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« La Faiseuse d’Anges » en première à Le Centre: Nathalie Hounvo Yèkpè aborde la thématique de l’avortement

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Samedi 09 novembre 2024, à l’espace culturel Le Centre, la pièce de théâtre « La faiseuse d’Anges », un texte écrit et mis en scène par Nathalie Hounvo Yèkpè, était en première. Distribution de rôle, Achille Senifa et Ornela Fagnon. Régisseur lumière et son, Habdul Babanama. Assistante à la mise en scène, Sidoine Agoua.

Etes-vous pour ou contre la loi autorisant l’avortement ? Avant de répondre, Nathalie Hounvo Yèkpè vous invite à plonger d’abord dans l’univers de « La faiseuse d’Anges ». Sous des jeux de lumière, le décor renvoie à une dispute de couple. En toile de fond, la disparition depuis la veille de Liny, leur fille unique. Mais où est-elle passée ? Dans l’attente d’information, le père et la mère de Liny, chacun dans son coin, se jettent la responsabilité. La femme a des choses à reprocher à son homme, toujours absent. L’homme, qui pense combler son absence par une surprotection de l’enfant, a des reproches sur l’éducation donnée par la mère. Mère et père ne savent pas l’enfer que vit leur fille unique dans les mains de celui censé la protéger, et qui n’est rien d’autre que son oncle maternel, le petit frère de sa mère. Dans ce manque de communication, un drame se joue. Liny se faisait fréquemment violer sous leur propre toit. Enceinte, elle décide de disparaître pour avorter. Et le drame survint. Liny perdit la vie, dans un avortement clandestin. Tel un coup de massue, la nouvelle tombe. Père et mère, chacun reconnait ses torts.

« La faiseuse d’Ange, c’est les femmes qui aident d’autres femmes à avorter parce qu’on se dit que tous ces enfants ou fœtus sont devenus des anges. J’ai trouvé cela horrible mais horriblement beau, donc j’ai gardé ça comme titre », a laissé entendre Nathalie Hounvo Yèkpè. A ses dires, à part le fait de dénoncer le manque de communication dans le couple, cette pièce montre aussi que les hommes ne sont pas insensibles comme les femmes le pensent. « A la fin, l’homme dit à la femme, j’ai tellement peur mais je ne dois pas montrer que j’ai peur parce que je suis un homme. Et un homme, ça ne doit pas avoir peur. Donc je me cache tout le temps, je joue le papa méchant pour cacher le fait que je sois aimant ». Quant à l’accueil du public, Nathalie Hounvo Yèkpè est agréablement surprise. « J’avais beaucoup de peur mais le public a bien réagi. C’est une pièce très provocatrice, j’avais envie de jeter un pavé dans la mare et je me disais ça pourrait ne pas être bien pris. J’ai été très surprise et je suis heureuse que les gens trouvent que ça peint nos réalités et ça pose des questions. Je ne suis pas là pour régler des problèmes mais j’amène les gens à se poser des questions sur des faits, sur nos comportements dans la vie » a-t-elle laissé entendre.

Pour le Directeur de l’espace culturel Le Centre, Berthold Hinkati, la pièce « La faiseuse d’Anges » est un spectacle de grande facture qui peut circuler au Bénin et ailleurs. « C’est toujours bien de brosser ces sujets d’actualité pour informer et ça aiguise aussi la curiosité de certaines personnes à aller chercher cette loi sur l’avortement afin de la lire. Le Bénin est un pays de sauvegarde des traditions et des mœurs et quand on parle d’avortement, ils sont nombreux à opiner négativement sur la question. Alors qu’à y voir de près, tout n’est pas négatif. Il y a beaucoup de perte en vies humaines dans des avortements clandestins. Ça interpelle tout le monde, enfant, femme, jeune » a laissé entendre Berthold Hinkati. Situant le contexte dans lequel s’est déroulé la résidence, Il souligne que l’équipe de Nathalie Hounvo Yèkpè s’est rapproché de Le Centre pour faire part de ce projet à soumettre dans le cadre du dispositif d’aide à la création de l’Institut français. La résidence a duré quelques semaines à Le Centre, suivie de la restitution.

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Racine Hodéhou, accessoiriste : « c’est un très joli décor »

« Je suis accessoiriste. Donc quand je viens à ce genre de spectacle, c’est pour voir d’abord le décor, comment les choses sont placées. Et j’ai vraiment aimé. C’est un très joli décor. Après cela, j’ai apprécié l’énergie que dégageaient les comédiens. Le texte aussi est poignant et révèle ce que beaucoup de familles vivent aujourd’hui. Il faut donc faire un travail de sensibilisation, d’éducation. Comme l’autrice a dit, la question d’être pour ou contre l’avortement ne devrait même pas être posée. On se découvre dans chaque situation ».

David Gnanha, photographe : « la thématique abordée nous touche directement… »

« Nathalie Yonvo Yekpe a écrit quelque chose de très actuelle puisque ça parle de la loi promulguée sur l’avortement. Les comédiens ont tellement bien incarné le travail qu’elle a fait que vous ne pouvez pas rester sans émotion. Ça parle à toutes les couches et je demanderais à tous ceux qui aiment le théâtre ou pas, béninois, africain, chercher à voir cette pièce-là. Ça traite de nos problèmes actuels. Il y a la responsabilité des parents, le manque de communication dans le couple qui se sent déjà dans le décor. On voit la femme dans une bulle, l’homme dans une autre et chacun se rejette le tort mutuellement. A la fin, on se rend compte que c’est un oncle de la maison qui a trouvé la faille pour commettre le viol sur l’enfant surprotégé. Qu’est-ce que l’oncle est devenu à la fin, des questions se posent. La thématique abordée nous touche directement et il faille voir ce spectacle. Je suis contre l’avortement mais il y a des conditions. Par exemple si une femme se fait violer par un inconnu, qui voudrait avoir cet enfant-là ? Mais la plus grande décision revient à la femme ».

Bertrand HOUANHO

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