n’est pas bon. On n’a plus vu des prisonniers politiques il y a longtemps, moi je n’en ai jamais vu. Aujourd’hui, nos prisons sont remplies de prisonniers politiques. Ceux qui ont eu la chance et l’agilité de fuir sont derrière la frontière depuis six, sept ou huit ans. Vraiment tout ça l’a fait que je souhaite, je souhaite vivement que le président Talon fasse sa valise en deux-mille-vingt-six, qu’il reparte en je lui souhaite une très bonne santé et un après.

Vous êtes pressé qu’il parte ?

Vous comme moi, connaissez la date, mais nous on veut que la date arrive vite.

Ah bon? Parce que les démocrates veulent s’installer ?

Très bien.

Est-ce qu’on pourrait parler de prisonniers politiques ?

Je vais vous donner un exemple et ce sera peut-être sans commentaire. L’ancien garde des Sceaux a fait une sortie où il a balayé tout ça d’un revers de main. Il a dit qu’il n’y a pas de détenu politique. Mais il est où aujourd’hui ? Il est recherché par la police dans l’affaire de coup d’État. Donc, détenu politique, il y en a eu, il y en a encore. Qu’est-ce que le professeur Joël Aïvo a fait ? Il a levé les doigts pour être candidat. Puis on a trouvé des subterfuges. Vous avez vu le juge Batamoussi i, il a fui. Il nous a décrit les conditions dans lesquelles on l’a imposé.

Bon, c’est sa parole contre la parole des autres

Non, je vous comprends, mais nous, on est obligé de prendre dedans l’essentiel. Parce que’un magistrat de la Criet qui abandonne, qui s’en va, d’abord, un magistrat, ce n’est pas un fonctionnaire ordinaire.  Il a déjà ses privilèges et ses honneurs. Il ne peut pas inventer des choses pour partir. Bref, il y a des prisonniers politiques. Il y en a.

Et donc, cela vous fait dire que le climat n’est pas bon ?

Et puis, vous savez, Victor Hugo a été un exilé, mais il s’est battu pour revenir. Talon a été exilé, il s’est battu pour revenir. Donc, moi, je crois que ces choses-là, pour notre pays, c’est du recul.

Puisque vous êtes député, élu de la 9e législature, que pensez-vous de l’action législative ? Si vous devez faire, peut-être, un bilan à mi-parcours ou un bilan, justement, de cette législature ?

 Oh, le bilan, c’est presque la fin. Non, c’est qu’on a subi la domination du nombre. Les autres sont 81, on est 28. 28 qu’on nous a concédés.

28 qu’on vous a concédés ?  Ça n’a rien à voir avec le suffrage ?

Je le répète.  28 qu’on nous a concédés. Et, vous savez, on est dans un système de majorité. Donc, nos points de vue n’ont pas toujours trouvé la sentinelle pour passer. Les autres, malheureusement, le président de la République a dit qu’il fait voter ce projet de loi les yeux fermés. Donc, chaque fois qu’il y a des textes qui demandent qu’on creuse, qu’on fouille, qu’on recourt à nos consciences pour voter, on les vote les yeux fermés. Donc, on a fait ce qu’on a pu. Nous avons accompagné, il faut le dire, ce qui, à nos yeux, avantageait la République. Mais les autres, on s’y opposait.

Il y a tout de même certains qui estiment que vous êtes contre tout, presque.

 Non, non, non. Je vais vous donner des exemples. Le premier budget de l’ère de la rupture a été voté à l’unanimité. Le deuxième, non. Mais le budget 2024, moi, j’ai voté pour. Donc, on ne peut pas dire qu’on vote systématiquement. Il y a plein de lois. La dernière loi, qui est une grande loi, Vision 2060, a été votée à l’unanimité. Quand c’est des choses qui arrangent la République, on ne s’y oppose pas. Les Démocrates, ce n’est pas pour brûler le pays. Ce n’est pas pour faire écrouler le pays. Les Démocrates, on vote. Et les autres aussi. Ils font des votes de principe. Quand ils disent que les Démocrates votent contre par principe, ils aussi font des votes de principe. Je vais vous donner un seul exemple. Pendant le débat budgétaire, les ministres expliquent. Et puis, sur les points d’ombre, on pose des questions. On demande qu’ils répondent par écrit. La dernière fois, on a voté sans avoir eu les réponses. Et ils ont tous voté oui. Ça veut dire que, dans un cas ou dans l’autre, on ne vote pas par principe. C’est ça, la politique. Et l’Assemblée est le siège de la politique.

