(Certains profils en inadéquation avec le titre « ronflant »)

Rachidi Gbadamassi, Janvier Yahouédéou, Sèdami Mèdégan Fagla, Gilbert Déou Malè, Claudine Prudencio,… Longtemps attendus, les ministres conseillers sont enfin connus. Au nombre de 12 au total, certains noms sont bien connus du sérail politique. Il s’agit de gens non élus à l’Assemblée nationale 9e législature, ceux qui ont fait les frais du retour de l’Opposition incarnée par le parti Les Démocrates (Rachidi Gbadamassi et Sèdami Mèdégan Fagla). A ceux-là, s’ajoute Janvier Yahouédéou bien élu mais victime de la loi qu’il a lui-même votée et qui dispose qu’un titulaire nommé ministre peut revenir, une fois qu’il a quitté le gouvernement, prendre sa place de député. Une fois sorti du gouvernement, Hervé Hêhomey n’a pas hésité à arracher la place de député à son suppléant et frère Janvier Yahouédéou. Puis il y a les personnes qui occupaient un poste de responsabilité et qui ont été éjectées. Il s’agit de Claudine Prudencio, ancienne présidente de l’Institut national de la femme (Inf) qui n’aura passé que moins de 2 ans à ce poste. Elle a été remplacée, le 15 mars 2023 par Maître Huguette Bokpè Gnacadja. Comme elle, Gilbert Déou Malè, l’ancien Directeur général du Fonds des arts et de la culture, revient aussi au devant de la scène, après avoir été relevé de ses fonctions suite à de nombreuses critiques parues dans la presse.

Ces nominations rappellent aux Béninois l’ère Yayi. Le principe alors était de trouver un strapontin à d’anciens collaborateurs afin qu’ils ne tombent pas dans les bras de l’opposition. Sous Yayi, presque systématiquement, tous les anciens ministres devenaient conseillers à la Présidence. Et comme, les ministres étaient remplacés dans un intervalle de 1 à 2 ans, il y avait une pléthore de conseillers. Le régime de la Rupture a beau essayé de se démarquer du régime Yayi, sur cet aspect précis, rien n’a changé. Sinon l’intitulé du poste, ministre-conseiller. Mais la finalité est la même. 2026 s’approche et dans l’incertitude, face au désir de maintenir le système, à défaut de l’homme qui l’incarne, il faut faire en sorte de ne pas se créer de nouveaux opposants. C’est dans ce contexte que les nouveaux ministres conseillers sont là, tous heureux de savoir qu’ils comptent toujours pour le chef de l’Etat.

A ces noms déjà bien connus, s’ajoutent d’autres qui n’avaient pas forcément occupé des responsabilités. Mais ils viennent tous des partis politiques soutenant les actions du chef de l’Etat. Un nom manque pourtant à l’appel, celui de Bertin Coovi. Avec Gbadamassi, ils avaient multiplié ces derniers temps des sorties médiatiques considérées dans l’opinion comme des appels de pied. A l’arrivée, l’un trouve son compte. L’autre, Bertin Coovi, devra attendre encore.

Des profils en inadéquation

Sous Yayi, tellement les conseillers étaient nombreux qu’on se demandait s’ils servaient réellement à quelque chose. Cette fois, le titre a pris de la valeur, ministre-conseiller. Certainement pour dire qu’ils ont rang de ministre, salaire de ministre peut-être mais certainement pas les mêmes avantages que les ministres. Un titre bien ronflant, est-on tenté de dire. Mais qu’en est-il du contenant ? Selon le décret 2024-006 du 09 janvier 2024, le Collège des Ministres Conseillers au Bénin joue un rôle stratégique au sein de l’appareil gouvernemental. Les ministres conseillers, placés sous l’autorité directe du Chef de l’État, sont appelés à : Contribuer à la définition de la politique gouvernementale : Ils participent activement à l’élaboration des politiques sectorielles et à la préparation des discours politiques, apportant ainsi leur expertise et leur vision stratégique. Assurer le suivi de la mise en œuvre des politiques publiques : Ils sont chargés de suivre sur le terrain la réalisation des projets, réformes et programmes gouvernementaux, en étroite collaboration avec les ministères sectoriels.

