Alors que tout présage d’un dénouement imminent de la crise entre le Bénin et le Niger, la crispation de la situation reste à craindre à nouveau. Les récentes accusations du chef de la junte nigérienne au pouvoir semblent compromettre les maigres espoirs nés de la médiation des anciens présidents de la République du Bénin, Nicéphore Soglo et Boni Yayi. Et ce n’est pas la première fois que le processus de rétablissement des relations entre les deux pays se retrouve confronté à cette triste réalité…
La crise bénino-nigérienne relèvera-t-il enfin du passé ? En tout cas, il semble moins évident que le dénouement tant attendu soit pour bientôt. Les récentes accusations de la junte nigérienne, relayées par les médias, laissent entrevoir une certaine inquiétude quant au dégel de la crise. Et ceci, malgré le réchauffement des relations diplomatiques entre les deux pays ces derniers mois notamment avec la nomination des ambassadeurs du Bénin au Niger et celui du Niger au Bénin. Le Général Abdourahamane Tiani, dans une nouvelle sortie, aurait accusé le Bénin de soutenir des terroristes dans la dynamique de la déstabilisation du Niger. Ceci, à travers l’acquisition d’une centaine de drones de fabrication chinoise qui se retrouveraient aujourd’hui dans les mains des terroristes. Selon le verbatim relayé dans les médias, le chef de la junte nigérienne a interpellé le ministre de l’Intérieur béninois est interpellé sur la destination finale des drones militaires commandés et leur utilisation par des groupes armés dans plusieurs régions du Sahel. “Au Bénin, le ministre de l’Intérieur devrait répondre à la question posée en fin septembre concernant la commande de plus de 100 drones lancée à travers un autre canal national. Ces drones, de type DJI Matrix, disposent d’une portée de 1200 à 1500 m et peuvent couvrir de 15 à 30 km selon le signal. Ils sont équipés d’une vision nocturne et ont été distribués à des terroristes présents à Sokoto, Zamfara, Kebbi, et dans le parc W, en collaboration avec les forces spéciales françaises“ aurait déclaré le Général Tiani, dans des propos rapportés par beninwebtv. Des accusations jugées suffisamment graves par des observateurs qui y voient une menace sur les négociations en cours pour la réouverture des frontières bénino-nigériennes. Il se révèle une fois de plus que la normalisation des relations entre les deux pays voisins et frères risque d’attendre à nouveau…
Ça se tend et se détend…
En réalité, l’on semble vivre un scénario avec d’interminables rebondissements. Alors qu’entre le Bénin et le Niger, la médiation entreprise par les anciens Présidents Nicéphore Soglo et Boni Yayi est en passe d’aboutir à un dégel de la crise née de la fermeture des frontières Bénin-Niger, le chef de la junte militaire au pouvoir au Burkina-Faso s’était invité malencontreusement dans le débat. Ibrahim Traoré, tel un troubleur de fête, avait réuni les Burkinabé pour porter contre le Bénin les mêmes accusations déjà proférées par le 1er ministre du Niger. Dans une vidéo, devenue virale depuis ce jeudi 11 juillet dernier, le Capitaine Ibrahim Traoré a accusé le Bénin d’abriter des bases militaires françaises. Pourquoi proférer de telles accusations maintenant qu’il y a des raisons de croire à une normalisation des relations entre le Niger et le Bénin ? Pouvaient s’interroger les béninois et nigériens, lassés de voir la crise perdurer. Et comme pour répondre à la fermeté des autorités nigériennes, le Bénin remet en cause le projet pipeline Bénin-Niger. Ainsi, pour le gouvernement béninois, si les frontières ne sont pas ouvertes pour le passage formel du pétrole, les formalités douanières permettant son transit par le territoire du Bénin ne sont techniquement pas possibles. Il s’en est suivi, l’arrestation, par les autorités béninoises, de 5 nigériens qui se seraient illicitement introduits sur les installations du pipeline à Sèmè-Podji. La situation devenait à nouveau tendue avant que les deux parties ne se retrouvent à la table de négociations. Et depuis, la lueur d’espoir semblait ne plus raidir jusqu’aux récentes accusations du chef de la junte nigérienne qui viennent jeter une pierre dans la marre. La crise de confiance apparait visiblement plus profonde. La seule évidence, les populations nigériennes et béninoises semblent à bout de souffle face à une crise qui a assez duré.
A.B