Et la conduite des travaux à l’hémicycle, vous qui avez quand même tout de même l’expérience, vous avez capitalisé des expériences en tant que parlementaire. La conduite des travaux, vous la trouvez comment ?

Non, la conduite des travaux ne dépend même pas de l’expérience. Ça dépend des directives que le président de l’Assemblée reçoit de son patron. C’est ça, la réalité.

L’Assemblée nationale est contre-pouvoir ?

Non, même pas contre-pouvoir. Moi, je voudrais seulement qu’elle soit un pouvoir indépendant, même pas contre-pouvoir.

Un pouvoir indépendant ?

 Oui, je veux seulement que… Vous savez, comme je l’ai déjà dit ailleurs, ce n’est pas propre au Bénin. Tous les chefs d’État veulent s’asseoir sur l’Assemblée pour justifier la dictature. Tous les chefs d’État, surtout en Afrique. Même ce qui se passe actuellement aux États-Unis. Ils forcent. C’est que là encore, il y a la construction d’un État qui est devenu fort. Où le président de la République, le chef ne peut pas imposer. Il prend des décisions, la Cour suprême casse. On n’est pas encore à ce niveau au Bénin, en Afrique. Donc, le président de l’Assemblée, moi je dirais, c’est une passoire.

On ne va pas le dire ainsi

Non, non. Moi, je le dis. Je ne vous demande pas de confirmer, ni de soutenir. Moi, je suis dedans, je sais.  Et, je vais le dire, peut-être que ceux qui seront là après amélioreront un peu, mais ce n’est pas sûr.

Vous êtes pessimiste pour l’avenir ?

Non, pas pour l’avenir. Je vais vous dire. Je vais vous dire. Quand Me Adrien Houngbédji  a été pour la première fois président du Parlement, ça a créé trop de problèmes au Président Soglo. C’est pour vous dire qu’on peut aménager ça un peu. Parce que la politique dans nos pays, nous courons derrière le système politique. Il nous faut construire des États. On ne pense pas à ça. Donc, moi, je dis ce que le président de l’Assemblée, je trouve qu’il en fait un peu trop.

Mais il prend en compte tout de même vos avis. Les avis d’un député démocrate

Je n’ai pas de souvenirs. Je n’ai pas de souvenirs. On a déposé une demande d’amnistie pour nos prisonniers politiques. On tourne. Ce mot-là n’est pas bien placé. On n’a jamais programmé. Bon, quand on a commencé à crier, pour nous satisfaire, on programme, mais on ne l’évoque pas. La session a clôturé. On n’a pas pu tout finir.

Il semble que vous n’avez pas fait les débats avec les députés de la mouvance pour les convaincre de la pertinence.

Non, ça, c’est le débat qu’on vient exposer en public, mais en privé, on discute. Si on programme, ça va être voté. Je ne vois pas un député du septentrion, je le dis, hein, c’est la réalité sociologique de notre pays, voter contre la libération de Reckya Madougou. Ils ont beau être fidèles à Talon

Pour eux aussi, il vaut mieux que ça reste comme ça. Parce que s’ils le font, ils ne reviendront plus.

 Ah non, nos frères du Nord sont extrêmement solidaires. Et puis, la présidente Reckya Madougou a fait des choses au Nord. Donc, vous voyez, il y a cette contingence. Il y a des gens qui vous disent en privé, enfin, j’emprunte l’expression. Mais, ils n’osent pas parler. Et vous savez que n’oser pas parler fait partie de notre quotidien.

Ah oui, vous savez que n’oser pas parler, ça vous fait penser à Kandé Kansou, ça vous fait penser à Sossoukpè. Ce sont des gens pour qui la justice reproche des choses.

Transcription B.H

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