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Interview CGTN-Français sur le Nouvel An chinois

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C’est en ce moment la période la plus festive de l’année en Chine : la Fête du Printemps, que nous célébrons chaque année et qui marque le début du Nouvel An chinois. A cette occasion spéciale, nous avons inviter Ma Jiaying, journaliste de CGTN français, qui est basé à Beijing, a receuillir les propos d’un chinois, un africain et un français pour explorer les traditions sociales et philosophiques qui sont au coeur de cet événement exceptionnel.

Ma Jiaying : Tout d’abord, penchons-nous sur l’aspect purement festif de ces célébrations : il y a beaucoup de traditions, énormément de choses à faire pendant la Fête du Printemps. Quels sont les moments que vous appréciez le plus durant cette fête ?

Wachinou : Ah oui, les moments qui me marquent le plus, ce sont les moments que je passe en convivialité avec les chinois, surtout chez eux. Chaque année je reçois souvent l’invitation d’aller passer la fête du printemps chez des amis et quelque chose me marque énormément c’est lorsque nous restons ensemble et nous faisons le ravioli chinois. Ce ravioli, lorsque nous restons ensemble et nous faisons cela, cela montre beaucoup plus l’harmonie, la paix la cohésion sociale l’entrée dans la famille et c’est très intéressant. Mais aussi le ravioli chinois ressemble à la monnaie que la Chine utilisait dans l’antiquité et donc c’est directement le souhait, lorsque vous mangez le ravioli, vous vous souhaitez en même temps la prospérité financière et c’est très intéressant.

Benoit Vermander : Habituellement je ne bois pas d’alcool de riz parce que c’est vraiment trop fort pour moi, mais durant la fête du printemps je bois de l’alcool de riz et souvent du très bon alcool de riz. Donc voilà, moi, ce qui me frappe le plus durant la fête du printemps, c’est que c’est une occasion extraordinaire pour bien manger, bien boire et le faire avec des amis.

Liu Weili : En fait comme les chinois ils sont assez croyants, c’est à dire que ils croient tous les belles choses et des espoirs dans la vie, donc pour le repas chinois en général on fait dix plats, on fait huit plats plus deux desserts. C’est ce que j’ai fait chaque année, c’est huit plats, parce que huit ça apporte bonheur, et deux desserts et ce sont des nous de longévité et aussi des 年糕, c’est une sorte de pâte de riz, à partir du riz gluant, on fait des gâteaux, Donc c’est ces deux desserts plus huit plats, et ensemble ça fait dix. Donc le dix ça veut dire dix chiffres et c’est parfait. Mais selon les régions différentes je dis toujours dans le nord et dans le sud de la Chine, il y a des manières différentes, il y a des cuisines différentes pour fêter le nouvel an, mais ils sont tous des cuisines gastronomiques, il faut goûter.

Ma Jiaying : En 2024, l’UNESCO a inscrit la fête du Printemps sur la liste du patrimoine culturel immatériel. Qu’est-ce qui confère à la Fête du Printemps en Chine son caractère si unique, notamment en termes d’implications sociales et philosophiques ?

Wachinou : Je vais répondre a votre question en racontant une petite histoire. Chaque année j’ai remarqué qu’un peu avant la fête du printemps, beaucoup de chinois me posent toujours une question. Ils me demandent « est-ce que tu vas rentrer chez toi pour fêter ? « Et donc je trouve cela toujours bizarre, mais pourquoi est-ce qu’ils me demandent cela ? Mais progressivement j’ai remarqué que la majorité d’entre eux rentrent dans leur village natal dans leur ville natale, là où ils sont nés, pour fêter avec leurs familles. Donc l’union familiale est très très importante, c’est une valeur primordiale ici en Chine. Et même si vous êtes étranger, vous êtes en Chine beaucoup de gens peuvent venir pour vous donner des présents, pour vous souhaiter le nouvel an avec de la nourriture, avec des petits cadeaux. c’est tellement intéressant, c’est une valeur de solidarité qui vous montre que même si vous êtes très très loin de chez vous, dès que vous êtes en Chine, lorsque c’est la fête du printemps, vous n’êtes pas seul, vous êtes dans une communauté, et vous allez ressentir beaucoup plus de solidarité ici.

Benoit Vermander : La première c’est le sens du renouveau. Bien sûr l’année c’est un cycle, les soixante années du calendrier chinois c’est un cycle. Mais justement, on va recommencer, c’est-à-dire il y aura l’ancien qu’on veut oublier et puis le nouveau et on recommence à neuf. C’est une valeur qui est très inscrite dans la tradition chinoise parce que le livre des rites, pardon, c’est le livre des mutations dit souvent des choses comme se renouveler tous les jours, c’est ça la vertu abondante, des choses comme ça. C’est-à-dire il faut savoir recommencer, il faut savoir se renouveler. Et le début de l’année ça marque ça. Et quand on dit renouvellement, on arrive à la deuxième vertu, ou la deuxième valeur qui me semble importante, qui est celle de la réconciliation. Quand on oublie le passé, ça veut dire aussi toutes les tensions qu’il y a pu avoir dans l’année, à l’intérieur de la famille, à l’intérieur de l’unité de travail, entre amis, même les petits cadeaux ou alors l’habitude très ancrée d’essayer de payer ses dettes avant le nouvel an chinois etc, sont tous des signes qu’en recommençant justement on oublie ce qui ne s’était pas bien passé, et puis on recommence comme une communauté soudée. Donc pour moi ce qui marque le nouvel an chinois dans les profondeurs de l’inconscient chinois, c’est le sens du renouveau et le désir de réconciliation.

Liu Weili : Moi, personnellement je pense qu’il y a trois points très importants pour le nouvel an chinois. D’abord, on va nettoyer partout tous les poussiers de la maison on va mettre de nouveaux vêtements, c’est une manière de dire adieu au passé. On va chasser toutes les mauvaises choses dans le passé, on va utiliser toute une manière joyeuse pour acceuillir le nouvel an. Le deuxième point, c’est le retrouvail familial, pendant la réunion. La famille c’est vraiment un arbre de paix, donc quand on est entouré par le père, et la mère, avec les frères et les sœurs, on se sent soutenu, on se sent plus de solidarité qu’ailleurs. Troisième point pour moi c’est la fête de printemps, c’est justement le moment d’exploiter et de montrer particulièrement la tradition et la culture chinoise. Par exemple le défilé, c’est justement une manière de montrer au pays, par exemple, je prends Paris comme exemple, il y a des défilés, donc chaque année il y a 200 000 spectateurs qui viennent dans le sud, dans le nord de France qui viennent à Paris pour regarder cette tradition chinoise de la danse des lions pour partager la joie de cette tradition millénaire, et aussi qui ramène l’espoir. Je pense qu’aujourd’hui le mot espoir c’est très très important, c’est quelque chose qui apporte à tout le monde une notion donc l’harmonie de ce festival, de nouvel an de fête de printemps, justement ça apporte l’espoir et l’harmonie pour la société.

BENOÎT VERMANDER :Sinologue français

Professeur à la faculté de philosophie de l’Université Fudan

LIU WEILI :Conférencière et conseillère en management interculturel Chine-France

WACHINOU LIONNEL PYRRHUS SOVI-GUIDI :Doctorant en linguistique appliquée a l’Université des Langues et Cultures de Beijing

Propos recueillis lors de l’émission « Ca nous intéresse » par Ma Jiaying, journaliste de CGTN français

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