La Cléopâtre est le nom de plusieurs frégates qui ont marqué l’histoire des relations transmanche. D’abord, la frégate française La Cléopâtre capturée par les Britanniques en 1793, devenue alors HMS Oiseau. Mais aussi la Cléopâtre (autre frégate française de 1838) qui recueillit une embarcation de naufragés anglais par le travers du Canal de Mozambique. « Je suis une entrepreneure de la métamorphose » fut la citation emblématique, sorte de boussole créative d’une autre Cléopâtre de Jersey ayant connu un parcours étonnant sur le rocher Anglo-Normand, et représentante du mouvement de ces « Travailleuses de la Mer » tombées dans l’oubli de l’histoire.
Eugénie Jeanne Françoise Chanvril est née le 8 décembre 1846 à Saint-Thélo, petit village de la Route du Lin, qui valorise un patrimoine très ancien de la région où l’écrivain Paul Féval (1816-1887) possédait, au lieu-dit « l’abbaye », une demeure à Saint-Thélo que sa famille avait acquise dans les années 1840. À plusieurs reprises, le romancier y séjourne et il y écrit plusieurs de ses romans. Il s’inspire notamment de la vie quotidienne des paysans locaux dont la rudesse des mœurs lui inspireront quelques textes littéraires.
Eugénie Chanvril décide de partir s’installer à Jersey pour exercer le métier masculin de la haute coiffure et inventer un nouvel art de la cosmétique à la française à base de produits marins. Très vite, elle subjugue la clientèle par son talent et ses idées. A l’heure où le métier est réservé à la gent masculine, elle décide d’ouvrir son premier salon sur le rocher Anglo-Normand. Derrière son sourire se cache un tempérament volontaire, une artiste dédiée à la haute-coiffure à base de produits marins.
« Sous les cheveux, il y a un visage. Il suffit de le regarder pour comprendre et révéler sa beauté. » aimait rappeler Eugénie Chanvril (1846-1923) devenue la Cléopâtre de Jersey.
Eugénie Jeanne Françoise Chanvril épouse Honoré Aimé François Boiroux le 11 décembre 1881, à l’église Saint Hélier de l’île . Et décède le 13 décembre 1923 dans la même paroisse. Fait troublant : elle rédige par anticipation un testament le 9 avril 1915 qui fait désormais partie des archives de Jersey.
Sa fille Jeanne Marie Chanvril également surnommée la Séléné du Rocher devient Jane Marie Chanvril et épouse George Mauger Tisson le 27 mars 1887, à Saint Hélier, Jersey. Le couple a eu au moins six fils et une fille. Selon les archives, Jeanne Marie Chanvril a vécu à Saint Hélier, Jersey pendant environ dix ans.
Comme sa mère, elle laisse derrière elle un matrimoine sémantique remontant à l’Antiquité : Séléné était la fille de Cléopâtre et de Marc Antoine. Reine remarquable de Maurétanie, Séléné a organisé un programme de construction inspiré de son Alexandrie natale et des projets de construction de sa mère.
Ses constructions comprenaient un phare rappelant le style du phare d’Alexandrie. Selena et Yuna rénovèrent les anciennes fortifications de la ville et commencèrent à en construire de nouvelles. Des œuvres d’art égyptiennes ont également été importées de l’ancien royaume de Séléné. Ils voulaient clairement recréer l’atmosphère d’Alexandrie et la présence de Cléopâtre.
Kevin LOGNONÉ