Acteurs majeurs du football, les arbitres ont joué un rôle crucial de part leur sifflet dans le déroulement de la Ligue Pro saison 2024-2025 échue, le mercredi 18 Juin dernier. Après 34 journées et un match d’appui, le premier responsable de la commission des arbitres de la fédération béninoise de football, Gilles TOUPÉ donne son opinion sur la prestation de ses poulains, l’état de la maison arbitrale béninoise depuis sa prise de fonction et les perspectives pour un corps arbitral plus professionnel au service du football béninois.
Sans langue de bois, Gilles TOUPÉ decline les avancées et les maux qui mine l’arbitrage béninois. Recevez l’intégralité de l’interview exclusive accordée par le premier responsable des arbitres, Gilles TOUPÉ à notre rédaction au terme de la Celtiis Ligue Pro saison 2024-2025.
Matin Libre : Nous sommes à la fin d’une longue et éprouvante saison de la Ligue Pro, quels sont les sentiments qui vous animent en tant que chef du bataillon ?
Gilles TOUPÉ : « Je pense qu’avant tout propos, il faudrait que je puisse rendre grâce à Dieu qui a donné la santé à tous nos arbitres, aux responsables des arbitres que nous sommes, car cette saison a été une saison de tous les défis. Je remercie les arbitres qui ont su relever ce défi. Ce n’était pas gagné au départ mais les arbitres ont démontré qu’on pouvait leur faire confiance car comme vous le savez si bien ils étaient tous décriés de toutes parts. On les taxait de tous les noms mais à l’arrivée de la nouvelle CA ( Commission des Arbitres) tout a été remis en cause. Nous nous sommes parlés nous nous sommes compris et je pense qu’aujourd’hui nous devons être fiers de nos arbitres. Nous devons être fiers du travail qu’ils ont abattu tout au long de cette saison qui a été une saison de tous les risques. Je pense que c’est d’abord un travail collectif où les mises à jour sont faites de façon régulière et comme vous pouvez le savoir il était question de remonter le moral de ses arbitres à chaque fois tournée du championnat. Je peux vous assurer que ce n’était pas de tout repos parce qu’il fallait que j’appelle chaque trio pour les mettre en confiance pour leur dire ce qu’on attend d’eux pour leur montrer qu’ils étaient à la hauteur. Comme vous le savez si une équipe de football a des difficultés c’est le message de l’entraîneur qui peut faire changer les joueurs et je pense que à notre arrivée à la tête de la CA, les arbitres ont compris qu’ils devraient relever leur niveau qu’ils devraient être à la hauteur de chaque match. Et c’est pour ça que le comité de désignation des arbitres que je préside a mis en place des trios. Des trios afin que ces arbitres puissent se connaître davantage, puissent se faire confiance parce que comme vous le savez l’arbitrage de nos jours est une affaire d’équipe, c’est une équipe qui officie et c’est une équipe qui doit gagner. Je pense que la corporation si les acteurs de football n’ont pas encore totalement confiance, je pense bien que la confiance est en train de renaître entre le corps arbitral et les acteurs de football et je ne peux que remercier ces arbitres qui ont produit une très bonne prestation. C’est le lieu de les remercier pour l’écoute car le message est passé et nous l’avons découvert tous que les arbitres béninois ont un niveau très bon et que par conséquent ce n’était qu’une question de temps comme on le dit et je leur tire chapeau. Je profite pour remercier sincèrement les deux dames que nous avons introduites, les arbitres FIFA. Je veux nommer Yèkini Nafisath et Bio Bangana Djaria qui sont des arbitres assistantes élite A et élite B et qui n’ont pas déçu. Elles ont toutes deux intégré un trio et elles ont maintenu le cap jusqu’à la fin du championnat. D’ailleurs vous avez vu la finale entre Dadjè et Coton, a été officiée par un trio dont la dame Nafisath. Je pense que c’est à l’honneur de tout le corps arbitral du Bénin, à l’honneur de tous les responsables du corps arbitral que nous sommes et je pense que le meilleur reste à venir. »
« Mes insatisfactions, elles sont relatives aux erreurs commises par les arbitres qui ont faussé les résultats. »
Une note pour la prestation globale de vos hommes ?
