Plus rien depuis fin 2023
Manœuvre pour sevrer l’Opposition avant 2026 ?
L’arrêt injustifié du financement des partis politiques au Bénin depuis fin 2023, suscite des inquiétudes quant à l’équité politique dans le pays. Tout porte à croire que l’émergence du parti « Les Démocrates » notamment aux dernières élections législatives, semble perturber l’équilibre préexistant, amenant ainsi à s’interroger sur une stratégie du pouvoir en place pour affaiblir l’Opposition avant 2026. Joie de courte durée pour le financement des partis politiques.
Votée en 2019 au Parlement, la nouvelle loi sur la charte des partis politiques était vue par les partisans du pouvoir comme une des meilleures réformes politiques, opérées par le Bénin. Alors qu’elle n’a jamais fait l’unanimité au sein de la classe politique en générale, cette loi, parmi tant d’autres, prévoit des avantages pour les partis politiques. Ainsi, face à l’absence de l’Opposition au Parlement et dans les communes, faute de son exclusion à tort ou à raison des joutes électorales de 2019 et de 2020, les partis politiques de la mouvance notamment l’Union progressiste (Up) devenue Union progressiste le Renouveau (Up-R) et le Bloc républicain (Br) en plus de la Force Cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) se sont taillés la grande part des avantages de cette réforme. Ceci, en ce qui concerne leur financement. Ainsi, le décret d’application du 22 juillet 2020 pris par le Chef de l’Etat, a permis à ces trois formations politiques, de bénéficier de trois milliards de Francs CFA. Alors que les voix se sont aussitôt élevées pour dénoncer les conditions d’attribution de ces financements qui ont pris corps depuis cette période, l’exécutif et ses alliés ont toujours eu d’arguments pour justifier le bien fondé de cet acte devenu ainsi annuel conformément à cette loi. Seulement, c’était sans compter sur l’entrée en jeu du parti Les Démocrates, devenu la première force politique de l’Opposition béninoise devant la Fcbe soupçonnée d’être une opposition de faire-valoir. En 2023, le parti grâce à l’implication personnelle de Boni Yayi, Président d’honneur d’alors devenu Président, a contré les chicanes pour répondre présent à cette élection tout en s’adjugeant 28 députés sur les 109 que compte le Parlement. Par ce score, le parti fait son entrée dans le cercle restreint donc des bénéficiaires de cette disposition de la charte. Mais, il n’a fallu qu’une seule année d’application après l’éligibilité du parti Les Démocrates pour que cette loi soit depuis peu bafouée. Autrement, depuis fin 2023, le financement est devenu lettre morte pour les formations politiques. Sachant que la mouvance au pouvoir, même si elle ne bénéficie pas de ce financement, ne manque toujours pas de moyens pour animer convenablement la vie politique et remplir des obligations, seule l’Opposition peut ainsi se retrouver face à des difficultés d’ordre économique et politique qui ne lui permettent pas d’honorer totalement ses engagements. Avec les élections générales de 2026, qui constituent désormais un enjeu crucial pour les formations politiques, tous les coups pour affaiblir son adversaire peuvent paraître bons. Par cette restriction, l’on est tenté de croire que le régime de la Rupture et du Nouveau départ a mis en berne ce financement, dans l’unique but de sevrer cette Opposition. De ce fait, sans moyens supplémentaires et malgré les nombreuses charges auxquelles elle devra être confrontée conformément à la même charte, ses actions politiques recevront forcément un coup. En d’autres termes, cette situation peut être perçue comme une manœuvre pour sécuriser le pouvoir avant 2026. Au grand du jeu démocratique.
J.G