Home Bénin Bénin/Marché des légumes : La carotte importée irréductible !

Bénin/Marché des légumes : La carotte importée irréductible !

0

Marché Calavi Topka dans la matinée de ce vendredi 26 juillet 2024. Simple vérification de routine de la dure concurrence que subit la carotte locale de la part de celle importée surtout en ce temps de raréfaction du made in Benin…

Dans ce marché qui reçoit d’autres bâtisses, elle se distingue de par son étalage de vente de fruits et légumes ; celle que nous appelons ici, ‘’maman saladanon’’ (vendeuse de laitue). Elle a su, à travers le temps, se faire une notoriété dans cette activité dans ce petit marché de Calavi Tokpa. Si tout ce qu’il faut pour faire un bon plat de salade vous est proposé, un légume attire l’attention ; La carotte importée. De par sa grosseur, sa longueur, sa couleur elle se démarque tout de go de la carotte locale qui elle, est le plus souvent moins dodue, moins longue et surtout sa couleur orangée (un mélange du rouge et du jaune).

Et, en ce temps de vache maigre que connaît la carotte locale, celle importée est perceptible chez toutes les revendeuses de légumes du marché et en dehors. Aussi, de tout temps, l’écart entre le prix de la carotte importée et celui de la carotte locale est significatif. Elle coûte bonbon la carotte importée. S’il faut débourser juste 500 F Cfa pour avoir quatre grosses et longues carottes importées, il faudrait dépenser le triple pour avoir une quantité pareille avec la carotte locale.

« Mes carottes me viennent du Burkina », confie ‘’maman saladanon’’ qui selon nos observations est plus portée à commercialiser la carotte importée que celle locale. D’ailleurs, comme de petits pains, ses tas de carottes sont achetés. Rencontrée à Akassato dans la commune d’Abomey-Calavi, maman Sessi est également revendeuse de fruits et légumes, installée à quelques pieds de la route. Elle reçoit dame Dikè en quête de la laitue. Sur son étalage, point de carotte importée. Contrairement à quelques jours plutôt où elle n’avait que ça, ce vendredi, seule la carotte locale se laissait voir. « Celle-ci est de chez nous. L’autre nous vient souvent du Ghana ou du Nigeria », fait-elle savoir. A l’entendre, autant il y a des client(e)s qui raffolent de la carotte importée, autant il y en a qui ne veulent que celle locale. Et l’exemple était bien à côté d’elle. « Je n’aime pas ça du tout. C’est trop sucré », lâche le visage boudeur une autre dame avec laquelle, maman Sessi s’affairait avant notre arrivée.

 

Accroître la production locale, l’autre défi

Selon une étude sur ‘’Mieux produire la carotte au Bénin’’, la carotte est un légume qui préfère les températures relativement basses de la période sèche et fraîche. Les fortes chaleurs ne permettent pas une meilleure formation des racines. Au Sud-Bénin, la période allant de juillet à septembre est propice. Au Nord-Bénin, c’est plutôt la période allant de novembre à février qui favorise une meilleure production des racines de la carotte. Par ailleurs, les périodes de production peuvent s’étendre de juillet à janvier pour le Sud et de juin à février pour le Nord. Au-delà de ces périodes, les carottes produites ont des racines peu développées et sont de moindre qualité.

Producteur maraîcher, A S a signifié de son côté que la carotte se produit à tout moment, en toute saison, étant un produit maraîcher. La pénurie qui s’observe actuellement sur le marché est due, selon lui, à la forte chaleur des mois écoulés. « Même si les maraîchers arrosent, la forte chaleur qui a prévalu inhibe les efforts et les racines ont du mal à se former », souligne-t-il. Hubert Glin, est Technicien Agricole/Agro-écologiste. La production des carottes comme d’autres cultures maraîchères au Sud-Bénin, explique-t-il, est confrontée aux aléas climatiques. La rareté des pluies et surtout la forte chaleur constatée lors de la dernière saison sèche ont inhibé la germination des semences de carottes dont la production se fait en semi direct. Selon lui, on produit aussi au Bénin de grosses carottes à l’image de celles importées aujourd’hui des autres pays vers le Bénin. La question de la grosseur se situe au niveau de la technique de production que vous soyez dans la production conventionnelle ou dans la production biologique. « Si si ! Les grosses carottes, nous en avons beaucoup sur le site maraîcher de Sèmè. Nous utilisons au Bénin presque les mêmes semences de carotte. D’autres produisent et récoltent de grosses carottes au Bénin. Ceux-là, pour la plupart, utilisent des engrais chimiques. Mais ceux dont les carottes ne grossissent pas sont pour la plupart dans la production biologique et ne sont peut-être pas prêts à sortir les moyens pour l’acquisition des engrais biologiques qui coûtent chers que les engrais conventionnels », nuance Hubert Glin. « J’étais à Sèmè sur les sites de production maraîchère en Avril passé. C’était la désolation. Il fallait arroser au moins 3 fois par jour afin de garantir une production. Tous ceux qui utilisent de l’essence ou gasoil ont dû abandonner la production pour aller se chercher dans d’autres secteurs d’activités en attendant la saison pluvieuse. J’ai rencontré un producteur qui utilise du gaz butane. Il avait l’habitude d’utiliser une bouteille de gaz de 12 kg sur une superficie de 1/2 hectare durant 10 à 12 jours. Durant cette période, cette quantité de gaz n’excédait plus une semaine », fait savoir le Technicien Agricole.

L’un pris dans l’autre, appréciée pour ses valeurs nutritionnelles en alimentation et aussi pour son utilisation dans le domaine de la cosmétique, la carotte se taille une grosse part dans la commercialisation des légumes. Crue, bouillie, frite ou en jus, elle passe. Mais au Bénin, sa production ne couvre pas la demande, affirme Hubert Glin. Penser à accroître sa productivité, reste le défi majeur auquel, et gouvernement, et projets/programmes, et maraîchers doivent réfléchir afin d’infléchir la tendance.

Cyrience Fifonsi KOUGNANDE

NO COMMENTS

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Quitter la version mobile