Depuis des années, la Syrie traverse une crise profonde marquée par la répression, la guerre et l’exil de millions de ses fils. Aujourd’hui, le régime de Bachar al-Assad a été renversé par un groupe rebelle islamique, ouvrant une nouvelle page dans l’histoire du pays.
A travers cette interview, Bachar KATEB, Consul honoraire de la Syrie, une voix engagée pour le peuple syrien, porte son regard sur cette transition et les défis à venir.
Matin Libre : Monsieur Bachar KATEB, vous avez toujours défendu les intérêts du peuple syrien. Comment réagissez-vous à la chute du régime de Bachar al-Assad ?
Consul honoraire : C’est un tournant historique. Pendant plus de deux décennies, les Syriens ont subi un régime marqué par la répression, la torture et les bombardements indiscriminés. Bachar al-Assad a utilisé tous les moyens possibles pour se maintenir au pouvoir : emprisonnements arbitraires, massacres, utilisation d’armes chimiques… Aujourd’hui, le peuple syrien peut enfin espérer un avenir différent.
Matin Libre : Ce renversement a été opéré par un groupe islamique rebelle. Quel regard portez-vous sur cet exploit ?
Consul Honoraire : Il faut reconnaître que ces rebelles ont réussi là où d’autres ont échoué. Ils ont mené une lutte intense contre un régime qui semblait indestructible. Mais au-delà de la victoire militaire, ce qui importe, c’est ce qui va suivre. Nous espérons que cette nouvelle force au pouvoir ne reproduira pas les erreurs du passé et travaillera pour le bien du peuple syrien.
Matin Libre : Vous insistez sur l’avenir du peuple. Quels sont, selon vous, les défis prioritaires aujourd’hui ?
Consul Honoraire : Le premier défi est la stabilité. La Syrie a été dévastée par des années de guerre et d’instabilité politique. Il faut rapidement mettre en place un cadre qui permette aux Syriens de vivre en sécurité et de reconstruire leur pays.
Ensuite, il y a l’économie : des millions de personnes sont déplacées, les infrastructures sont détruites, et la famine menace. La reconstruction demandera des efforts colossaux.
Enfin, la réconciliation : après tant de souffrances, il faut recréer un tissu social et éviter que le pays ne tombe dans une nouvelle spirale de violences.
Matin Libre : Certains craignent que la victoire des rebelles ne signifie pas nécessairement la liberté. Que leur répondez-vous ?
Consul Honoraire : C’est une inquiétude légitime. Le peuple syrien ne s’est pas battu pour remplacer une oppression par une autre. Ceux qui ont pris le pouvoir doivent comprendre qu’ils ont une responsabilité historique : ils ne doivent pas trahir les aspirations de ceux qui ont souffert et combattu pour un avenir meilleur.
Matin Libre : Quel rôle la communauté internationale doit-elle jouer dans cette transition ?
Consul Honoraire : La communauté internationale doit être un soutien, pas une force d’ingérence. L’aide humanitaire et la reconstruction seront essentielles, mais elles doivent être mises en place avec le peuple syrien et pour le peuple syrien. Nous avons vu par le passé que des interventions étrangères mal pensées peuvent aggraver les crises plutôt que les résoudre.
Matin Libre : Un dernier mot pour les Syriens qui espèrent un renouveau ?
Consul Honoraire : Je veux leur dire que leur courage n’a pas été vain. La route sera encore longue, mais ils méritent un pays où ils pourront vivre dignement, sans peur ni oppression. Aujourd’hui, une nouvelle page s’ouvre : à eux d’écrire leur avenir.
Alors que la Syrie entre dans une nouvelle ère, l’incertitude demeure. Mais une chose est sûre : l’attachement de M Bachar Kateb au peuple syrien est indéfectible. Reste à voir si les promesses de changement se concrétiseront en une paix durable et une liberté retrouvée.
Propos recueillis par
Bertrand HOUANHO