« Bon, je pense que comme je l’ai dit, je ne peux que donner une note de satisfecit. Une note qui ne peut que refléter la fierté que j’ai de voir nos arbitres officiés, même si par moments, il y a eu des erreurs. Mais lorsque ces erreurs sont volontaires, elles sont comprises. Mais quand ce sont des erreurs manifestes, ces arbitres subissent les rigueurs de la commission des arbitres. Je pense que les arbitres ont tous compris qu’ils se devraient de fournir de très bonnes prestations. C’est le lieu de dire encore que la note que je leur donne, c’est une note de satisfecit, même si par moment, il y a eu quelques erreurs. »
Quelles sont vos insatisfactions ?
« Mes insatisfactions, elles sont relatives aux erreurs commises par les arbitres qui ont faussé les résultats. Je sais que certaines équipes sont mécontentes de certains arbitres, parce que les erreurs commises ont soient fait perdre deux points à ces équipes, ou peut-être un point. Mais vous savez qu’au finish, chaque point valait de l’or, donc c’est surtout pour ça. Je présente encore une fois mes sincères excuses à ces équipes qui ont à subir ces erreurs d’arbitrage et qui ont faussé les résultats. Mais comme vous le savez, ce n’était pas des erreurs volontaires, mais comme tout œuvre humaine, l’erreur ne peut qu’arriver. Parce que choisir en une fraction de seconde parmi les 17 lois, ce n’était pas facile. Je pense que c’est surtout ça qui me fait mal, parce qu’au finish, les équipes sont restées sur le carreau, parce qu’il y a eu des erreurs d’arbitrage. »
« Fière de la relève »
Quinze mois après votre prise de commandement, comment se porte la maison de l’arbitrage au Bénin ?
« Quinze mois après ma prise de fonction, je pense que tout d’abord, je dois remercier le président Maturin De Chacus, président du comité exécutif de la Fédération Béninoise Bénin de Football, de même que les membres de ce comité exécutif, qui n’ont ménagé aucun effort pour permettre à la nouvelle CA de travailler dans de bonnes conditions. Comme vous le savez, à notre arrivée, les arbitres avaient parfois 10 à 15 jours de retard de paiement. Mais pour ce championnat, le président De Chacus, nous a appuyés afin que ces arbitres soient payés avant leur départ en mission. Cela fait que chaque arbitre recevait les frais relatifs aux déplacements, à l’hébergement et même les primes de match avant leur départ. Il y a eu également la souscription d’une assurance pour les arbitres, en cas de pépins lors de leurs prestations sportives. Cette assurance va couvrir aussi bien lors de leurs entraînements sportifs, au cours des matchs, qu’après les matchs également, lorsqu’ils quittent les matchs pour se rendre à la maison, ou lorsqu’ils quittent les entraînements pour se rendre à la maison. Donc, je pense que nous ne pouvons que Dire que la maison arbitrale va beaucoup mieux. Mais cette maison ira encore mieux davantage lorsque certaines pratiques vont totalement disparaître. Des pratiques que nous ne pouvons que déplorer et il faut souvent dire que les équipes, au lieu de chercher à jouer au football, veut d’abord s’occuper des arbitres. Je pense que nous ne sommes plus à cette ère aujourd’hui. Il faudrait que chacun puisse jouer son rôle. Les arbitres sont là pour officier, pour rendre les matchs agréables aux spectateurs. Surtout comme je l’ai dit, il faudrait que la confiance puisse renaître. Nous nous attelons à ça. La commission des arbitres s’attèle à ça. Pour que l’arbitrage béninois soit de nouveau un arbitrage de confiance. Donc, je pense que l’effort est fait pour que nous retrouvions, les arbitres qui faisaient notre fierté en est bien vrai. On n’a pas encore des arbitres de la trempe, de Codjia, mais je pense quand même qu’on a des arbitres qui nous représentent valablement sur le plan international. Je veux citer Houngnadande Louis, Ayimavo Eric, qui ont déjà fait des finales cette année. Je veux également citer la dame Yèkini Nafisath, qui a fait plusieurs ligues de champions, qui s’apprête à faire sa deuxième CAN féminine. Je pense également à Ligali Raphiou, qui est en train d’aller faire la formation pour la CHAN, de même que le jeune Alao. Des arbitres quand même qui ont eu à vendre le pays, avoir des médailles. Et dans la foulée, je peux également être fier de la relève. Vous savez, il y a une arbitre qui est allée à deux compétitions, deux groupements au niveau de l’Afrique de l’Ouest, au Ghana, je veux nommer Agbémavo Pélagie qui est revenue avec deux médailles d’or. Elle était la première fois avec Merveille Kpogblenou, qui a également reçu une médaille en or. Je pense que nous devons être fier du travail abattu. Nous devons être fier de ce que la maison arbitrale est en train de devenir. Et je pense que le meilleur reste à venir. »
« Les dirigeants de club et les entraîneurs doivent maitriser certaines lois de jeu »
Quels sont vos projets à court, moyen et long terme pour la corporation des hommes en noir béninois ?
