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Bénin/Ouverture de cliniques par les particuliers: « On donne le secteur en pâture… »

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« C’est plutôt une avancée…

« Il y a déjà un projet… »

La décision du gouvernement diversement appréciée

Au Bénin, il est désormais permis aux non-professionnels de la santé, selon la carte sanitaire, c’est-à-dire les prévisions des installations sur l’étendue du territoire national, de pouvoir installer des cliniques ou formations sanitaires pour exploitation. Ceci, à des endroits clés en respectant les procédures ou dispositions de l’Etat. Comparativement à l’ancienne loi, où seuls les professionnels de la santé avaient l’autorisation de s’installer, cette décision est diversement appréciée.

Améliorer l’accès aux soins. Dynamiser l’offre de services. Favoriser le développement d’établissements de santé privés. Tels sont, entre autres, les objectifs de la loi n° 2025-01 portant organisation de l’exercice en clientèle privée des professions médicales et paramédicales de santé humaine en République du Bénin. Adopté par le Parlement béninois jeudi 16 janvier 2025, il fait objet de débat dans les coulisses.

 « On donne le secteur en pâture à ceux qui ont l’argent pour qu’ils exploitent ceux qui sont professionnels », lâche de go Dr Eustache A (nom d’emprunt). « Mon opinion de praticien médical ayant évolué dans un secteur où il n’y avait pas de restriction d’exercice à un moment où il y a eu la restriction d’exercice pour réglementer l’exercice en clientèle privée et l’exercice pour le compte du public, n’est pas celui du député, ni du commun des Béninois, ni de celui qui est à la demande d’emploi, ni de celui qui est un financier », explique le spécialiste.

Du point de vue mercantile, confie-t-il, celui qui a l’argent peut équiper une clinique et s’il a une bonne collaboration avec les médecins ou les prestataires du secteur de la santé, il aura des résultats. Par contre, sous un autre aspect, pense-t-il, « on interdit à d’autres personnes de pouvoir exercer librement comme elles le peuvent et en revanche, on permet à celles qui ont des ressources financières, d’assujettir celles qui n’en n’ont pas mais qui ont les diplômes. Ceci, sous prétexte qu’elles n’ont pas de l’argent pour ouvrir des cliniques alors qu’on peut les accompagner en créant des structures d’accompagnement et d’initiative ».

Ce nouveau cadre légal est-il une avancée ou un recul ? « Je ne peux pas le dire », laisse entendre de son côté un autre professionnel de la santé. « Qu’ils mettent ça en application et on va apprécier. Vu qu’au pouvoir actuellement, il n’y a que des hommes d’affaires, tous les secteurs où ils flairent qu’il y a de l’argent, ils créent des lois. Si l’Assemblée nationale a voté ça, c’est qu’il y a déjà un projet. Ne pensez pas que vous, là où vous êtes, même avec des milliards, vous aurez l’autorisation. C’est le cas des pharmacies… », pense Dr T.A

Mais contrairement à lui, pour Dr Sessi Elisée Kinkpé, c’est plutôt une avancée. « Ça va permettre aux investisseurs qui ont les moyens, d’installer de grandes cliniques. Tout ceci va permettre d’améliorer l’offre des soins », affirme-t-il.

Couvrir les zones désertes pour quelle rentabilité ?

Si, pour des observateurs, l’avantage d’une telle loi, c’est aussi de couvrir les zones désertes, pour d’autres, il faut davantage mûrir les idées dans ce sens. « Si réellement on suit la répartition de la carte sanitaire telle que c’est proposé, cela permettra d’apporter des solutions dans des zones où il n’y a pas de personnel médical ; où il n’y a pas de clinique », analyse Dr Senanmin Agossou.  Une assertion que ne partage pas entièrement Dr T.A. Installer de grandes cliniques dans les zones reculées oui mais pour quelle bourse ? se demande-t-il. « Qui va mettre son argent à un endroit où il n’est pas sûr de faire des bénéfices ? En zone reculée les gens peinent à trouver 200 F Cfa pour acheter un carnet… », énonce le Professionnel.

En effet, dans les objectifs de la nouvelle loi, les cliniques dans leur forme, dans leur fond, dans leur choix des services à fournir répondent à des normes déterminées à l’avance et doivent être validées par l’Autorité de régulation du secteur de la santé (Ars) conformément au dispositif de sécurité des patients. La question du standing ou du respect des normes, de la qualité des soins, ne devrait donc plus se poser. En tant que telle comme disposition, elle garantit une offre de soins de qualité.

Le souhait reste toutefois, de faire en sorte que les particuliers s’associent pour que ce soit de grandes cliniques et non ce à quoi on assiste où dans le même quartier, il y a plusieurs petites cliniques, de pédiatrie par çi ; de gynécologie par-là, etc. Un peu comme aux Etats-Unis, rêve l’autre, où il n’y a que de polycliniques.

Cyrience Fifonsi KOUGNANDE

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