Fournir des conseils stratégiques au Chef de l’État : En se renseignant sur toutes les facettes d’une situation donnée, les ministres conseillers sont en mesure de proposer des solutions pertinentes et de contribuer à la prise de décision. Représenter le gouvernement dans certaines instances : Ils participent aux réunions interministérielles et aux activités du Conseil des ministres, agissant ainsi comme des relais entre le Chef de l’État et les différents acteurs gouvernementaux.

Mais, il suffit de voir les profils de certains pour se rendre à l’évidence qu’ils n’ont pas grand-chose à donner là où ils ont été envoyés. Quelle efficacité veut-on de Claudine Prudencio, en tant que ministre conseiller à la santé ? Pour avoir été président de la Commission défense et sécurité à l’Assemblée nationale 8e législature, cela suffit-il pour que Rachidi Gbadamassi donne des conseils en matière de défense et de sécurité ?

Le cas Jacques Ayadji

Jusqu’à hier où la liste des ministres conseillers est connue, Jacques Ayadji était Directeur des transports terrestres et aériens. Est-il déchargé de ce poste avant d’être nommé ministre conseiller aux infrastructures, à la Gouvernance locale et au Cadre de Vie ? Ce qui devrait être le cas, puisqu’il n’a pas été mis la mention cumulativement avec ses fonctions actuelles. Dès lors être Directeur des transports terrestres et aériens et devenir ministre conseiller, n’est-il pas un désaveu, à part le titre « ronflant » de ministre ?

Expédit Houessou réhabilité

L’ancien Directeur général de la Sonacop, Expédit Houessou fait aussi partie des ministres conseillers. Expédit Codjo Houessou est nommé Ministre conseiller à l’Enseignement technique et à la Formation professionnelle. L’homme avait fait 22 mois de prison, accusé en son temps de mauvaise gouvernance à la tête de la Sonacop. Il a été libéré, mercredi 25 février 2015, suite à un arrêt de la Cour suprême qui l’innocente entièrement des charges qui pesaient sur lui et ordonne sa mise en liberté. Depuis, ce n’est qu’en 2024 que l’homme renoue avec une fonction publique, à la faveur de la nomination des conseillers ministres. Une façon de le réhabiliter.

M.M

A la Présidence de la République et sur proposition du Président de la République

Collège des ministres conseillers

Ministre conseiller aux Affaires économiques

Monsieur Paulin AKPONA

Ministre conseiller aux Enseignements maternel, primaire et secondaire

Monsieur Paulin GBENOU

Ministre conseiller à l’Enseignement technique et à la Formation professionnelle

Monsieur Expédit Codjo HOUESSOU

Ministre conseiller à l’Enseignement supérieur et à la Recherche scientifique

Madame Sèdami MEDEGAN FAGLA

Ministre conseiller aux Affaires sociales et au Travail

Madame Mariam DJAOUGA SACCA

Ministre conseiller à la Santé

Madame Claudine Afiavi PRUDENCIO

Ministre conseiller à la Défense et à la Sécurité

Monsieur Rachidi GBADAMASSI

Ministre conseiller aux infrastructures, à la Gouvernance locale et au Cadre de Vie

Monsieur Jacques AYADJI

Ministre conseiller aux services publics

Monsieur Janvier YAHOUEDEOU

Ministre conseiller à la Justice et aux Relations extérieures

Monsieur Gilbert M. DEOU

Ministre conseiller à l’Agriculture

Monsieur Saka Kina BIO GUERA

Ministre conseiller au Tourisme, à la Culture, aux arts et aux Sports

Monsieur Ayibatin Jonas HANTAN

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