Depuis 2016 que le Bénin a connu un changement à sa tête, le nouveau régime bouscule les habitudes démocratiques, délaissant ainsi les élections au profit des nominations des élus. Une option qui tend à confirmer le régime hybride que beaucoup soupçonnent le Bénin de devenir.
Autres époques, autres mœurs ! Cette maxime s’applique plus avec Patrice Talon, Président de la République du Bénin. Depuis 2016 que l’ancien magnat du coton a pris la destinée du pays, beaucoup de choses sont en train de changer sur le plan démocratique. À tort ou à raison ? Chacun a son opinion sur la question. Mais, toujours est-il que par l’entremise de ses réformes, le choix de certains dirigeants et responsables qui s’est toujours fait par les urnes se métamorphose de plus en plus. Ainsi, pour maintes structures, le Chef de l’État préfère de loin que des responsables soient désignés ou nommés. Autrement, le vote qui constitue l’expression sine qua non de tout régime démocratique perd son aura au détriment du simple choix des dirigeants. Des entités des Universités aux Communes, rien n’est plus comme avant. Leurs responsables et dirigeants sont simplement désignés, voire imposés. Au-delà de ces réformes politiques ardemment critiquées et ayant instauré cette vision, tout porte à croire que ce sont les désidératas de ceux qui portent ces réformes qui se transforment finalement en lois. Il suffit de voir avec quelle acrobatie le Code électoral a été modifié et complété en 2020, pour permettre au régime de désigner finalement ses maires et leurs adjoints, en lieu et place des élections toujours observées. Pour creuser l’abcès, ce sont désormais les élus locaux qui seront à leur tour désignés. Autrement, cette politique de désignation s’enracine et devient un principe dans un régime pourtant jugé démocratique. Quand on sait que cette manière de faire s’ajoute à d’autres attitudes et velléités qui éprouvent et pèsent de plus en plus lourd sur l’essence même de la démocratie béninoise, il faut commencer par se poser beaucoup de questions. La principale est de savoir si le régime de Patrice Talon est toujours et entièrement démocratique. Si beaucoup d’observateurs et de voix dénient à cet effet ce principe au gouvernement de Patrice Talon, c’est parce qu’ils ont peut-être une réponse claire à leur niveau. Toujours est-il que le Chef de l’État avait déjà averti qu’il allait éprouver les libertés et certains principes démocratiques pour le développement. Reste à savoir si les nominations à la place des élections qui deviennent une marque déposée du pouvoir en place, font partie de ce développement. Ou si elles sont à catégoriser dans un recul démocratique patent.
J.G