(Le tour de Talon en 2026)

Depuis l’avènement du renouveau démocratique en 1990, le seul président qui n’a pas fait face à des intrigues politiques autour d’un probable 3e mandat, c’est Nicéphore Soglo. Ceci pour la seule raison qu’il n’a pas fait un 2e. Mathieu Kérékou II et Boni Yayi sont passés par là. Fort heureusement, chacun d’eux a évité le piège.

Patrice Talon l’a dit, le Béninois tient à sa Constitution. C’est la seule raison pour laquelle, toutes les initiatives de modification de la Constitution ont échoué depuis 1990 jusqu’en 2019. Pas parce qu’il n’y a rien à reprocher à la Constitution béninoise, mais par crainte d’ouvrir une boite de Pandore pour tout Président de la République désireux de faire plus que 2 mandats. Ce n’est donc pas les appels à un 3e mandat qui ont manqué sous Kérékou II et sous Boni Yayi. Mais à chaque fois, ces présidents, en fin de mandat, se sont vite rendus compte que c’est une entreprise périlleuse parce qu’il fallait d’abord réviser la Constitution. Les initiatives telles que « Touche pas ma Constitution », campagne conduite à la fin du 2e mandat de Kérékou II Par Reckya Madougou, ont connu une adhésion massive parce que reflétant les aspirations profondes du peuple béninois. Le Bénin, berceau de la démocratie en Afrique au sud du Sahara, ne saurait s’accommoder avec une Constitution qui donne le pouvoir au Président en exercice de faire plus de 2 mandats. Ce serait renier les conclusions de la Conférence nationale de février 1990. Les Béninois y tiennent. Et c’est ce qui a jusque-là fait échouer les initiatives comme celle de l’ancienne ministre de l’Agriculture sous Yayi, Fatouma Amadou Djibril. L’actuel locataire de la Marina en est conscient. Et c’est pour cela que lorsqu’il a finalement révisé la Constitution en 2019, il a fait en sorte qu’il y soit inscrit que nul ne peut de sa vie faire plus de deux mandats.

Les Béninois ne sont toujours pas rassurés

Cette précaution prise par Patrice Talon pour rassurer les Béninois n’empêchent pourtant pas que des appels se fassent persistants pour un 3e mandat. Ils viennent même de gens supposés appartenir à l’un des partis politiques se réclamant du chef de l’Etat. Et depuis, aucun rappel à l’ordre. On est alors en droit de penser que ce ne sont pas des appels isolés de gens qui, juste pour leurs intérêts du moment, s’adonnent à cette besogne. Il est probable que ce soient des initiatives bien mûries derrière lesquelles se cachent peut-être des gens insoupçonnés. C’est pourquoi tant que les Béninois ne voient pas la matérialisation en 2026 de la volonté, maintes fois exprimée, de Patrice Talon de quitter le pouvoir, c’est une utopie de dire et de penser que le combat est gagné d’avance. Certes, la veille est là, permanente. Les apôtres du 3e mandat en ont eu pour leur compte sur les réseaux sociaux. Mais le vœu de tout Béninois, épris de justice et de paix, est qu’en 2026 l’alternance au pouvoir soit une réalité. C’est l’un des seuls critères dont le Bénin se targue encore en matière de principes démocratiques. Kérékou s’y est plié en 2006, Yayi en 2016. Pour l’heure, Talon jure le faire en 2026.

B.H

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