Le leader des Tchoco Tchoco, Me Adrien Houngbédji a haussé le ton contre la gouvernance Talon, déplorant une politique d’exclusion et appelant à la libération des prisonniers politiques ainsi que le retour des exilés politiques. Et comme il fallait s’y attendre, tel un principe sous la Rupture, les critiques n’ont pas tardé. Depuis, l’un des grands soutiens de Patrice Talon, semble jeté en pâture tel un indésirable dans son propre camp politique…
Adrien Houngbédji se fera-t-il éjecter de la mouvance politique ou finira-t-il par tourner dos lui-même à son camp politique ? En tout cas, pour avoir “osé’’ dénoncer publiquement la gouvernance Talon, le leader de l’ex Parti du Renouveau Démocratique (PRD), désormais membre de l’Union Progressiste Le Renouveau (UPR), l’ancien Président de l’Assemblée nationale essuie des critiques acerbes. Et plus inquiétant, il s’agit bien des invectives provenant surtout de son propre camp politique, la mouvance. Alors qu’il s’opposait au fait que des citoyens soient condamnés ou poursuivis pour leur opinion, voilà Me Adrien Houngbédji critiqué pour son opinion. Alors que certains n’ont pas hésité à ramener sur tapis une quelconque inconstance politique caractérisant l’homme, l’occasion semblait également propice pour lui rappeler certains de ses propos alors qu’il témoignait son soutien au régime Talon. « L’État que vous avez hérité en 2016 était un État saccagé, fragilisé, fragmenté, banalisé, descendu de son piédestal, et dans lequel tout, ou presque tout, devait être réformé. C’est à cette rude épreuve de réformes que vous vous êtes attelé depuis bientôt deux ans, pour remettre l’État sur les rails, le transformer profondément pour le mettre en capacité de répondre aux défis auxquels il est confronté. Car seul un État fort peut inspirer confiance aux investisseurs étrangers et aux partenaires financiers. Seul un État fort peut débattre avec les acteurs économiques et sociaux, créer des richesses, des emplois et donner un contenu au lien social». Ces propos tenus par Adrien Houngbedji, il y a quelques années, sont désormais abondamment relayés sur la toile. D’autres n’y sont pas allés de main morte pour traiter l’un des grands acteurs de l’histoire politique du pays, de tous les noms. Alors que d’autres y voient, à travers ce son de cloche, un éternel destin d’opposant au Président Adrien Houngbédji, il n’a malheureusement pas été constaté le minimum de retenue au niveau de certains acteurs politiques. Des propos condamnables à l’endroit d’une personnalité politique, au regard de son parcours.
Houngbédji jette la pierre dans la marre…
Bien qu’étant membre de la mouvance politique, Adrien Houngbédji n’a pas hésité à faire savoir la nécessité de libérer les prisonniers politiques alors que le régime n’a de cesse clamé qu’il n’y a pas de prisonniers politiques au Bénin. Adrien Houngbédji a tout simplement jeté la pierre dans la marre et cela passe mal. “Nous ne voulions pas que des Béninois soient en prison pour des délits d’opinion… Quand nous avions fait la conférence nationale, Kérékou 2, est-ce que vous avez appris que quelqu’un est allé en prison ou que quelqu’un est allé en exil ? Et pourtant, c’est le même Kérékou du PRPB. Quand il a changé, il est devenu un vrai démocrate. Le pays est resté en paix. Je vous dis par là que c’est la méthode du gouvernement que vous employez qui entraîne la forme d’opposition que vous avez. Si vous faites un gouvernement de liberté, qui va se lever pour aller dire qu’il va faire un coup d’Etat ? Je voudrais dire qu’avec ce que nous avions vu cette semaine ; il faut être franc et honnête, c’est la conséquence de l’exclusion….Donc ma conviction forte, c’est que les prisonniers politiques, il faut les sortir. Ma conviction forte, c’est que ceux qui sont en exil, il faut qu’ils reviennent. C’est comme ça que nous avions fait la Conférence nationale. J’en appelle de mes vœux à ce que nous nous retrouvions sous l’arbre à palabre, que nous mettions tout sur table, que nous discutions de ce qui nous oppose les uns aux autres, que nous trouvions les solutions qui permettent à tous les enfants du Bénin de rester ensemble pour construire le Bénin’’. Ce sont entre autres propos tenus par Adrien Houngbédji. Et le voilà désormais devenir la risée de tous dans son camp politique. Est-il déjà devenu persona non grata au sein de la mouvance ? Les jours à venir nous édifieront.
La mouvance politique au bord de l’implosion ?
Si les propos de Me Adrien Houngbédji résonnent comme un son de cloche en faveur d’une cohésion sociale, de l’unité nationale, ils seraient révélateurs d’un malaise profond au sein de la mouvance politique, selon plusieurs observateurs. Encore que beaucoup peine à comprendre que de tels propos soient tenus alors qu’il reste, avec son parti, membre de la mouvance politique soutenant les actions du Chef de l’Etat. Mais plus important, l’homme a surtout insisté sur le fait que malgré la fusion au nom de la réforme du système partisan, son parti politique n’a pas disparu. «Quand on vous dit que le PRD a disparu, que le PRD a fusionné, dites que le PRD n’a pas disparu. Le PRD, nous le portons dans nos cœurs. Le PRD a fusionné. Je ne suis même pas sûr que le PRD ait vraiment fusionné. Mais dites que le PRD est une sensibilité au sein de l’Union Progressiste le Renouveau et c’est parce que nous avions voulu que l’opinion publique et le peuple sachent que nous sommes une sensibilité que nous avions tout fait pour que notre logo demeure et que le Renouveau soit écrit » a-t-il martelé haut et fort. Des propos qui interpellent plus d’un. De la condamnation des premiers soutiens Olivier Boko et Oswald Homeky par la justice à la suspension de l’ancien ministre Sam Adambi sans oublier des invectives de Bertin Koovi à l’endroit de Joseph Djogbénou et cie, tout semble laisser transparaitre une fragilisation de la mouvance politique. Les élections générales de 2026 sont de plus en plus imminentes et la mouvance politique semble faire face à une réalité inattendue.
M.M
