Le Programme des Nations Unies pour le Développent (Pnud) en collaboration avec le gouvernement du Bénin à travers le Projet régional de prévention et de réponse à l’extrémisme violent dans le corridor Atlantique, a organisé un atelier de diagnostic sur le système local de sécurité des communes de Bassila, Kouande, Pehunco et Toucountouna. L’atelier financé par l’Australie, s’est déroulé du 25 au 28 février 2025, au Centre pastoral Monseigneur Nicolas Okioh de Natitingou. À cet effet, le Commissaire Principal de Police, Chef du département de la Sécurisation et du Suivi des Espaces frontaliers à l’ABeGIEF, Yannick LEGBA est revenu sur l’importance des Plans Locaux de Sécurité de ces communes.
Interview
Monsieur le Commissaire, vous avez été le formateur au cours de l’atelier de diagnostic sur le système local de sécurité des communes de Bassila, Kouande, Pehunco & Toucountouna organisé par le Projet de Prévention et de Réponse à l’Extrémisme Violent dans le Corridor Atlantique financé par le Danemark, l’Australie, l’Allemagne, la Norvège du 25 au 28 février 2025 à Natitingou. Cet atelier est organisé en prélude à l’élaboration des Plans Locaux de Sécurité de ces communes. En quoi l’élaboration de ces plans locaux de sécurité est-elle nécessaire ?
On parle de plus en plus de coproduction de la sécurité. Cela se passe au sein d’une collectivité territoriale, au sein d’une collectivité décentralisée. Cela doit être organisé. Il n’y a pas de place pour l’improvisation surtout avec les risques, les menaces sécuritaires qui s’exacerbent aujourd’hui au niveau des communes. Il faudrait avoir un cadre qui permet de gouverner de façon organisée au niveau local. Mais il y a une manière de manager cette sécurité au niveau local. C’est ce que le Plan Local de Sécurité(PLS) permet de faire. Et le PLS c’est une partie du Plan de Développement de la Commune (PDC). Ainsi avec les risques sécuritaires, surtout au niveau des communes frontalières, il faut faire un diagnostic territorialisé, un diagnostic communautaire, un diagnostic basé sur la perception des populations. C’est-à-dire qu’on met ensemble les Forces de Défense et de Sécurité, la population, les élus locaux, tous ceux qui travaillent au niveau d’un territoire décentralisé donné, y compris les personnes vulnérables et autres et on fait les diagnostiques. Ils révèlent leurs perceptions liées à l’insécurité, à la peur, aux inquiétudes qui les animent et cela permet in fine de disposer d’un document qui reflète la réalité de terrain. C’est un diagnostic très sérieux qui permet au gouvernement de passer la main aux collectivités territoriales en relation avec les Forces de Défense et de Sécurité, la société civile et autres pour que ce diagnostic permette d’éduquer la population, de les sensibiliser pour qu’on ait une chance au moins qu’il y ait un changement de comportement. L’homme est capable de produire aussi bien la paix que la violence. Si nous n’éduquons pas la population à l’importance de produire la sécurité, de préserver la sécurité, nous allons faire des efforts, mettre en place des stratégies mais nous allons passer à côté. Donc c’est avec le diagnostic local que nous allons essayer d’avoir l’information mais aussi d’éduquer la population.
Le premier avantage pour une commune de disposer de son PLS est que ce document la rend crédible en termes de recherche de financement au niveau du gouvernement parce que le gouvernement finance les PDC. S’il retrouve dans ce PDC un document de planification dans le domaine de la sécurité locale, il sera intéressé à le financer car il aurait vu que un diagnostic crédible de la situation sécuritaire a été fait et que l’investissement permettra d’atteindre les résultats escomptés. Le deuxième avantage du Plan Local de Sécurité est que c’est un document de planification qui rassure. Mais aussi tous les Partenaires Techniques et Financiers(PTF) qui sont plus disposés à financer les activités.
Au cours de cet atelier quel travail aviez-vous fait avec les participants ?
Nous avons fait les clarifications conceptuelles liées au Plan Local de Sécurité au Bénin en partant de cadre juridique. Nous avons débouché sur la définition du Plan Local de Sécurité, et ses implications, l’importance du diagnostic local de sécurité et comment cela doit se faire. Il faut dire à ce niveau que ce diagnostic se fait à partir d’une enquête diagnostic local par arrondissement et nous avons aussi décliné à ce niveau la base juridique qui institue les acteurs qui font le diagnostic local de sécurité. Après ce travail, nous avons présenté les outils de diagnostic, c’est à dire les outils que nous administrons aux membres des comités locaux de sécurité pour non seulement les éduquer les former. Après cela nous avons clarifié la démarche de planification stratégique pour avoir un Plan Local de Sécurité. Mais nous n’avons pas été théoriques à ce niveau. Nous avons essayé d’avoir une approche pratique en présentant déjà ce qui a été fait au niveau de certaines communes comme, Pobè, Banikoara, Avrankou en termes d’exemple pour voir la démarche méthodologique qui est adoptée pour avoir le Plan Local de Sécurité. Enfin nous avons fini par des exercices pratiques dans les groupes sur comment administrer les outils au niveau des arrondissements. Mais avant, nous avons essayé de monter toute les dispositions préparatoires qu’il faut prendre pour pouvoir organiser ces activités d’élaboration d’un Plan local de Sécurité aux plans logistique, administratif, pour saisir les Ministères, avoir les autorisations et autres. Pour finir, nous avons invité le participants à s’exercer sur comment préparer l’atelier de lancement de l’élaboration d’un Plan Local de Sécurité dans une commune et ensuite nous avons fait les feuilles de route qui permettrons à ces communes d’avoir ce Plan Local de Sécurité. Ce qui est important de savoir, c’est que après cet atelier, nous pouvons dire que nous avons une masse critique de personnes aussi bien des Forces de Défense de Sécurité mais aussi des agents de l’administration locale ainsi que des élus qui comprennent ce qu’on appelle plan local de sécurité, deuxième chose nous savons aussi au niveau de ces communes des gens qui maitrisent la méthodologie nationale du Ministère de l’intérieur et de la Sécurité Publique dans le domaine de l’élaboration de Plan Local de Sécurité grâce à cet atelier financé par le Projet Atlantic Corridor. C’est important. Ils savent désormais la démarche à suivre pour faire un Plan Local de Sécurité. C’est très important. Cela évite d’avoir des documents disparates, des documents qui ne répondent pas à la réalité et qu’on ne peut pas opérationnaliser.
Quelle est la suite ?
La suite, cela dépendra des communes. Nous avons comme ambition au Bénin, au regard des tests de la République, que nous devons tout faire pour que toutes les communes du Bénin puissent avoir leur Plan Local de Sécurité. Mais nous voulons des documents de qualité. Il ne sert à rien de courir. C’est pourquoi nous exhortons les PTF et autres à s’inscrire dans cette logique, à accompagner les communes pour qu’au niveau technique, le Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique puisse aussi accompagner ces communes pour qu’elles aient leurs Plans locaux de sécurité. C’est le lieu d’inviter le PNUD à travers le Projet Atlantic Corridor ou un autre projet à nous aider à aider ces communes pour qu’elles aient leur Plans locaux de Sécurité et qu’aussi les activités de ces plans soient fiancées.