Si les gouvernants préfèrent s’accrocher au faible taux de chômage pour se donner certaines ailes, celui du sous-emploi semble ne pas les inquiéter. Les chiffres inquiétants et hallucinants à chaque concours montrent combien de fois le sous-emploi devrait également inquiéter au même titre que le chômage.
Les récents chiffres de la Banque mondiale et de l’Instad montrent que le taux de chômage au Bénin est dans l’ordre de 2 à 3%. Autrement, plus de 97% des béninois ont une activité qu’ils exercent au quotidien. Toute nation pourrait à raison se féliciter d’un tel exploit. Surtout pour un pays comme le Bénin qui est en voie de développement, c’est un effort que bon nombre saluent. Dans cette perspective, les gouvernants ne manquent pas de brandir ces chiffres tel un trophée de guerre.
Sous la Rupture et le Nouveau départ de Patrice Talon, ministres et cadres en font à chaque fois que l’occasion se présente, leur chou gras. Parfois, ils sont tentés de convaincre qui veut les croire que nul n’avait fait mieux. Si cette pratique est de bonne guerre, les chiffres par ambivalence cachent une autre réalité beaucoup plus sournoise et insipide. Car, à côté de ce très faible taux chômage, se trouve le phénomène de sous-emploi.
À ce niveau, tout le monde devient aphone. Mais, les concours d’entrée à la fonction publique et autres circonstances révèlent au mieux cette réalité qui semble ne pas trop intéresser les dirigeants. Sur 167 agents recrutés au récent concours au profit de la justice, 10.404 candidats étaient en lice. Pis, le dernier concours de recrutement au profit du trésor public a fait composer 14.773 candidats, pour un besoin de 150 personnes.
Autrement, plus de 90% des candidats échoueront à ce concours. Même si certains parmi les participants ont déjà une situation professionnelle et veulent sûrement mieux à travers ces concours, il est tout de même à noter que la grande majorité des participants n’ont pas de situation professionnelle reluisante. Un fait qui montre combien de fois le sous-emploi peut également constituer au même titre que le chômage, un poison pour la jeunesse béninoise.
Au lieu de se féliciter d’avoir réduit donc le taux de chômage, le gouvernement de Patrice Talon devra aussi se préoccuper davantage de la qualité des emplois que tout le monde semble banaliser. Même si des efforts sont en train d’être consentis pour relever la pente, il est de ce pas à noter que ces réalités du terrain que découvrent les béninois au lancement de chaque concours sont en buste avec cet exploit tant distillé. Rien n’est encore rose!
J.G