Le bitumage de la rue 12528 qui aurait pu entraîner la joie des populations riveraines, plonge plutôt ces dernières dans le désarroi. Le débordement de la clôture du Sieur Lionnel Gamavo sur l’emprise de la voie, entraîne sa déviation vers le côté opposé à son immeuble, avec pour conséquences, la destruction d’une vingtaine d’autres immeubles en face et le déplacement de divers réseaux.
A Fidjrossè Fiyégnon Houta, quartier en pleine transformation grâce au projet d’asphaltage phase B, une situation préoccupante perturbe la quiétude des populations riveraines de la rue 12528, depuis l’annonce du bitumage de ladite voie, qui devrait entraîner des casses inutiles. Et pour cause. En août 2020, le Ministre du cadre de vie et du développement durable, José Tonato, a été informé d’une plainte concernant l’occupation illégale du domaine public par le Sieur Gamavo. Après vérification, il a été constaté que ce dernier avait construit un garage et des dépendances sur le domaine public, violant ainsi les réglementations en vigueur. Le ministre a alors ordonné au maire de Cotonou de prendre les mesures nécessaires pour dégager ces constructions. Malgré cette injonction, Lionnel Gamavo a sollicité et obtenu un titre foncier pour la parcelle concernée, bien que la clôture empiète toujours sur la voie publique. Cette situation soulève des interrogations sur la régularité de la procédure ayant conduit à l’octroi de ce titre foncier.
Les faits
Dans un courrier en date du 19 août 2020, le Ministre du cadre de vie et du développement durable, José Tonato a fait état de ce que ses services techniques ont été saisis d’une plainte dénonçant le débordement sur emprise de la voie, de la clôture de Monsieur Lionnel Gamavo, propriétaire des parcelles Het I du lot 5563 au quartier Fiyegnon Houta ». À en croire le ministre, après investigation, il a été révélé que ce citoyen a bien construit en matériaux définitifs (garage et dépendances) sur le domaine public en Violation des réglementations en vigueur en la matière, créant ainsi des désagréments aux riverains ». À cet effet, José Tonato « demande » au maire de la ville de Cotonou, « de prendre les dispositions nécessaires en vue de dégager sans délai lesdites constructions illégalement érigées dans le domaine public » et de bien vouloir lui rendre compte.
Dans la foulée, le Préfet du département du Littoral, Alain Orounla, accompagné du Premier Adjoint au maire de Cotonou, a effectué une descente sur les lieux et a opéré des marquages sur la partie de la clôture en cause, enjoignant au propriétaire de la dégager.
Mais le Sieur Lionnel Gamavo ne s’est pas exécuté. Il a sollicité un titre foncier pour le domaine et a fait déplacer des géomètres sur le terrain en vue du bornage contradictoire. Approché pour donner son aval par sa signature en tant que riverain, Souleymane Nahim s’y est opposé, justifiant son refus par le fait que le domaine empiète sur la voie publique. Il a par la suite reçu la sommation de la part de l’huissier de justice Janvier Dossou Gbété en date du 21 août 2021, pour justifier son refus de signer le procès-verbal du bornage contradictoire qui devrait précéder la délivrance du titre foncier, en précisant la nature des contestations relevées. Ce qu’il a fait en réitérant que l’immeuble empiète sur le domaine public. « Il ferait mieux de se conformer aux textes en vigueur en République du Bénin. Puis-je vous avouer que je n’ai rien contre le requérant. Je ne voudrais surtout pas m’impliquer dans une telle procédure, à cause des conséquences pénales qui au demeurant, m’interpelleront à cause de mon éducation », lui a signifié Souleymane Nahim.
Le « faux »
Il est apparu que le Sieur Lionnel Gamavo a réussi à obtenir son titre foncier en dépit de l’ordre intimé par le Ministre du cadre de vie, en vue du dégagement des constructions illégales et de l’opposition de l’un des riverains qui n’entend pas s’associer au « faux » qui se préparait. Le titre foncier N°15798 lui a été délivré en date du 24 avril 2021, date antérieure à l’interpellation de Souleymane Nahim par l’huissier en vue de justifier son refus. « C’est du faux et usage de faux en écriture, je ne veux pas m’associer à ce projet », a déclaré Souleymane Nahim.
Des conséquences pour les riverains
L’entreprise en charge du bitumage de la rue en question n’a trouvé autre moyen que de se rabattre sur les parcelles d’en face pour récupérer les deux (02) mètres environ du domaine public clôturés par le mis en cause. Selon le plan, la clôture du Sieur Lionnel Gamavo devrait rester intacte et la voie serait déviée du côté opposé, entraînant la destruction d’une vingtaine d’immeubles des riverains qui ont pourtant respecté les normes règlementaires en matière d’urbanisme et le déplacement des réseaux d’eau (Soneb) et d’électricité (Sbee). Tout ceci, dans le but de sauver le titre foncier qui pourtant, date d’après la décision du ministre du cadre de vie, de dégager la clôture.
Appel à l’intervention des autorités
Face à cette situation, les riverains affectés lancent un appel aux autorités compétentes, notamment au Préfet du Littoral, au Ministre du Cadre de vie et au Président de la République.
Plongé dans la désolation, Eric Houénou De Dravo, l’un des riverains ne sait à qui s’en remettre : « Ils vont bouffer ma clôture, et dès qu’ils vont finir, je vais rentrer directement dans ma chambre, je n’ai plus de cour, je n’ai plus rien, alors que de l’autre côté, en dehors de sa clôture, tout est vide. Nous appelons à l’intervention du Préfet du Littoral, du ministre du Cadre de vie et du Chef de l’Etat, pour nous sortir de cette situation », s’alarme Eric Houénou De Dravo. Le même appel au secours est lancé par César Mahinou et Parfait Zounnon qui risquent de perdre leurs immeuble et atelier, si le projet venait à être exécuté en l’état. Toutes les tentatives pour avoir la version du mis en cause, le sieur Lionel Gamavo, sont restées vaines. Le numéro communiqué à la justice et qui porte son nom n’est pas accessible. Toutefois, la Rédaction de Matin Libre reste disponible à tout moment pour prendre sa version.
M.M.