Home International Société Révolte populaire et tueries Situation au Togo : la Cedeao muette

Révolte populaire et tueries Situation au Togo : la Cedeao muette

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Dimanche 22 juin 2025, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a tenu sa 67e session ordinaire à Abuja. Devenu Président du Conseil des ministres après la réforme constitutionnelle contestée de 2024, Faure Gnassingbé, qui s’est ouvert un boulevard pour un mandat ad vitam æternam après 20 ans de règne, s’est fait représenter par son ministre des Affaires étrangères, de l’intégration et des togolais de l’extérieur.

A l’interne, la situation est critique. Le pays fait face à des groupes armés terroristes au Nord. Au Sud, la contestation bat son plein. Lomé, la capitale, est secouée depuis plusieurs jours par une vague de manifestations contre le régime de Faure Gnassingbé. Elles ont connu leur point d’orgue les 26, 27 et 28 juin 2025. Des vidéos amateurs montrent une bataille rangée entre les populations, constituées en majorité de jeunes, et les forces de l’ordre. Il y a des morts, d’un côté comme de l’autre. La société civile recense au moins sept morts, dont deux jeunes originaires du Bénin, retrouvés sans vie dans les eaux du quatrième lac d’Agoè-Lomé. Alors que la contestation couvait depuis la réforme constitutionnelle, jusqu’à l’éclatement des violences, on n’a pas senti la Cedeao s’en préoccuper. La situation au Togo ne figurait même pas parmi les points à l’ordre du jour de la 67e session ordinaire. Alors qu’on sait bien qu’à l’origine de ces soulèvements, il y a la modification constitutionnelle qui transforme le régime présidentiel en régime parlementaire. Elle ouvre la voie à un mandat à vie pour Faure Gnassingbé, ceci sans passer par un référendum. C’est bien d’un coup d’Etat institutionnel qu’il s’agit. Mais, comme en Côte d’ivoire où Alassane Ouattara s’apprête à un briguer un 4e mandat, la Cedeao ferme les yeux aussi bien sur la cause que sur la conséquence. Cette posture a toujours été le principal reproche fait à l’organisation sous régionale. Avec l’Aes, des voix se sont levées pour dire que les coups d’Etat militaires sont la conséquence du silence de la Cedeao sur les coups d’Etat institutionnels. Mais de tout cet épisode soldé par le retrait du Mali, du Niger et du Burkina-Faso, la Cedeao ne semble tirer aucune leçon. Pourtant, dans les discours, on parle de l’urgence de réformer l’institution. Mais à l’acte, c’est l’immobilisme qui a toujours droit de cité face aux manœuvres des dirigeants pour s’éterniser au pouvoir. Pendant ce temps, on tire à balle réelle sur des populations qui manifestent à main nue.

Bertrand HOUANHO

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