Alors que l’implantation des nouvelles stations d’essence à plusieurs endroits de la capitale économique et du pays en général donnait un coup au commerce de l’essence de contrebande communément appelé Kpayo, ce coup serait malheureusement loin d’être fatal. Et la mise à disposition des mini stations pour sécuriser la vente de l’essence de contrebande laisse perplexe quant à l’efficacité de la stratégie Talon de lutte contre ce commerce jugé “dangereux“ et menaçant les vies humaines…
Si la stratégie des régimes précédents reposait sur le recours à la force publique à travers des casses ou encore des saisies, le régime Talon s’est voulu prudent et stratégique dans la lutte contre l’essence de contrebande. A défaut de recourir à la force pour faire plier les commerçants de l’essence de contrebande, le gouvernement de la Rupture mettait en place une stratégie axée sur la disponibilité et l’accessibilité de l’essence. Et ceci se traduisait par l’implantation des stations sur plusieurs artères notamment dans plusieurs localités du pays en général et de la ville de Cotonou en particulier. L’évidence était qu’on ne craignait plus de parcourir de longues distances avant de se faire servir dans une station. Seulement, la réalité était toujours loin de combler les attentes. Le Kpayo résiste malgré tout. Et ce, en raison du coût accessible de l’essence frelatée mais surtout du fait que l’essence de contrebande était disponible à tous les coins de rue. Il n’est donc pas rare de voir des agents des stations passer leur journée à se tourner les pouces. La stratégie Talon a-t-elle finalement échoué ? Bien malin qui pourrait répondre. Cependant, avec la mise à disposition des mini stations pour sécuriser la vente de l’essence de contrebande, l’on peut tenter de répondre par l’affirmative.
La Rupture est-t-elle contrainte de faire avec le Kpayo ?
Tels des champions, les mini stations poussent et sont perceptibles dans plusieurs angles de rue dans la ville de Cotonou. Tandis que beaucoup y voient un assaut final contre l’essence de contrebande, ce n’est malheureusement pas le cas. Car, la vision serait plutôt de contribuer à sécuriser la vente d’essence de contrebande. Selon une publication de DW, l’objectif est que les revendeurs utilisent ces nouveaux appareils pour vendre l’essence, plutôt qu’en vendant le produit en bouteille. Le volume de l’essence de contrebande représente 80 % de la consommation nationale, selon le directeur général du dépôt pétrolier du Bénin, rapporte la même source. « Le projet de mini-stations va aider à gérer les problèmes de santé et les problèmes environnementaux. Il ne s’agira pas d’empêcher de commercialiser le produit qui vient de la contrebande, mais il faut commercialiser ce produit avec un dispositif sécuritaire. Et ce dispositif, ce sont les mini-stations », précise le directeur général du dépôt pétrolier, dans des propos rapportés par le média international DW. Il est donc évident que les mini stations ne viennent pas se mettre au travers du chemin du Kpayo mais plutôt un coup de pouce pour limiter les dégâts résultant de ce commerce. Toute chose qui suscite moult interrogations. La Rupture renonce-t-elle à combattre le kpayo ? La stratégie Talon a-t-elle montré finalement ses limites ? Les questions restent toutes posées.
M.M
