Le gouvernement, l’Assemblée nationale et la Commission électorale nationale autonome (CENA) du Bénin ont été destinataires d’une pétition pour la relecture du Code électoral, enregistrée à la Cour constitutionnelle, à la suite des alertes lancées conjointement par les églises, mosquées et couvents du Bénin.
L’enjeu que représentent les élections générales de 2026, inédites dans l’histoire du Renouveau démocratique, est trop grand pour qu’on avance vers elles sans un consensus autour des conditions d’un atterrissage réussi et paisible. Encore faut-il que le pilote Talon soit réceptif et réactif à leurs appels.
La prévention des crises politiques notamment électorales passe par l’accord des parties-prenantes autour de règles consensuelles de compétition démocratique. C’est sur le fondement de ce principe de gouvernance apaisée que feu Président Mathieu Kérékou a pris de court les faucons de son régime militaro-marxiste en pleine banqueroute à la fin des années 80, pour convoquer la Conférence nationale des forces vives de la Nation et offrir à notre pays, une vraie aube nouvelle éponyme de notre hymne national.
C’est un secret de Polichinelle que pour y arriver, l’ex-Général-Président à su faire montre d’une grande capacité d’écoute et d’ouverture d’esprit à l’égard des confessions religieuses, de la société civile, des syndicats professionnels et des associations estudiantines. C’est donc à juste titre que le Cadre de Concertation des Confessions Religieuses (Cccr) a rappelé dans sa déclaration du 02 septembre dernier, jour de la rentrée gouvernementale, que « De nombreux vents se sont soulevés contre la démocratie, mais grâce à la prière des uns et des autres, Dieu est entré dans notre barque pour calmer ces nombreuses tempêtes ».
Aujourd’hui, c’est au Président Patrice Talon que revient devant l’histoire de notre jeune démocratie, la responsabilité de se refuser à toute politique de l’autruche et à toute posture du sourd-muet pour offrir au Bénin, des perspectives qui inscrivent dans la postérité, ses actions de développement d’ailleurs reconnues et saluées par les confessions religieuses. Pour autant, ces dernières non pas hésité à dire unanimement « Non » au Code électoral négocié et voté au grand dam de l’opinion publique et de la société civile, en raison des risques de crise qu’il annonce.
Dans la foulée, la Cour constitutionnelle a été saisie d’une pétition pour la relecture dudit code, introduite par un certain Pierre Goukpanian et qui sera examinée le jeudi 12 septembre prochain par les sept sages. Entre une frange de la population béninoise et Dieu, Allah et le Vaudou qu’elle adore, le Président Talon et sa majorité sont appelés à revisiter les conditions et règles de candidature et d’élection aux communales, aux législatives et à la présidentielle de 2026.
Jamais dans l’histoire politique récente de notre pays, on a expérimenté en quelques mois, une mise en concurrence multiniveaux des acteurs politiques parrainés par leurs partis respectifs en vue de la conquête des exécutifs communaux, de l’Assemblée nationale et de la magistrature suprême du pays.
La nouveauté de cette compétition qui mobilisera enjeux locaux, régionaux et nationaux tels des jeux olympiques ne mérite-t-elle pas en soi qu’on s’y engage avec prudence, humilité et consensus ? A en juger l’entêtement forcené de certains défenseurs du code voté le 5 mars dernier par 79 voix pour, 28 contre et une abstention avant d’être promulgué par le Président de la République, on croirait que le Bénin en a déjà fait l’expérience dans le contexte tout aussi nouveau, né de la réforme du système partisan.
A mesure que s’égrènent les jours et les semaines qui buteront sur la limite des six mois précédant la convocation du corps électoral impartie par le protocole de la Cedeao sur la démocratie et la bonne gouvernance pour modifier la loi électorale, le peuple et les confessions religieuses retiennent leur souffle, espérant que le chef de l’Etat Patrice Talon, en bon père de famille, sortira de son mutisme pour inspirer la relecture par les députés de ce code aux airs de bombe à fragmentation.
Angéla IDOSSOU