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Promotion du tourisme au Bénin : La forêt sacrée de Kpassè, un riche patrimoine culturel et historique à préserver

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La forêt sacrée de Kpassè, également connue sous le nom de “Kpassé Zoun” est un îlot forestier situé à Ouidah, haut lieu du Vodoun, au sud du Bénin. Elle abrite plusieurs divinités autour desquelles s’organisent périodiquement de grandes cérémonies rituelles. C’est aussi un musée à ciel ouvert qui accueille de nombreux visiteurs.

Riche patrimoine culturel et historique, la forêt sacrée de Kpassè se trouve dans le département de l’Atlantique, à l’est de la commune de Ouidah, dans l’arrondissement de Tovè II et le quartier de Tovè qui l’englobe entièrement. À l’origine, elle s’étendait sur 30 hectares, mais avec l’extension des cités, elle ne compte plus que 4 hectares et se retrouve donc en pleine ville.

Selon les explications de Florisse Adéossi, guide du tourisme, la forêt sacrée de Kpassè doit son nom au roi Kpassè, deuxième roi de Savi, fondateur du royaume Houéda, mystérieusement disparu et qui se serait incarné en iroko au cœur de la forêt. C’était depuis 1661, et les visiteurs peuvent formuler des vœux au pied de cet arbre. Ce qui confère un caractère sacré à cette forêt.

Une forêt dense

La forêt sacrée de Kpassè est une forêt dense humide semi-décidue. Elle abrite 36 espèces réparties dans 20 familles, dont les plus représentées sont les suivantes :

  • Leguminosae (6 espèces, soit 16,67 %), Moraceae (4 espèces, soit 8,33 %), Apocynaceae et Rubiaceae (3 espèces, soit 8,33 %).
  • Des arbres vénérés et des plantes médicinales comme Newbouldia laevis
  • Des fromagers et des essences consacrées, au pouvoir médicinal
  • Un grand iroko (Milicia excelsa) qui perdure encore depuis des siècles, symbole de la réincarnation du roi Kpassé disparu mystérieusement selon la légende.

Un riche patrimoine culturel et historique

La forêt sacrée de Kpassè est aujourd’hui aussi un musée d’art.

Sous le guide Florisse Adéossi, nous y avons découvert un riche patrimoine culturel et historique nécessaire pour la promotion touristique.

On y trouve des statues symbolisant des divinités Vodoun comme :

Deux statues de panthères à l’entrée qui représentent les emblèmes du roi Kpassè.

La statue d’une femme calebasse en mains

Une statue représente une femme qui garde une calebasse dans ses mains. À chaque fois qu’elle verse de l’eau par terre, elle souhaite la bienvenue dans la cour royale. C’est un geste d’hospitalité.

Le prêtre du fa appelé Bokonon

  Il prédit le futur, le présent ou le passé, par l’intermédiaire de son chapelet.

Le roi et son messager

C’est un  ensemble de statuettes formant la dynastie royale. Tous les différents successeurs du roi Kpassè y sont alignés.

Le Tolègba

C’est une divinité généralement installée à l’entrée des maisons, des rues ou des villages. Il attire le bien et rejette le mal. Posée devant une maison, on l’appelle Houélègba, devant un marché, on le nomme Ahilègba. Chacun peut l’avoir chez soi, et il est ainsi désigné sous l’appellation de  Fa Lègba. Dans le cas de la forêt sacrée de Kpassè, c’est un Tolègba. Ses deux cornes symbolisent la puissance. Son pénis toujours en érection est signe  de fertilité. Il souhaite généralement la bienvenue à tout venant.

 Le faiseur de pluies

Il joue deux rôles principaux. Il provoque la pluie avec la canne rose du devant et peut arrêter la pluie avec la canne blanche du derrière. Lors des cérémonies, cette divinité est implorée pour empêcher la tombée de la pluie. Elle peut être également implorée pour provoquer la pluie.

 Le Zangbéto

 C’est le gardien de la nuit. Il assurait la sécurité du village. De nos jours, il est sollicité sur les cérémonies pour des séances de danses et démonstrations. Le Zangbéto danse en faisant bouger sa case. Mais quand la case est renversée, on n’y trouve rien. Puisque l’esprit est invisible, on n’y trouve que, soit de l’eau, de la nourriture, du feu, du serpent, du crocodile…. Le Zangbéto continue cependant de garder le village la nuit.

Un adepte du dieu de la terre

La terre,  communément appelée Sakpata, est considérée comme une divinité. Toutes les personnes qui adorent le dieu de la terre sont appelées Sakpatassi.

