Home Bénin Bénin/Après sa liquidation : Qui va enfin racheter la Sobémap ?

Bénin/Après sa liquidation : Qui va enfin racheter la Sobémap ?

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Dissoute il y a plus de deux ans par décret 2022-685 du 30 novembre 2022, la Sobémap créée en 1969 a été liquidée après 53 ans d’activités par l’expert-comptable Armand Fandohan du cabinet Mazars.

Le gouvernement a justifié la dissolution de cette société par son « faible niveau de compétitivité lié à son statut d’entreprise publique qui ne facilite pas la flexibilité et l’adaptation aux exigences du commerce maritime international ; et par sa trop faible capacité d’investissement qui ne lui permet pas d’adapter ses équipements aux besoins de l’industrie maritime en perpétuelle mutations. » Où en est-on actuellement dans la transformation de cette société ?

L’objectif annoncé par le Conseil des ministres était de substituer la défunte entité par une société d’économie mixte avec son capital porté par l’Etat et un partenaire stratégique de référence internationale. Selon l’article 4 du décret de dissolution, « le liquidateur dépose, selon une périodicité fixée dans la feuille de route, des rapports d’étape sur l’état d’avancement des opérations de liquidation et, au terme de sa mission, un rapport de clôture de la liquidation au comité interministériel chargé de la supervision de la liquidation ». Prévue depuis 2022 pour durer six mois, la liquidation a terminé sa mission. Place maintenant à la cession de la Sobémap, ce joyau qui, contrairement aux autres sociétés d’Etat dissoutes depuis l’avènement de la Rupture en 2016, n’a pas été déclarée en faillite, tant le secteur dont elle était l’opérateur public n°1, était des plus lucratifs.

Terminaux portuaires et terminus licenciement

C’est pourquoi d’ailleurs le choix de la muter vers une société d’économie mixte au capital porté par l’Etat et un opérateur stratégique de référence mondiale présentait le double avantage de faire profiter au port comme prévu, de l’expertise du partenaire stratégique, de son réseau d’armement qui induira l’accroissement du trafic portuaire et de sa capacité à mobiliser les financements nécessaires à l’acquisition d’équipements modernes de manutention, en vue de permettre à la nouvelle société de mieux gérer deux terminaux au cœur des activités du port de Cotonou que sont le terminal polyvalent et le terminal vraquier.

La modernisation du port a en effet conduit à la réorganisation de ses activités autour de trois principaux terminaux à savoir, en plus des deux réservés pour la future société de manutention, le terminal à conteneur jusque-là concédé au groupe français Bolloré. Malheureusement, les mutations promises semblent jetées à la poubelle. Il se murmure de plus en plus que la montagne annoncée n’accouchera que d’une souris, avec une facture sociale très salée par les pertes d’emplois en perspective. Anticipant d’ailleurs sur cet atterrissage antisocial, le gouvernement avait déjà acté le 14 septembre 2022, la création d’un nouveau bureau d’embauche des dockers pour soi-disant, leur assurer une meilleure gestion et de meilleures conditions de vie et de travail.

Le journal Matin Libre prévenait à cette époque que cette décision pouvait avoir des effets sociaux négatifs : « Il faudra avoir la garantie que tous les dockers en service à la Sobémap seront recrutés et mis à la disposition de la nouvelle société de manutention portuaire…Si les dockers se sont toujours plaints de mauvaises conditions de vie et de travail, ils ne peuvent que se réjouir d’une amélioration de leur situation mais l’idéal reste le maintien des emplois. » Nous y sommes, puisqu’il est annoncé la perte systématique d’emplois de près de 500 personnes.

Vers un racheteur bénino-béninois

Le comité interministériel qui a reçu le rapport du liquidateur Fandohan est-il toujours dans l’optique de créer une société d’économie mixte dont le capital serait partagé entre l’Etat béninois et un partenaire stratégique de référence internationale ? Rien de tel n’est sûr. Le silence et l’opacité dans lesquels se conduit l’opération sont loin de rassurer le peuple que l’Etat y sera actionnaire et que l’acteur de référence répondrait au profil annoncé. En effet, l’armateur Mediterranean Shipping Company (Msc), n°1 mondial du conteneur ayant racheté à travers sa filiale Africa Global Logistics (Agl) pour 5,7 milliards d’Euros la société Bolloré Africa Logistics (Bal) autrefois gestionnaire du terminal à conteneurs, il semble improbable qu’elle puisse être encore l’heureuse élue de l’héritage de la Sobémap, en raison du risque d’abus de position dominante auquel s’exposerait le Bénin.

C’est pourquoi le nom d’une société béninoise active dans le transit et la logistique hante les sommeils des opérateurs béninois et étrangers, employés et sociétés de la manutention maritime sur la place de Cotonou. Car si cette crainte se confirme, c’est une énième activité majeure de l’économie béninoise qui sera phagocytée par le groupe d’intérêt économique auquel appartient ladite société.

Une telle transaction ne manquera pas d’être dénoncée après 2026 comme bien d’autres l’ont été dès 2016, en raison des collusions d’intérêts politico-économiques qu’elle recèlerait. On peut alors aisément comprendre pourquoi toute la famille de la Rupture s’est jetée à corps perdu dans une campagne de reddition de comptes visant à conserver le pouvoir dans deux ans, afin de le gérer avec les mêmes hommes, les mêmes sociétés et les mêmes principes pendant toute la décennie qui suivra 2026.

Benjamin AKOWANOU

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