« (…) ma conviction forte, c’est que les prisonniers politiques, il faut les sortir. Ma conviction forte, c’est que ceux qui sont en exil, il faut qu’il revienne. C’est comme ça que nous avions fait la Conférence nationale. J’en appelle de mes vœux à ce que nous nous retrouvions sous l’arbre à palabre, que nous mettions tout sur table, que nous discutions de ce qui nous oppose les uns aux autres, que nous trouvions les solutions qui permettent à tous les enfants du Bénin de rester ensemble pour construire le Bénin. Voilà mon rêve et voilà le rêve du PRD ».
Ces propos sont de Me Adrien Houngbédji. Il les a prononcés, samedi 1er février dernier, à la faveur d’une cérémonie de présentation de vœux avec les caciques de l’ex Parti du Renouveau démocratique (Prd). Depuis, la polémique enfle. Pourquoi c’est maintenant, après plus de 8 ans passés à soutenir le régime de la Rupture qu’il appelle à la libération des prisonniers politiques et au retour des exilés ? Est-ce seulement aujourd’hui qu’il s’est réveillé de son sommeil et constate qu’il y a des prisonniers politiques au Bénin, qu’il y a des exilés et que l’exclusion est la cause des affaires de tentative de coup d’Etat ? Depuis les élections exclusives de 2019, Adrien Houngbédji s’est gardé d’exprimer sa « conviction forte ». Après avoir appelé à l’élection du duo Talon-Talata en 2021, il n’a pas vu les arrestations d’opposants qui ont suivi. Même quand Joël Aïvo, dont il était proche à un moment donné, a été condamné à 10 ans de prison, Adrien Houngbédji n’a pas levé le petit doigt. Alors pourquoi veut-il maintenant s’ériger en défenseur de la démocratie, des libertés et de l’Etat de droit, en reprenant mot pour mot les doléances de l’Opposition ? C’est trop beau pour être vrai. A première vue, cela un cache un différend personnel avec le chef de l’Etat. Adrien Houngbédji serait tellement remonté contre Patrice Talon qu’il envisage même de sortir de l’Union progressiste Le Renouveau avec perte et fracas. Sa sortie médiatique du week-end écoulé n’est donc pas un soutien à l’Opposition, comme il veut le faire croire, encore moins une conviction forte. Mais une manière de montrer à qui de droit qu’il n’est pas du tout content par rapport à un dossier précis qui l’oppose personnellement au chef de l’Etat.
Matin Libre reviendra plus en détail sur ce qui oppose Adrien Houngbédji à Patrice Talon.
M.M
