(Et pourtant, il faudra réviser le Code électoral)
Comme annoncé dans la presse, le chef de l’Etat a rencontré, lundi 24 février 2025, le Comité de pilotage de l’audit du fichier électoral. La télévision nationale et les réseaux sociaux ont rapporté la quintessence des échanges entre Patrice Talon et les membres du Comité de pilotage.
Des propos du Président Patrice Talon, devant le Comité de pilotage de l’audit du fichier électoral, un point mérite l’attention. Si on s’en tient au relais fait de la rencontre, le Chef de l’Etat aurait clarifié que l’audit ne devrait pas être perçu comme un moyen de remettre en question le code électoral ou de relancer le débat sur des réformes institutionnelles comme l’éventuelle révision du code électoral ou la tenue d’une assise nationale. « Il ne faut pas que l’audit soit un prétexte pour relancer des contestations politiques », a-t-il laissé entendre. Pourtant, il y a une injustice flagrante faite à l’Opposition dans le code électoral. Elle est relative au taux de pourcentage à obtenir par le seul parti d’Opposition à l’Assemblée nationale aux élections législatives de 2026. Au moment où le code électoral prévoit 10% pour chacun des partis Union progressiste Le Renouveau (Up-R) et le Bloc républicain (Br), en vertu d’un accord parlementaire de gouvernance, le parti d’Opposition Les Démocrates devra, elle seule, obtenir 20% dans chaque circonscription électorale avant d’être éligible à l’attribution des sièges. Quand on sait qu’aux législatives de 2023, les trois partis actuellement représentés au Parlement ont tous été admis à l’attribution des sièges sur la base de 10% dans chaque circonscription électorale, c’est une injustice faite au Parti Les Démocrates. Et depuis que la presse évoque cette injustice, qui risque de faire à nouveau de l’Assemblée nationale de 2026 un autre Parlement monocolore, on n’a entendu aucun son de cloche de la part des partis de la Mouvance présidentielle, affirmant le contraire. A tout point de vue, l’idée derrière cette disposition du Code électoral c’est de rééditer le Parlement monocolore de triste mémoire en 2026. C’est alors surprenant que malgré cela, le chef de l’Etat qui, pour avoir donné au Comité de pilotage les moyens de sa mission, contre l’avis des partis qui le soutiennent, donne la preuve qu’il veut une élection paisible en 2026, ne perçoit pas cette injustice contenue dans le code électoral. Mais qu’à cela ne tienne, ce code-là sera révisé. Que cela soit aujourd’hui, demain ou dans 10 ans, il sera révisé. On ne peut laisser un tel deux poids deux mesures perdurer dans une loi pour tous. La Mouvance d’aujourd’hui pourrait devenir l’Opposition de demain. Et c’est elle qui exigera qu’il ne soit plus faire dans la loi la part belle à certains et corser les conditions d’attribution de siège pour d’autres.
M.M