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André Zogo, Président du CANEA sur l’atelier de mobilisation des députés sur la priorisation du sous-secteur HAB:  « Les parlementaires se sont engagés à faire le plaidoyer à nos côtés »

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Dans le cadre du plaidoyer initié par le Cadre de concertation des Acteurs Non Etatiques de l’eau et de l’assainissement (CANEA), un atelier de mobilisation des parlementaires a été organisé en février 2025 pour susciter leur engagement et leur soutien. Quelques mois après, dans l’entretien qu’il nous a accordé, le président de cette plateforme, André Zogo, revient sur les principaux résultats obtenus pour un plaidoyer réussi.

Quel est l’état des lieux du sous-secteur de l’hygiène et de l’assainissement de base au Bénin ?

Parlant d’état des lieux du sous-secteur de l’hygiène et de l’assainissement de base au Bénin, nous pourrons le faire sur plusieurs plans. D’abord, au plan législatif et réglementaire, nous pouvons faire remarquer que dans notre pays, nous avons eu la chance, suite aux nombreux plaidoyers qui ont été faits, que la loi portant hygiène publique en République du Bénin a été votée et promulguée par le chef de l’État. Cette loi a remplacé le code de l’hygiène publique dont plusieurs dispositions étaient complètement devenues caduques.  Donc, c’est une avancée notable que nous avons eue dans le sous-secteur. Nous saluons le gouvernement et l’Assemblée nationale pour cette avancée notable. C’est vrai que les décrets d’application de cette loi ne sont pas encore tous pris, mais il semble que récemment, il y a eu un certain nombre de décrets qui ont été pris. C’est aussi une avancée. Il reste que l’on puisse avoir un changement par rapport à ce que nous observons dans le sous-secteur en termes de réalité sur le terrain.

Sur le plan institutionnel, il faut noter que le sous-secteur n’est pas porté par une structure qui lui donne de la visibilité. L’hygiène et l’assainissement de base sont partagés entre le ministère de la Santé et le ministère des transports et du cadre de vie chargés du développement durable. Ce qui fait que le portage institutionnel est encore faible puisque le ministère du cadre de vie fait beaucoup plus d’efforts pour ce qui concerne les infrastructures concernant l’assainissement surtout pluvial et puis la gestion des boues de vidange et plus souvent en milieu urbain. Pour ce qui concerne le milieu rural, c’est encore des défis que nous devons relever.

Au niveau du ministère de la Santé, c’est beaucoup plus le curatif qui prend le dessus. Le préventif qui concerne l’hygiène et l’assainissement de base est relégué carrément au second plan. Maintenant, sur le plan opérationnel, les structures ne sont pas dotées de moyens pour pouvoir assurer les services qu’ils doivent fournir à la population. Ce qui fait que quand on regarde un peu le budget qui est alloué au sous-secteur, cela n’est pas à la hauteur des défis et des attentes.

La conséquence est qu’aujourd’hui encore, nous avons un taux de défécation à l’air libre qui avoisine 65%. Ce qui signifie que sur 10 personnes, il y a plus de 6 personnes qui défèquent à l’air libre. Cette situation représente un danger pour tous les citoyens parce que, ce qui se passe à côté de nous revient chez nous et revient dans nos plats. Et comme on le dit, le caca qui est libéré à l’air libre, nous le retrouvons dans nos plats.

En fait, c’est comme cela que nous caricaturons un peu la situation. Lorsque l’on voit ce qui se passe dans les autres pays, il y a quand même des efforts qui sont faits pour que le taux de défécation à l’air libre soit vraiment réduit. Certes, il y a des projets et programmes qui sont mis en œuvre et qui permettent d’avoir des avancées mais, nous avons encore un problème de la durabilité et de pérennisation des acquis de ces projets et programmes. Cela appelle vraiment qu’au niveau de l’État, il y ait une priorisation de ce sous-secteur de l’hygiène et de l’assainissement de base.

Qu’est-ce qui sous-tend l’initiative de mobilisation et de sensibilisation des parlementaires dans le cadre de votre plaidoyer sur la priorisation de ce sous-secteur ? 

Face aux constats que nous venons de faire, la situation de l’hygiène et de l’assainissement de base que nous venons de décrire, nous ne pouvons pas rester les bras croisés. En tant que membres du cadre de concertation des acteurs non étatiques du secteur de l’eau et de l’assainissement de base au Bénin, nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Cela nous a amené à nous engager dans un plaidoyer en direction des autorités pour justement, que l’hygiène et l’assainissement de base soient portés au rang de priorité au niveau de l’action gouvernementale. Ce que nous souhaitons, c’est qu’à l’instar de l’accès à l’eau potable, que le sous-secteur hygiène et assainissement soit porté par une volonté politique manifeste et qu’une structure publique soit mise en place, c’est-à-dire une agence comme on le voit dans d’autres secteurs. Nous pensons qu’il faudrait faire la même chose pour l’hygiène et l’assainissement de base afin que les conditions sanitaires des populations soient améliorées et que surtout, les efforts qui sont déployés pour l’accès à l’eau potable pour tous, puissent déboucher sur des résultats concrets et durables. Parce que, si vous avez l’eau potable dans un milieu qui est insalubre, il est difficile de conserver la qualité de cette eau.

