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Gouvernance sous la Rupture Comme si tout était imposé aux béninois

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Des réformes aux décisions qui paraissent même les plus élémentaires semblent toujours loin de recevoir l’adhésion des populations, principales cibles des réformes et initiatives. Depuis l’avènement de la Rupture, le consensus semble, selon certains observateurs, ne point constituer le socle des décisions engageant la vie des béninois et pour les béninois. Des remous et contestations souvent observés laisseraient croire à une approche selon laquelle, tout serait imposé aux populations…

“Vous allez en souffrir mais vous ne pouvez rien faire“. Cette affirmation devenue populaire depuis quelques années désormais semble justifier les appréciations de la gouvernance Talon par des populations, visiblement convaincues qu’il ne leur est laissé que la possibilité de subir, de se conformer. Et même les quelques voix qui se veulent critiques semblent également persuadées que les critiques portées ne pourraient influencer la position des gouvernants actuels. Si le vacarme autour du nouveau Code électoral se veut une illustration, il n’est pas exclu que certains estiment que l’adoption de ladite loi électorale émane de l’Assemblée nationale, représentative de la population béninoise. Il serait toutefois important de rappeler combien la composition du parlement majoritairement de la mouvance politique, suscite diverses interprétations dans l’opinion. La seule évidence reste la levée de boucliers observée contre l’adoption de ladite loi électorale mais surtout l’indifférence face aux cris et alertes quant à la menace que constitue, le nouveau Code électoral notamment pour les prochaines élections générales de 2026. La société civile, bien que lassée de plaider en vain jusqu’ici, perçoit la nécessité d’amplifier l’écho sans aucune garantie que les gouvernants actuels s’en préoccupent véritablement. Les partis et acteurs politiques de l’Opposition s’en sont récemment remis à la Cedeao sans être convaincus qu’elle puisse réellement faire grand-chose. Alors que certains acteurs de la mouvance politique n’ont pas manqué de suggérer des pistes pour une relecture du Code électoral, les confessions religieuses ont dû également hausser le ton. Mais Rien ! Le nouveau Code électoral reste en vigueur et peut-être qu’il faudra encore subir la réalité des dispositions qu’il contient sans pouvoir y rien faire.

La Rupture et les critiques : il faudra trouver mieux…

Outre le Code électoral, la plupart des réformes sous le régime de la Rupture font l’objet de vives critiques. Et quand bien même certaines se révèlent pourtant nécessaires, beaucoup pensent qu’on ne peut faire le bonheur d’un individu sans qu’il ne se sente concerné. Des réformes économiques à celle du système partisan sans oublier la gestion déléguée du Port autonome de Cotonou, la liquidation des structures comme l’Onasa, les licenciements collectifs, la politique de privatisation, la création de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), perçue par certains observateurs comme un instrument de répression politique au service du pouvoir, le Code du numérique perçue comme une menace à la liberté d’expression et de presse, la libération des espaces publics, la restriction du droit de grève dans des secteurs comme l’éducation et la santé, etc. Les réformes sous la Rupture suscitent souvent inquiétudes et critiques dans l’opinion. S’il peut bien paraitre incompréhensible que des décisions comme celle relative à la construction de nouveaux marchés urbains suscite encore de critique ou encore de polémique, malgré son impact sur l’amélioration des revenus et du cadre de vie, il importe de s’interroger sur les réelles mobiles de ces critiques voire contestations.

L’autre cas qui suscite également moult interrogations reste l’interdiction de l’exportation du soja grain et de noix brutes de cajou. Si la décision se révèle salutaire étant donné que le pays, dans une dynamique d’industrialisation, se donne les moyens de transformer localement ses matières premières, elle n’a pas manqué de susciter une vive polémique. En effet, par décret 2022-568 du 12 octobre 2022, le gouvernement a acté l’interdiction pour compter du 1er avril 2024. Seulement, très peu étaient au courant de l’existence d’une telle décision. Mais place sera faite à la polémique avec le décret n° 2022- 419 du 20 juillet 2022 portant fixation de nouvelles redevances à l’exportation du soja et du riz paddy, en soutien aux prix des intrants agricoles. La finalité n’étant que l’interdiction de l’exportation du soja, selon des observateurs, cette option bien que salutaire, est encore loin de recevoir l’adhésion des cibles, tant des producteurs et commerçants tentent toujours de contourner la décision pour exporter hors du territoire national le soja.

Il parait donc évident qu’au-delà des réformes, il y a un sentiment des populations dont semblent ne pas se préoccuper les gouvernants actuels. Et selon plusieurs observateurs, il se passe que beaucoup perçoivent les réformes et initiatives comme si tout leur est imposé sans requérir au préalable ou encore prendre en compte leurs préoccupations et suggestions. Les béninois seraient bien convaincus que les gouvernants ne sont pas forcément animés d’une mauvaise foi mais l’idéal serait la recherche du consensus, comme socle des réformes et initiatives. Même si l’on est de plus en plus certain que les critiques n’influencent presque pas la position gouvernementale, il importe pour le régime de revoir son approche si tant est que le Chef de l’Etat espère toujours être porté en triomphe en fin de mandat.

M.M

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