Ce jour, vendredi 20 décembre 2024, le chef de l’Etat est attendu à l’Assemblée nationale. Patrice Talon y prononcera le traditionnel discours sur l’Etat de la Nation, son avant dernier. Occasion de dresser le bilan des réalisations de 2024 et annoncer les perspectives pour 2025. Mais il est souvent attendu du chef de l’Etat, en ces occasions des annonces fortes quant à la décrispation de la tension politique nationale. Seulement, en 8 ans de gestion du pouvoir, ce passage n’a été qu’un moment de gloire pour le chef de l’Etat et ses soutiens au Parlement. Patrice Talon fera le bilan de ses réalisations. Les députés Up-R et Br vont ensuite saisir les tribunes des médias pour l’encenser. Tout est bien dans le meilleur des mondes. C’est ce à quoi les Béninois ont eu droit depuis 2016 et ça ne risque pas de changer.
Pourtant, tout n’est pas si rose. Dans bien de secteurs, les réformes engagées n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Celles politiques sont les plus visibles, tellement elles ont engendré des crises qui se sont soldées par des morts, des emprisonnements, des exils. Elles ont installé dans le pays un climat de peur pour toute voix critique. La plaie est béante et tant que tous ceux qui en sont victimes n’auront pas été réhabilités, difficile pour les cœurs qui continuent de saigner de dire, ces moments sont désormais derrière. C’est ce que le député Basile Ahossi appelle mettre l’homme au centre de la gouvernance. « Tout le monde sait que sans Sébastien Ajavon, il (Patrice Talon Ndlr) n’aurait pas été élu quand bien même ses thuriféraires affirment que Ajavon n’a rien apporté. Les autres, ils ont de petits problèmes : Léhady, Djènontin, Koutché. Reckya Madougou, c’est son droit d’être candidate… Aïvo est incapable de tuer une mouche. Quand ces choses se passent, l’homme n’est plus au cœur de la gouvernance », a fait savoir le député Ahossi. Et d’ajouter :
« Une gouvernance qui sort l’homme de son dispositif, je ne peux pas le soutenir », a laissé entendre le député de l’Opposition, lors d’une récente sortie médiatique. Mais, le chef de l’Etat et ses soutiens ne veulent pas entendre ces choses.
Au plan éducatif, il y a beaucoup à dire sur les réformes. Même si le budget 2025 prévoit des dizaines de milliards pour le reversement des AME en ACDPE, le problème a tellement duré que cette annonce n’a plus créé d’enthousiasme dans le rang des concernés. Qui des enseignants du supérieur ?
Dans le secteur de la santé, des morts continuent d’être enregistrés dans le rang des dialysés. Leurs nombreux appels au secours n’a produit pour effet, en septembre 2024, que l’exonération les intrants composant les kits de dialyse des droits et taxes de douanes. Mais on est tous conscient que cela ne suffit pas pour les sauver de la mort.
Cette semaine, les médias ont relayé le SOS d’un albinos, Arnaud Sessinou, atteint d’une tumeur cancéreuse. Selon les médecins, si dans 15 jours, il n’a pas été opéré, une nouvelle fois, la tumeur va se propager dans tout son corps. Sur son lit d’hôpital, Arnaud Sessinou et ses parents attendent une évacuation sans aucune assurance qu’un regard bienveillant va sauver la vie de ce béninois.
Que dire du secteur des médias ? Depuis 2016, le moindre kopeck n’est sorti des caisses de l’Etat au titre d’aide à la presse privée. Les entreprises de presse se meurent. La communication pour survivre prend le pas sur l’information qui est pourtant du rôle de l’Etat.
Autant de sujets qui fâchent et qui montrent qu’au-delà de la construction des routes, des marchés, tout n’est pas bien dans le meilleur des mondes. Mais faudrait-il que les gouvernants actuels l’admettent.
M.M