(Des critiques à une unanimité en berne)

Alors qu’il avait le vent en poupe et faisait la fierté de plus d’un, Joseph Djogbenou après s’être mêlé et confronté aux réalités du pouvoir a visiblement perdu en aura et en crédibilité. Pour preuve, sa dernière prise de position publique, à l’image de celles précédentes, suscite de vives critiques dans l’opinion et amène à se poser des questions sur ce qu’est devenu l’homme qui faisait pourtant l’unanimité…

Autres temps, autres mœurs ! Perçu depuis le début de son engagement aux côtés de la Société civile comme un modèle, Joseph Djogbenou a été un acteur politique prometteur et respecté au sein de son entourage et de l’opinion. Opposant farouche au régime de Boni Yayi et Avocat défenseur des causes nobles et parfois perdues, il s’est révélé avec son parti Alternative citoyenne comme étant un des nouveaux hommes politiques les plus adulés à Cotonou notamment dans la 16ème circonscription électorale, entre 2012 et 2016. Ce parcours parsemé d’embûches et d’audaces lui a d’ailleurs valu sa première élection au poste de député à l’Assemblée nationale dans la même circonscription électorale. Ceci, en ratissant très large avec la coalition faite avec l’Union fait la nation (Un) au grand dam du pouvoir de Boni Yayi en 2015. Député de la nation, il n’a eu de cesse lors de ce passage au parlement de se montrer exemplaire et accrochant dans toutes ses initiatives politiques. Premier élu à avoir sur un réseau social donné vent de ses émoluments de député, le Professeur titulaire de droit privé n’a eu dans ce sens laissé douter de ses intentions de renverser la donne et de faire désormais la politique autrement.

Un espoir de plus en plus estompé

Alors qu’il faisait partie des acteurs clés à avoir porté Patrice Talon en 2016 au pouvoir, Joseph Djogbenou  a durant toute cette période fait office d’un député exemplaire, nommé ainsi Ministre de la justice par son mentor. Alors que les espoirs en lui étaient encore vivaces, son premier coup dur porté à la lutte syndicale aura été le retrait du droit de grève aux travailleurs. Garde des sceaux, même s’il n’était peut-être pas porteur de cette initiative, sa position administrative et sa caution trahissaient ainsi le visage qu’il a toujours présenté aux béninois. Avec ce début de frasque marqué ainsi que les multiples responsabilités qui découlent de ses promotions au sein du pouvoir en place, il s’est peu à peu dégagé un changement significatif dans la perception que sa personnalité est capable de véhiculer. Annonciateur du concept « ruse et rage » après l’échec de la première révision de la Constitution et précurseur du certificat de conformité ayant exclu les partis d’opposition des législatives de 2019 avec à sa clé une crise politique sanglante et meurtrière, son image au fil du temps s’est détériorée au sein de cette même opinion publique qui l’adulait. Pis, les pressions inhérentes aux circonstances politiques, les compromis nécessaires et les relations parfois tumultueuses avec d’autres acteurs politiques nuisent à la crédibilité initiale de ce leader pourtant respecté. En d’autres termes, le cheminement politique de Joseph Djogbenou, tout en étant marqué par des objectifs peut-être ambitieux et un désir de transformation, fait face à des répercussions qui pourraient s’avérer préjudiciables à ses aspirations, le poussant à naviguer dans les eaux tumultueuses d’une politique de plus en plus polarisée et fracturée, où le risque de perdre le soutien populaire est omniprésent. Conséquence politique première, c’est sa débâcle aux dernières législatives où malgré son statut de Chef du plus grand parti politique du pays, il n’a pu lever qu’un seul siège sur les quatre en lice. À un an des élections générales dont celle présidentielle, ses prises de positions et opinions continuent d’être mal perçues chez plusieurs béninois. Pendant que les sorties publiques des autres leaders de partis politiques suscitent soutien et intérêt, Joseph Djogbenou est de plus en plus perçu comme un mal aimé politique. Ses récentes déclarations sur l’actualité politique au cours d’un atelier organisé par l’Eglise catholique témoigne à nouveau de cette méfiance exacerbée, vis-à-vis de l’homme. Ce véritable élan de critiques négatives, révélant ainsi une déconnexion croissante entre ses positions affichées et les attentes de la population qu’il aspire à servir témoigne d’un climat de dédain, non seulement à ses actions, mais aussi de ses véritables intentions. Les défis qui se présentent à lui ne se limitent donc plus uniquement à une question de stratégie politique. Ils s’étendent également à un enjeu de compréhension et d’adaptation à un paysage sociopolitique béninois en perpétuelle évolution, où l’agilité et l’innovation sont essentielles pour prospérer et maintenir un impact positif sur cette société.

M.M

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