« Le projet à court, moyen et long terme pour la coopération arbitrale, je pense que c’est d’abord le projet de professionnalisation de l’arbitrage au Bénin. Ce projet nécessite de moyens colossaux. De moyens colossaux car il faudra équiper les habitants en kit oreilles. Un kit oreille de très bonne qualité qui doit pouvoir isoler le bruit quand les arbitres sont sous l’aire de jeu. Un drapeau BIP, également un logiciel VAR car vous savez, même si la VAR est décriée, la VAR permet quand même de corriger certaines erreurs parce que l’arbitre à la possibilité d’aller revoir certaines actions et prendre des décisions appropriées qui s’imposent. Donc, je pense que pour ce faire, je ne peux que demander au ministère des Sports, au Ministre Dato, Benoît, de bien vouloir appuyer la fédération qui n’a pas les moyens. Il faut dire que l’État puisse prendre en charge le projet de professionnalisation des arbitres car l’équipement à mettre à leur disposition coûte très cher. Je peux également parler à long et à court terme du rajeunissement du corps arbitral. Comme vous le savez, il y a eu des examens écrits. Actuellement, beaucoup d’arbitres ont déjà fini les examens pratiques donc, un premier dépouillement se fera très prochainement afin que nous puissions avoir des arbitres jeunes dans les grades fédérales, ligues et districtes. Il y a aussi également les cours MA qui viendront très prochainement pour une mise à jour des arbitres après des modifications des lois du jeu intervenues en mars 2025 et qui seront mises en application à partir du 1er juillet 2025. Il s’agira alors de relever le niveau des arbitres en procédant à la mise à jour. Également, je vais demander à la Ligue d’autoriser la formation ou du moins l’information à porter au niveau des entraîneurs, des dirigeants du club qui pensent maîtriser les lois du jeu, qui pensent connaître certaines subtilités des lois du jeu, alors que ce qui pensent n’est peut-être pas vrai. Je pense qu’il urge qu’ils comprennent certaines lois du jeu surtout les lois 11 et 12 des dispositions de ces lois qui changent régulièrement. Donc je pense que c’est une doléance qui sera faite à l’endroit de la ligue afin que les entraîneurs qui sont les premiers à réagir sur les bancs de touche et par conséquent les spectateurs, les voyant réagir pensent que ceux-là qui sont au contact du football comprennent quelque chose aux lois du jeu. Et à partir de là, on s’en prend à l’arbitre. Donc je vais demander que les acteurs de football puissent aussi maîtriser les lois du jeu, les spectateurs aussi, et surtout, que le fair play règne. Parce que comme vous le savez, les clubs professionnels prennent des joueurs qui sont payés très lourdement, mais qui parfois commettent des erreurs graves. Des buts, tout fait, on les ratent, mais personne n’en veut à ces joueurs. Donc je vais prier les uns les autres de bien vouloir comprendre que l’erreur est humaine, mais c’est l’erreur manifeste qui est grave. Donc il ne faudrait pas que les gens pensent que les arbitres viennent sur l’aire du jeu avec des idées préconçues. Non, non, pas du tout. Aujourd’hui, les arbitres sont fiers, très fiers de ce qu’ils sont. Et je pense que tout le meilleur reste à venir. Merci. »
Jeraud LANGANFIN GLELE
