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Précarité persistante des Béninois: La Rupture et la thèse d’une répartition inégale des revenus

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La croissance économique que connaît le Bénin ces dernières années force l’admiration. Si elle résulte des réformes audacieuses et parfois « asphyxiantes » pour les populations, convaincues de la nécessité d’y consentir pour un meilleur mieux-vivre, près d’une décennie après, les béninois côtoient la précarité au quotidien. De plus en plus, il est évoqué la thèse d’une répartition inégale des richesses du pays…

Nul n’a le droit d’être heureux tout ». Cette assertion populaire, reprise par la Conférence épiscopale du Bénin dans le communiqué final de sa 75ème session plénière ordinaire, est loin d’être perçue comme anodine. Pour certains observateurs, elle illustre bien la triste réalité à laquelle font face les populations depuis l’avènement de la Rupture. Après que la fameuse réalité de « serrage de ceinture » s’est imposée aux béninois, le beau temps semble ne jamais pointer à l’horizon bien qu’il soit une promesse faite par les décideurs actuels. Doit-on évoquer une incapacité du gouvernement de la Rupture à infléchir la tendance ? De toute évidence, les béninois, dans leur majorité, peinent à joindre les deux bouts. Le pouvoir d’achat est faible, des emplois sont détruits avec la dissolution de plusieurs sociétés étatiques, la politique fiscale est dénoncée, les activités économiques notamment dans le secteur informel sont au ralenti. “Plus rien ne va“ pouvait-on entendre à longueur de journée. “Au plan social, les Evêques du Bénin expriment leur vive préoccupation face à la précarité persistante qui affecte une portion non négligeable de la population. En dépit des efforts consentis par le gouvernement pour le développement, de nombreuses familles peinent encore à satisfaire leurs besoins fondamentaux et vitaux. Cette situation fragilise le tissu social, expose les plus vulnérables à diverses formes d’exploitation et compromet la paix sociale…Nul n’a le droit d’être heureux tout seul“, déplore la Conférence épiscopale du Bénin. Et si l’Eglise catholique insiste sur la nécessité de bâtir une société juste et solidaire qui met la personne humaine au centre de toute action, il y a bien matière à cogiter, méditer. Car s’il faut bâtir une société juste et solidaire, c’est que jusque-là, elle n’est pas effective. Cela traduit bien l’existence d’inégalités qui se révèlent un frein, un obstacle au développement inclusif tant prôné par la Rupture. Gestionnaire de programme à Korea Eximbank, Emmanuel Jr. Agbozognibe fait une analyse assez approfondie de cette réalité. Ce dernier pointe d’ailleurs du doigt, une distribution inégale des revenus. “En matière d’inégalités, le coefficient de Gini du Bénin s’établissait à 53,1 en 2019. Ce niveau relativement élevé indique une distribution inégale des revenus dans le pays, ce qui peut limiter l’impact positif de la croissance économique sur les conditions de vie de l’ensemble de la population. Cette inégalité constitue un défi majeur pour assurer une croissance véritablement inclusive“ analyse-t-il. Dans son analyse, il y voit également une « croissance appauvrissante » sous le régime Talon. Une situation paradoxale où la croissance économique, au lieu d’améliorer le bien-être général, conduit à la détérioration des conditions de vie dans un pays. Et pourtant, “le Bénin affiche une trajectoire de croissance impressionnante avec un taux de 6,35% en 2023, en légère hausse par rapport aux 6,25% de 2021. Cette performance positionne le pays parmi les économies les plus dynamiques de la région. Le PIB par habitant a atteint son niveau historique le plus élevé à 1300,32 USD en 2023, contre 1255,61 USD l’année précédente. Les projections économiques anticipent une poursuite de cette tendance avec un PIB par habitant estimé à 1382 USD d’ici fin 2025. Cette dynamique positive a permis au Bénin d’intégrer en 2020 la catégorie des pays à revenus intermédiaires, avec une croissance robuste de 6,4%, la plus élevée des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), et ce malgré le contexte pandémique mondial“ a-t-il précisé. Les gouvernants actuels savent donc quel levier actionner pour améliorer le quotidien des béninois, lassés de vivre dans la précarité.

M.M

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