À l’initiative de l’Association des Cultes Endogènes de Bopa Centre, en partenariat avec l’Organisation non gouvernementale (ONG) Eco-Bénin, il a été procédé à la sacralisation de 30 hectares de mangroves reboisées (*Rhizophora racemosa* et *Avicennia germinans*) et existantes, sous la protection de la divinité Zangbéto, symbole de surveillance et d’ordre dans la cosmogonie Vodun. Les cérémonies se sont déroulées les 23 et 24 mai 2025 dans le village de Dado, situé en bordure du lac Ahémé, dans la commune de Bopa.
Ce samedi matin, alors que le soleil envoyait ses premiers rayons sur la terre, le village de Dado vibrait au son du rythme et aux couleurs des accoutrements du culte Zangbéto, gardien de la nuit. Hommes et femmes, enfants et jeunes, adeptes ou non du culte endogène du Zangbéto, convergeaient vers la berge du lac Ahémé, côté Dado, dans la commune de Bopa. Les tambours et autres danses qui les accompagnaient annonçaient ainsi la sacralisation de 30 hectares de mangroves reboisées (*Rhizophora racemosa* et *Avicennia germinans*) et existantes, sous la protection de la divinité Zangbéto.
Une démarche spirituelle qui vise à renforcer la protection durable des berges du lac Ahémé, menacées par l’exploitation abusive des ressources naturelles. En effet, deuxième plus grand plan d’eau du Bénin, le lac Ahémé est une source de vie pour des milliers de familles. Il abrite une biodiversité exceptionnelle avec de nombreuses espèces de poissons, d’oiseaux migrateurs, de plantes aquatiques et de mangroves. C’est aussi un lieu chargé de symboles spirituels et de rites ancestraux pratiqués depuis des générations. La beauté de ses paysages, les pirogues traditionnelles, la richesse du patrimoine Vodun et les mangroves envoûtantes font du lac Ahémé un lieu unique, au carrefour du tourisme, de la culture et de la conservation.
L’engagement des communautés locales, notamment des détenteurs de savoirs traditionnels, renforce son rôle central dans les efforts de résilience climatique. La sacralisation de ces espaces s’inscrit dans une logique de reconnaissance juridique communautaire, appuyée par l’arrêté communal du 29 septembre 2023 instituant l’Aire Communautaire de Conservation de la Biodiversité (ACCB) du lac Ahémé, et l’arrêté préfectoral du Mono du 30 juin 2023 interdisant toute exploitation des mangroves dans le département.
Une alliance entre spiritualité et écologie pour protéger le lac Ahémé
Le président de l’Association des Cultes Endogènes de Bopa a souligné l’importance des divinités dans la préservation de l’environnement et de la paix en général. Tout en saluant l’initiative, qui s’inscrit dans la vision du Chef de l’État de promouvoir les valeurs endogènes, Djinou Hounguè Toffa Tonounmin 4 a exprimé sa reconnaissance à l’ONG Eco-Bénin et à ses partenaires.
Le président de l’Association Hindokoun, gestionnaire local de l’Aire Communautaire de Conservation de la Biodiversité (ACCB) du lac Ahémé, Luc Mouvi, a lui aussi salué cette initiative comme un acte fort. « La sacralisation est un retour aux sources, un rappel que la nature n’est pas un bien exploitable à merci, mais une divinité à respecter », a-t-il affirmé.
Moïse Koumassa, chargé de projet à l’ONG Eco-Bénin, représentant le coordonnateur national de l’organisation à l’occasion, a pour sa part souligné l’importance d’intégrer les savoirs ancestraux dans les stratégies de conservation. « La protection des écosystèmes est avant tout une affaire de communauté, de foi et de transmission », a-t-il déclaré, tout en remerciant les acteurs impliqués dans cette démarche.
Pour le maire de Bopa, Abel Djossou, cette sacralisation est un signal fort. Il a rappelé la richesse naturelle passée de la commune, aujourd’hui en déclin, et a appelé à une prise de conscience collective. Il s’est engagé, au nom du conseil communal, à œuvrer pour une protection effective des mangroves et des ressources naturelles.
Prières, chants et danses, démonstrations mystiques des Zangbéto et pose du symbole de la sacralisation sur les palétuviers ont ponctué la cérémonie.
Thomas AZANMASSO