L’homme à deux faces (Agbadjigan, espion du roi)

L’homme à deux faces est en même temps un messager et un espion du roi. Du devant, il transmettait le message au roi. Du derrière, il était son espion. Sur sa tête se trouve l’antenne réceptrice. Agent secret du roi, il collecte  les informations qu’il transmet à ce dernier.

Le temple du python

 Le temple de Python recevait les cérémonies vouées au python. Mais avec la mise en place du temple de Python de Ouidah, les cérémonies y sont transférées.

Un arbre mythique

L’arbre mythique était tombé, et 41 jours après, il s’est redressé de lui même. Il a chuté le 4 juin 1988 et le 14 juillet 1988, quand les tractations étaient en cours pour découper ses branches, un vent fort a soufflé et l’a redressé.

Le génie de la forêt (Aziza)

C’est le dieu des artistes et des artisans.

La nouvelle adepte du Vodoun

C’est une femme qui a subi les rites d’initiation et qui est prête pour vénérer, adorer un dieu. Puisqu’elles sont des nouvelles venues, on les appelle Hounsi Kpokpo. C’est pour différencier les nouvelles des anciennes. Elles ne portent pas d’habits, ni de chaussures.

L’Adepte du tonnerre

Il adore et vénère le dieu du tonnerre. Il a disposé ses mains aux hanches et rit. Quand bien même il est d’un âge avancé, étant un adepte, au cours rites et cérémonies, il doit être capable de faire les pas, continuant ainsi à pratiquer sa tradition. C’est dire donc que même à l’âge avancé, en tant qu’adepte, l’on doit continuer à transmettre sa culture.

L’Arc en ciel

C’est le serpent qui se mord la queue pour montrer la continuité de la vie. Elle tourne rond, passe de génération en génération, avec des hauts et des bas. C’est le symbole de la continuité et de l’infini.

Le couvent de la forêt sacrée

C’est un couvent à triple porte. La porte du milieu est réservée au roi, la droite, l’entrée des adeptes, et la gauche, celle des prêtresses.

La case des cérémonies appelée Gozinho

Une cérémonie s’y déroule tous les 7 ans  et implique  41 filles vierges ou 41 femmes ménopausées. Une grande jarre s’y est fermée et est  ouvert tous les 7 ans pour la purification de la ville.

 Le dieu du fer mâle et le dieu du fer femelle.

Les artisans qui travaillent le fer implorent ce dieu.

Le dieu du tonnerre femelle, le dieu du tonnerre mâle

C’est le dieu de la foudre. Il foudroie les malfaiteurs. Un fusil mystique appelé Tchakatou en langue locale est placé au beau milieu de la forêt. Toute personne qui en fait usage spirituellement pour nuire à son prochain est fourvoyé.

Le faux fromager

C’est un arbre appelé faux fromager datant de quatre siècles.

La statue du syncrétisme

Cette statue exprime la liberté pour chacun de pratiquer la religion de son choix. C’est le symbole de la cohabitation entre les religions.

La représentation d’un adorateur du python

Cette statue représente les adorateurs du python. Ils portent des cicatrices de reconnaissance dans le visage, deux sur le front, deux sur chaque la joue et  deux sur la tempe.

L’agriculteur

Une statue d’agriculteur est érigée pour rendre hommage au roi Kpassè qui était un paysan, un agriculteur. D’où le nom de Glexwé. Glé signifiant champ, et xwé maison.

Le prêtre du fâ pensif

Le prêtre du fâ pensif est représenté avec sa main au menton. À en croire les propos de Florisse Adéossi, il a reçu le signe du décès du roi qui devait intervenir dans les trois jours qui suivent. S’il l’annonce, il est décapité. Selon la tradition, tant que le roi est vivant, on n’annonce jamais sa fin. Mais après sa mort, il y a des termes appropriés pour l’annoncer : il fait nuit, il fait sombre, un grand baobab s’est déraciné, le roi a voyagé. Il ne peut pas annoncer la nouvelle et tenir sa vie parce que le roi est encore vivant. Il est resté pensif pendant les trois jours et le roi est décidé. La leçon à tirer est que toute vérité n’est pas bonne à dire.

Un patrimoine touristique à préserver

Officiellement ouvert au public en 1992, la forêt sacrée de Kpassè draine des visiteurs et des touristes des quatre coins du monde. La structure enregistre selon la guide, quelques centaines de visiteurs par an. Ils proviennent de la France, d’Angleterre, des Pays-Bas, de Haïti, des Etats-Unis d’Amérique, de Finlande, du Brésil, et même de la Chine, ainsi que de plusieurs pays africains.

Réalisé par Thomas AZANMASSO

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