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Face au tollé général provoqué par la loi électorale de 2024 : Les soldats de Talon pour imposer la relecture

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La récente modification de la loi électorale intervenue en 2024 a clairement dessiné la ligne de séparation entre le pouvoir et l’opposition. Preuve que tant dans sa forme, dans son contenu que dans l’opportunité de sa mise en débat, ce code constitue une véritable pomme de discorde entre ceux qui veulent conserver leurs privilèges de pouvoir et le reste de la communauté nationale. La campagne pro-code est annoncée pour démarrer avec les pasteurs évangéliques du Couffo. Et pour cause.

Il est fort intéressant de constater que depuis la promulgation par le Président Talon du code électoral modifié et voté par sa majorité au Parlement au grand dam de l’Opposition représentée par Les Démocrates, aucun homme de science sérieux et aucune organisation de la société civile ne se sont ouvertement engagés dans la défense du nouveau texte. La levée de bouclier lancée par la Conférence épiscopale du Bénin (Ceb) craignant d’être a posteriori appelée en sapeur-pompier pour éteindre des feux allumés et attisés par des politiciens avides de pouvoir, a embarqué une horde d’experts électoraux, de politistes et de juristes, tous critiques à l’égard du code promulgué et qui connaitra sa première application en 2026. Ils ont pour noms Francis Lalèyè, Mathias Hounkpè, Samson Igor Bidossessi, Landry Adélakoun, Romaric Zinsou, Miguèle Houéto, Fréjus Attindoglo et Conaide Akouédénoudjé. Les uns se sont exprimés dans le cadre du colloque scientifique organisé par la Ceb et les autres ont été contraints de porter plainte contre le gouvernement devant la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (Cadhp), faute d’avoir pu se faire donner raison par la Cour constitutionnelle du Bénin.

Cap sur les Pasteurs du Couffo

Avec l’entrée en scène de plusieurs associations appelant à la relecture de ce code à mille inconnues qui sera expérimenté à l’occasion d’élections générales jamais organisées au Bénin depuis le Renouveau démocratique, il est apparu urgent pour les partis de la majorité présidentielle de se jeter à l’eau. Sous la férule d’un député de ladite majorité qui préside une commission parlementaire, une Assemblée générale des pasteurs des églises évangéliques du Couffo est prévue pour se tenir demain mercredi 18 septembre 2024, avec à l’ordre du jour deux communications : une première sur le code électoral qui sera présentée par ledit député ; et une seconde sur la paix qui sera donnée par une femme, haute personnalité politique de l’Etat. Si le dévolu jeté sur les pasteurs évangéliques semble être à la fois une réplique au colloque de l’église catholique appelant à la correction du code crisogène et un pied de nez tant au Président Boni Yayi qu’à des personnalités politiques de cette obédience religieuse y compris du camp Talon, c’est surtout l’instruction adressée à « tous les députés et maires du Couffo d’être présents » à cette Assemblée générale de pasteurs qui paraît loufoque. Que des hommes de Dieu se réunissent pour se prononcer de façon neutre sur une loi votée par nos représentants de la Nation n’a rien de gênant. Ils pourraient à l’occasion se faire éclairer par des spécialistes qui viendraient soutenir leur science, envers et contre une opinion publique largement acquise à la relecture du code électoral de la Rupture. Le rôle des confessions religieuses est certes d’une importance indiscutable, mais c’est le fait qu’elles soient mises à la remorque des politiques en campagne de perpétuation de leurs zones de confort qui est avilissante pour la foi.

Les experts de la Rupture

Face à l’aréopage très relevé de Professeurs d’université et de praticiens des matières électorales qui militent en faveur de la relecture de la loi promulguée en mars dernier par le Président Patrice Talon, pourfendeur notre “désert de compétences” devant l’Éternel, ce dernier n’apprécierait pas que cette loi votée davantage par force que par raison soit défendue par des députés sans référence scientifique, doublés d’un saltimbanque à jeun depuis la fin de la dernière présidentielle de 2021 à laquelle il participa dans un duo de fortune. La vie démocratique du Bénin et la solidité de son système institutionnel méritent infiniment que les lois et textes appelés à les régir soient portés par des acteurs qui font autorité. Malheureusement, il semble qu’après les tournées dites de reddition de comptes, des partisans politiques bénéficiant du financement public mettent le cap sur une nouvelle campagne pour réexpliquer le même code électoral dont ils ont rendu compte, après l’avoir voté depuis début 2024. Qu’est-ce qui fait courir ce député du Couffo dans nos temples évangéliques ? Les avait-il oubliés lors de sa tournée ? Le Président Talon serait bien sage de privilégier la sérénité de sa retraite méritée après 2026 plutôt que de prêter flanc aux faucons qui l’invitent à foncer droit dans le mur.

Angéla IDOSSOU

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