Est-ce que votre cause a été entendue par les parlementaires ?

Nous avons voulu avoir avec nous dans ce plaidoyer des partenaires. Nous avons ciblé les députés de l’Assemblée nationale à travers le Réseau Béninois des Parlementaires pour l’Eau, l’Assainissement, le Climat et le Développement Durable (RBPEACDD) pour qu’ils soient à nos côtés dans ce plaidoyer. Puisque, comme vous le savez, ce sont des représentants du peuple et ils sont dans une position où ils peuvent influencer les actions du gouvernement, les orientations données par le gouvernement. Ils peuvent dialoguer avec le gouvernement et surtout, ils ont les moyens de pouvoir interpeller le gouvernement pour que notre plaidoyer puisse porte.

Nous les avons d’abord sensibilisés pour nous assurer qu’ils sont au même niveau d’information que nous concernant la situation de l’hygiène et de l’assainissement de base dans le pays. Ensuite, nous avons souhaité leur engagement dans ce plaidoyer à nos côtés. En fonction de cet objectif, les axes principaux et les communications développées étaient articulées autour, premièrement, de la présentation de la situation sur le terrain pour ce qui concerne l’hygiène et l’assainissement de base. Il y a un état des lieux qui a été présenté aux députés, autour duquel il y a eu des discussions. Nous nous sommes rendus compte que les députés étaient au courant de la situation, parce que la plupart ont été des maires des communes, donc ils ont vécu cette situation-là avec la population. Ils connaissent les défis et ils savent qu’il y a des efforts qu’il faut faire. Mais, ils ne savaient pas comment s’engager pour que cela puisse porter. Donc, le CANEA leur a donné cette opportunité. En plus, nous avons échanger sur la nécessité pour les députés de s’engager dans le plaidoyer à travers une déclaration. Cette déclaration va amener les autorités compétentes à prendre les mesures qu’il faut pour que la situation change au niveau de l’hygiène et de l’assainissement de base.

Pour le faire, nous avons travaillé sur une feuille de route qui a été aussi un axe important de l’atelier. Et cette feuille de route-là, a tracé le chemin à suivre pour la mise en œuvre des recommandations de l’atelier.

De façon concrète, quels sont les résultats concrets obtenus au terme de cet atelier avec les parlementaires devenus vos alliés ?

Le premier résultat que nous avons obtenu, c’est que les parlementaires qui étaient à l’atelier se sont engagés à faire le plaidoyer à nos côtés. C’est parce qu’ils étaient bien conscients de la situation et cet atelier a été un déclic à leur niveau pour les amener à s’engager dans le plaidoyer. Le deuxième résultat, c’est la feuille de route dont j’ai parlé tout à l’heure qui retrace les actions qui seront menées après l’atelier. Nous avons eu aussi un résultat important auquel on ne s’attendait pas, c’est qu’il y a un projet de déclaration qui a été validé par les députés à cet atelier.

Avec l’engagement des députés, quels sont les prochains pas de votre plaidoyer ?

Nous sommes très satisfaits des échanges que nous avons eus avec les députés de ce réseau des parlementaires. Au-delà de leur engagement que nous avons eu, une feuille de route a été adoptée avec un projet de la déclaration qu’ils auront à faire pour manifester leur engagement.  Comme actions à venir, premièrement, ils vont finaliser et signer cette déclaration et la rendre publique. Puis, ils vont s’engager sur les actions post-atelier qui ont été prévues. Après, il est prévu aussi que les députés aient des actions en direction des instances au niveau du Parlement, et puis après au niveau du gouvernement, pour leur faire savoir le contenu de la déclaration, les tenants et les aboutissants du plaidoyer pour la priorisation de l’hygiène et de l’assainissement de base.

Il y a des actions aussi qui sont prévues au niveau de la feuille de route pour que, de façon concrète, le budget qui est alloué à l’hygiène et l’assainissement de base puisse augmenter de façon sensible. Par rapport à cela, il y a différentes actions qui ont été identifiées dans la feuille de route notamment la rencontre avec les structures lors de la préparation du budget.

Le CANEA fera le suivi pour qu’on puisse aboutir à la publication de la déclaration et après nous allons accompagner les députés dans les actions ultérieures en termes de documentation et mise à disposition d’éléments d’informations qui seront nécessaires pour le plaidoyer.

 

Propos recueillis par Alain TOSSOUNON

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