Invité de l’émission Matin Libre Politique sur la web TV du Groupe de presse, Jacques Ayadji, président du parti Moele-Bénin, a livré une analyse critique de la gouvernance locale au Bénin, tout en défendant les réformes engagées et appelant à plus de rigueur programmatique chez les partis politiques.

A l’approche des élections législatives et communales, Jacques Ayadji a dressé un constat sans détour : malgré des efforts notables dans la gouvernance locale, le fonctionnement actuel des communes reste problématique. Il pointe du doigt l’absence de véritables programmes électoraux chez la majorité des partis politiques. « On vote pour des partis sans connaître leur vision ni leurs engagements concrets pour la commune », déplore-t-il.

Pour Ayadji, il est essentiel que chaque formation politique propose un programme spécifique à chacune des 77 communes du pays, basé sur un diagnostic local et en cohérence avec les Plans de Développement Communal (PDC) existants. Il insiste : « Les communes n’ont pas les mêmes réalités. Il faut faire un travail de terrain pour proposer des solutions adaptées. »

Un engagement législatif clair et mesurable

Jacques Ayadji a également mis en avant l’originalité de Moele-Bénin lors des précédentes législatives : « Nous avons été le seul parti à présenter une offre législative détaillée, avec des propositions de lois et un engagement proportionnel au nombre de sièges que le peuple nous accorderait. », a-t-il déclaré.

Il souligne que cette approche permet une évaluation objective des promesses électorales, indépendamment de la majorité parlementaire obtenue. « Le critère, c’est le dépôt effectif des propositions à l’Assemblée. », affirme-t-il.

Réformes administratives : une séparation nécessaire

Abordant la réforme introduisant les Secrétaires Exécutifs (S.E.) à la tête de l’administration communale, Ayadji s’est montré favorable à cette mesure, qu’il qualifie de « normale et nécessaire ». Pour lui, cette séparation entre le politique (le maire) et le technique (le S.E.) vise à professionnaliser la gestion municipale : « On ne peut pas être maire et tout connaître. Il faut s’entourer de compétences techniques. »

Il réfute également l’idée selon laquelle les S.E. auraient pris le dessus sur les maires. « Ce sont des exécutants. Les décisions viennent toujours du conseil communal. »

Code électoral : respecter les règles du jeu démocratique

 Concernant les critiques de l’opposition sur le Code électoral, qu’elle juge « taillé sur mesure », le président de Moele-Bénin reste ferme. Selon lui, les règles ont été respectées : le code a été débattu, voté par la majorité à l’Assemblée et validé par la Cour constitutionnelle. « En démocratie, les décisions se prennent par la majorité. Ceux qui ne sont pas d’accord doivent convaincre le peuple pour inverser le rapport de force. »

Il utilise une métaphore footballistique pour illustrer son propos : « L’arbitre est le seul maître du terrain. Même si on n’est pas d’accord, on joue selon les règles. »

Appel à un débat public sur les grands projets.

Enfin, interrogé sur les critiques relatives aux coûts des infrastructures, notamment celui du nouveau siège de l’Assemblée nationale, Jacques Ayadji affirme avoir fourni toutes les preuves nécessaires, y compris un tableau détaillé des coûts par projet. Il dénonce une opposition « sans programme ni propositions alternatives » et appelle à un débat public contradictoire. « J’attends toujours qu’ils viennent débattre avec moi. Moi, je donne des chiffres, eux, ils avancent des affirmations. »

Jacques Ayadji plaide pour une classe politique plus responsable, rigoureuse dans ses engagements, respectueuse de l’ordre républicain, et surtout proche des réalités locales. En insistant sur l’importance des programmes concrets et chiffrés, il place son parti comme une alternative de « proposition » plutôt que de « contestation », tout en défendant les réformes actuelles comme des avancées vers une gouvernance plus moderne et efficace. Il n’a pas manqué d’apprécier les efforts du gouvernement au plan économique avec la création de la Gdiz axée sur la transformation locale des produits et la promotion de l’emploi.

Th.A.

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