Membre du Copil, le pasteur Michel Alokpo a des griefs contre la procédure de recrutement des experts internationaux, dans le cadre du toilettage de la liste électorale. Matin Libre TV l’a reçu.
Interview
Michel Alokpo, que reprochez-vous concrètement à cette procédure ?
Ce que j’avais reproché aux membres du COPIL, il y a quelques mois, ici sur votre plateau, se confirme. J’avais dénoncé une manipulation du fait qu’ils sont en train de contourner les règles de procédure pour parvenir au choix des experts internationaux. Je l’ai dit sur deux plateaux de télévision et c’est pour ça que je suis revenu cet après-midi pour annoncer à la population que ce que j’avais dit se confirme. Pourquoi ? Monsieur Jean-Baptiste Elias a fait convoquer une réunion où ils nous demandaient de venir pour qu’on étudie ensemble la suite du recrutement des experts. Nous étions tous au FONAC et la parole a été donnée au SPM, le spécialiste de passation des marchés publics, qui nous a fait un rapport à mi-parcours de leur commission, et de ces rapports, il se dégage que les choses évoluent très bien, mais qu’ils ont quelques soucis suite à l’intervention d’un personnel de cadre du COPIL. Il n’a pas été recruté et il n’a pas été nommé. C’est là où ça commence. Moi j’ai gardé mon choix. Dans le comité de recrutement, il est intervenu à l’entretien parce qu’il est prévu qu’il faut qu’il y ait un expert qui nous aide à faire l’entretien avec les cadres qu’on doit recruter.
Et donc il est venu justement vous aider
Il est venu nous aider sans un acte pris par notre patron, notre collègue Jean Baptiste.
Il n’y aura pas de rémunération
Pendant ce parcours, pendant le travail qu’il a fait pour l’entretien avec les cadres, rien n’a été prévu puisqu’il n’y a pas une note du président qui dit qu’il a été choisi pour faire ci. C’est dans le cadre du recrutement des experts qu’il a été nommé assistant du président. Mais nous sommes un comité ad hoc. Jean Baptiste n’est pas un PDG du COPIL.
Est-ce que le responsable, le premier responsable qu’est Jean Baptiste Elias peut solliciter une assistance de quelqu’un d’autre ?
Ce n’est pas prévu parce que le COPIL n’est pas une autorité contractante. C’est pour cela que le président de l’Autorité de régulation des marchés publics a dit que nous devons recruter un spécialiste des marchés publics. Mais ce monsieur, il est un agent de l’État, un professeur d’université, un collègue à Jean Baptiste. Il a un salaire de l’État qu’il gagne par mois. Et nos critères ont dit, pour travailler au sein du COPIL, il ne faut pas être un agent permanent de l’État. Il faut être un agent à la retraite. Là, lui, il est un agent de l’État qu’on a positionné comme un expert. Et il intervient en tant que chef de cellule du contrôle des marchés publics. Parce que cela n’a pas été prévu. Et que le spécialiste des marchés publics a dit que lui ne veut pas assumer ce rôle de contrôle des marchés publics. Il ne peut pas être juste parti. Maintenant, nous avons demandé à ce monsieur d’écrire à l’ARMP pour lui demander quelles sont ses attributions. Il a refusé d’écrire.
À qui vous avez demandé d’écrire ?
Le spécialiste de passation des marchés qu’on a recruté. Il a refusé d’écrire pour demander qu’on lui situe ses responsabilités en tant que SPM, spécialiste de passation des marchés.
Quelles étaient les raisons évoquées ?
Il ne veut pas qu’on dise que demain il va assumer le rôle de chef de cellule du contrôle des marchés. Et puis, malgré ça, le président du COPIL, Elias Jean-Baptiste, a écrit au président de l’Autorité de régulation des marchés publics. Et l’autorité a répondu à Jean-Baptiste. Jusqu’à ce jour, Jean-Baptiste ne nous a pas montré la réponse que l’autorité de régulation des marchés publics a donnée à sa lettre. Et c’est ça qui est le point, la difficulté que j’ai avec Jean-Baptiste.
