Le Fa, art divinatoire ancestral profondément enraciné dans la spiritualité béninoise, est bien plus qu’un simple outil de prédiction. Pour nos ancêtres, il était un guide, une lumière permettant de déjouer les pièges de la vie et d’orienter les communautés vers le bonheur et la prospérité. Transmis par les Bokonon, ses interprètes sacrés, le Fa offre des conseils, identifie les dangers, et aide à harmoniser l’existence individuelle et collective.
L’une des traditions importantes associées au Fa est la consultation annuelle, connue sous le nom de To Fa. Ce rituel, réalisé à l’aube de chaque nouvelle année, vise à interroger les forces invisibles pour anticiper les défis de l’année à venir, mais aussi pour conjurer le mauvais sort et attirer des bénédictions. Dans ce cadre, une initiative remarquable avait vu le jour grâce à l’Association Culturelle d’Étude du Fa et de la Médecine Traditionnelle (ACEFMETRA), présidée par DADA ADIDÉKON VOGNON DANHOUÈGNON. En 2018, cette association a organisé la première consultation annuelle du Fa dédiée spécifiquement au secteur culturel béninois. La deuxième édition a suivi en 2019. Ces rituels avaient pour objectif de protéger spirituellement ce pilier de notre identité nationale, d’apaiser les tensions, de prévenir les malheurs et de renforcer la créativité et la vitalité des acteurs culturels.
Cependant, cette initiative s’est arrêtée depuis, et le secteur culturel semble aujourd’hui livré à lui-même, traversant une période troublée marquée par des décès subits de jeunes artistes, des maladies récurrentes et une instabilité qui freine l’épanouissement de nos créateurs. Face à ces épreuves, n’est-il pas temps de réfléchir à un retour aux sources? Reprendre cette consultation annuelle du Fa pour le secteur culturel ne pourrait-il pas offrir un soutien spirituel et une protection essentielle à cet univers si précieux pour notre nation?
Toutefois, il est important de rappeler que la spiritualité seule ne suffit pas. Chaque acteur du secteur culturel, et chaque individu, doit également adopter des comportements responsables et bienveillants. Respect de soi, attention à sa santé, et solidarité entre pairs sont des clés indispensables pour garantir une existence paisible.
Retrouvons la sagesse de nos ancêtres. Réhabilitons ce rituel spirituel pour protéger et dynamiser notre secteur culturel. Car le Fa, dans sa profondeur et sa sagesse, nous enseigne une vérité essentielle : nous ne sommes jamais seuls face aux défis, à condition de rester ouverts à ses messages.
Tout comme l’État béninois consulte le Fa pour guider la nation chaque nouvelle année, nos dirigeants du secteur culturel pourraient s’inspirer de cette sagesse ancestrale. Réintroduire la consultation du Fa pour le domaine culturel, comme cela a été fait en 2018 et 2019, serait un acte fort de reconnaissance envers nos traditions et un pas décisif vers une meilleure protection de ce secteur vital.
Bérénice Célia Gainsi(Coll.)
