… lorsque les Etats s’engagent à sanctionner les coups d’Etat ils oublient quelque chose, quelque chose de très fort, les coups d’Etat institutionnels. Au niveau de la population, cela a la même valeur. Lorsque vous venez aux élections par des règles et que parce que vous voulez perdurer au pouvoir vous changer ces règles, ça s’appelle aussi un coup d’Etat, il est seulement institutionnel… », a laissé entendre celui qui est devenu le conseiller spécial aux affaires stratégiques et africaines de Jean-Paul Cartero, organisateur du forum de Crans Montana.

Législatives de 2019

Quand on parle de changement de règles au cours du jeu, le Bénin en a connu au moment où Aurélien Agbénonci était le ministre des Affaires étrangères et de la coopération. Même si ce n’est pas dans le dessein de faire perdurer le mandat du chef de l’Etat au-delà de la limite constitutionnelle, la démocratie béninoise a été sérieusement mise à rudes épreuves au point où, pour la première fois dans l’histoire du Bénin, aucun député de l’Opposition n’a siégé au Parlement de 2019 à 2023. Pour cela, il aura fallu que la Cour constitutionnelle, par sa décision EL 19-001 du 1er février 2019, crée une nouvelle pièce, le « certificat de conformité », qui n’est ni prévue par la nouvelle Charte des Partis, ni par le Code Electoral comme condition de participation des partis politiques aux élections dans la période transitoire de six (06) mois. Plus surprenant, cette décision de la Cour viole le protocole de la Cedeao qui interdit toute modification des lois électorales dans une période de 6 mois avant le scrutin. Cela a pourtant été fait au Bénin de Aurélien Agbénonci. Conséquence, seuls les partis proches du pouvoir Talon ont eu le précieux sésame. Les principaux partis de l’Opposition ont été écartés. Ce qui a engendré des violences post-électorales dont le Bénin continue de panser les plaies.

Les communales et municipales de 2020

Pis en encore, en 2020, après l’élection des maires, on était en plein processus d’installation quand, ayant constaté, par endroits, que les élus locaux ne respectaient pas les consignes des partis de la mouvance présidentielle quant à l’élection des maires, on a suspendu le processus. Les députés sont retournés au Parlement pour changer le Code électoral, donnant aux partis le pouvoir de désigner les maires dans les communes où ils ont la majorité absolue. Ainsi, pour la même élection, on a des maires élus par leurs pairs et des maires désignés par leurs partis. Si ce n’est pas changer les règles du jeu au cours du jeu, comment appelle-t-on cela ? Tout cela, Agbénonci l’a connu. Cela a été fait quand il était ministre des Affaires étrangères. Ami d’enfance, cousin et l’un des très proches de Patrice Talon, Aurélien Agbénonci n’a jamais levé le ton dans le temps. On ne l’a jamais entendu se prononcer sur ces entorses à la bonne gouvernance et à la démocratie qui ont fait le lit à l’exclusion et à des arrestations d’opposants.

Mais depuis qu’il n’est plus ministre dans le gouvernement Talon, l’homme a retrouvé son côté défenseur de la bonne gouvernance et de la démocratie. Ou bien le coup d’Etat institutionnel, c’est seulement quand le chef de l’Etat change la Constitution ou les lois électorales pour faire un 3e, 4e ou énième mandat ?

M.M

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