Et donc, vous êtes la seule personne à ne pas avoir la réponse, ou bien tous les autres membres également ?
C’est une réunion qui doit partager la réponse du président de l’autorité des marchés publics. Je vous donne un exemple. Il a écrit au ministre de la justice pour demander un marché gré à gré. Le ministre de la justice a dit, niet. J’ai appelé Jean-Baptiste Elias pour lui demander, Jean-Baptiste, quelle est la réponse que le ministre de la justice a donnée à ta demande de marché gré à gré ? Il m’a dit, je ne te le dirai pas à toi, Michel.
Comment ? Est-ce que les autres ont eu ça, par exemple ?
Ça c’est entre eux. C’est une réunion qui doit nous informer de la réponse du ministre de la justice dans un mail de réunion pour cela. C’est en pleine réunion que j’ai demandé ça. Et c’est en pleine réunion qu’il m’a répondu comme ça. Mais si ce monsieur n’est pas dans le faux, comment il peut me dire des choses comme ça ?
Bon, on n’ira pas trop vite en besoin
- Là non plus, on n’en va pas trop vite en besoin, mais vous aurez toute la vérité maintenant. Alors, déjà, sur la base d’une demande de l’ARMP qui a été rejetée, parce que Elias avait demandé une procédure pour contourner les règles de passation des marchés. La décision est sortie, elle a été publiée dans plusieurs journaux. L’autorité de régulation des marchés lui dit : « On ne vous autorise pas ça, c’est là ». Et deuxième raison, c’est que le rejet de la demande de Jean-Baptiste… J’ai dit Jean-Baptiste parce qu’il écrit sans nous informer. Et c’est après qu’il nous informe. Le rejet de la demande de Jean-Baptiste par rapport à cette constitution d’urgence qu’est le marché gré à gré, constitue des problèmes. Ça m’oriente à dire qu’ils sont dans la dynamique de monter un coup, de positionner leurs éléments en tant qu’experts.
Très bien, c’est l’interprétation que vous avez. Venons-en maintenant au choix des experts.
C’est ce que je veux, on va en venir. Il y a deux jours, quand ils m’ont balancé le rapport, voilà le rapport.
Parce que vous n’êtes pas membre de la commission
Parce que je ne suis pas membre de la commission. Ah oui, il était dit précédemment, avant que ce rapport ne soit publié, on doit d’abord informer les membres du COPIL en Réunion. Et ils ne l’ont pas fait. Ils ont balancé le rapport. Quand on s’est retrouvé il y a deux jours, j’ai demandé au spécialiste du marché public, mais pourquoi ? Ce qu’on s’est dit il y a quelques jours, que tu vas nous présenter le rapport, on va dire nos impressions. Nous n’allons pas vous imposer à vous. Vous êtes autonome, vous avez pris une décision. Mais informez-nous de ce que vous voulez publier. Ils ne l’ont pas fait. C’est en ce moment, à la dernière réunion il y a deux jours, quand moi j’ai lu le rapport, je me souvenais que cette shortlist a été confectionnée par Kassim, le secrétaire du COPIL, ça fait plusieurs mois. Je suis souvent assis à côté de Kassim Diaby. J’ai pris ce document, je l’ai gardé discrètement entre mes mains. Et quand j’ai vu le rapport qui a conduit à la sélection des quatre experts, les éléments qui ont été retenus correspondent exactement aux éléments, aux experts qu’ils ont sélectionnés pour conduire l’opération de l’audit du fichier électoral.
Quand vous dites que c’est point par point, alors que sur la shortlist, il y avait, disons, cinq personnes ici.
Les quatre premiers. Voilà. C’est les quatre premiers qu’ils ont été retenus, qui correspondent au choix qu’ils ont fait dans leur commission.
Ça peut être une coïncidence, Michel Alokpo
C’est vous qui interprétez comme ça. Laissez-moi vous développer, parce que je connais avec qui je suis. Ils sont en train de commettre ces bêtises depuis le recrutement des quatre techniques. C’est ça J’ai dit l’autre jour sur votre plateau. C’est de connivence. Ils veulent que tous ceux qui les entourent, qui vont travailler, que ce soit les leurs. Ils n’ont pas fait un appel à candidature pour recruter les quatre techniques, comme ils ont fait un appel à candidature pour recruter les experts.
Il n’y a pas eu d’appel à candidature ? Les gens ont déposé des dossiers, parce que dans le rapport, il y a 30 dossiers
Non, non, non. Ça, c’est pour les experts internationaux
Est-ce que pour les experts, il y a eu appel à candidature ? Ils ont respecté la procédure ? Il y a eu appel à candidature ?
Oui. C’est ce qu’ils devaient faire pour les quatre techniques.
Bon, on est en train de parler des experts maintenant
- On est sur les experts. Par rapport à la procédure conduisant au recrutement des experts, c’est le SPM qui a conduit l’opération. Il est le président de la commission des experts. Il est le président de la commission. Il a fait du bon travail. Au fait, pour qu’il soit un spécialiste de passation des marchés publics, j’ai été direct franc avec eux. Le monsieur, il a le bagage. Il a le profil. Ils ont tout fait pour l’éliminer.
Vous savez…Non, on n’a pas… Non, on ne va pas rentrer dans ces choses, parce qu’on n’a pas des preuves de ça. D’accord ? Venons-en à la commission. Vous avez dit qu’il est qualifié et qu’il est le président de la commission. Parlez-nous de la procédure qui a été suivie pour le recrutement des experts.
Voilà. Pour le recrutement des experts, ils ont envoyé dans notre boîte un décret. Le décret 2020, 596 du 23 décembre 2020. C’est un décret portant attribution, organisation et fonctionnement de la personne responsable des marchés publics et de la commission d’ouverture d’évaluation. C’est un décret qui est applicable à un PRMP et non à un SPM. Il faut que je vous explique. Le président de l’Autorité et de régulation des marchés publics nous a dit, devant le ministre de la Justice, vous ne recrutez pas un PRMP. Le PMP a un mandat de deux ans. C’est écrit, c’est dedans. C’est dans ce décret. Mais vous recrutez un SPM. Donc, c’est ce qui justifie qu’il y a un SPM là. Le président de l’Autorité de régulation des marchés publics a dit, je vais mettre à votre disposition ma directrice des affaires juridiques. Parce qu’il y a un problème de droit. Un problème d’interprétation. Un problème de suivi dans le développement de nos procédures. Puisque nous ne savions pas que c’est un SPM que nous allons recruter. Que c’est un PMP que nous allons recruter.
Bon, venons-en maintenant à la procédure
Maintenant, ce décret qu’il nous envoie dans la boîte, c’est pour tromper la vigilance de certains membres du Copil. Moi je suis juriste. Jean-Baptiste m’a exposé son diplôme de juriste.
Bon, c’est des questions entre vous. Maintenant, est-ce que c’est lié justement au recrutement des SPM ? Puisque ce qui nous rassemble, Michel Alokpo, je voudrais le rappeler, c’est bien la procédure. Vous reprochez des choses à la procédure.
Je dis, je reproche le fait qu’ils aient utilisé ce décret. Ce décret ne doit pas être appliqué à un SPM. Ce décret doit être appliqué à un PRMP. Je suis allé à la Céna. À la Céna, il y a un PRMP. J’ai échangé avec le PRMP de la Céna. Il m’a sorti le code électoral à l’article 34 pour dire, eux, cadres au niveau de la Céna, ils ont été recrutés par le code électoral. Pas un décret. Pas ce décret. Parce qu’il y a plusieurs PRMP dans le pays, dans les ministères. Et c’est là où je me suis convaincu que c’est pour tromper. Le plan qu’ils ont monté, c’était de parvenir à éliminer certains membres de cette commission.
M.M