L’ONG Droit de l’homme, paix et développement a organisé, un atelier de réflexion sur la loi portant statut de l’Opposition en République du Bénin, vendredi 31 mai 2024. Des recommandations, il ressort l’urgence de nommer un chef de file de l’Opposition, conformément à la loi.
C’est depuis 2019 que la loi portant statut de l’opposition a été adoptée. Après les communales et municipales de 2020, le statut du chef de file de l’Opposition revenait de droit au parti Fcbe, étant le seul parti d’opposition à lever des sièges. Du moins dans les faits. Mais le décret devant consacrer Paul Hounkpè n’a été vu nulle part. A-t-il été pris ? On n’en saura jamais rien. Tout le temps, le Sen Fcbe a demandé à entrer en possession des attributs du chef de file, sans gain de cause. Après le rendez-vous manqué de 2019, l’Opposition, incarnée par le parti Les Démocrates, est retournée à l’Assemblée nationale en février 2023. L’ancien chef d’Etat Boni Yayi, devenu président du parti Les Démocrates, est donc logiquement le chef de file de l’Opposition. Mais depuis, aucun décret n’a été pris pour confirmer le fait, conformément aux dispositions de la loi sur le statut de l’Opposition, loi pourtant promue, votée et adoptée sous le régime Talon.
Vendredi 31 mai dernier, les participants à l’atelier de réflexion sur la loi portant statut de l’Opposition en République du Bénin ont fait des recommandations pour non seulement améliorer la loi mais aussi permettre à l’opposition béninoise de jouir pleinement de ses prérogatives. Cela en vue de contribuer à la démocratie et la paix. Des débats, il en ressort que l’opposition béninoise n’a pas encore toutes les armes pour jouer convenablement son rôle. La mise en œuvre de la loi sur le statut de l’opposition rencontre des difficultés, notamment le retard dans la nomination du chef de file de l’opposition.
Panéliste lors de cet atelier, Philippe Noudjènoumè a proposé que les imperfections de la loi soient corrigées au plus vite, notamment en ce qui concerne la désignation du chef de file de l’opposition.
Évoquant la situation actuelle où le peuple attend toujours la nomination d’un chef de file de l’opposition, il souhaite qu’un décret soit rapidement pris pour fixer tout le monde. Léonce Badoussi, représentant de la Cour suprême a invité l’opposition béninoise à se donner les moyens pour jouer librement et convenablement son rôle. L’expert Joël Atayi Guèdègbé demande que la loi soit appliquée. Selon lui, depuis 2019, cette loi fait plus de polémique qu’elle ne sert l’opposition.
Pour le juriste Serge Prince Agbodjan, le président de la République, en tant que chef de l’administration, doit pouvoir prendre les actes de l’administration parce que le chef de file de l’opposition devient en ce moment une institution. « Et pour donner la valeur juridique à cette institution, il faut un acte juridique dont la nomination. Cela ne veut pas dire que le président choisit son opposant », a-t-il expliqué. Comprenant que dans le jeu politique, il est difficile de donner des moyens à son adversaire pour qu’il puisse reprendre le pouvoir, Serge Prince Agbodjan suggère alors que les modalités d’attributions des avantages à l’Opposition soient intégrées dans la loi.
Universitaires, acteurs politiques et de la société civile ont apporté leur réflexion sur la question lors de cet atelier organisé par l’ONG Droit de l’homme, paix et développement (DHPD). « Opposition béninoise d’hier à aujourd’hui » était le thème autour duquel les débats ont eu lieu.
Cette rencontre a pour objectif de réfléchir sur la loi portant statut de l’opposition en République du Bénin et à faire des recommandations pour une contribution plus active de l’opposition à la démocratie et la paix.
Les participants se sont séparés dans l’espoir de connaître dans les prochains jours le chef de file l’opposition pour la vitalité de la démocratie et l’enracinement de la paix au Bénin.
Larysson KOKODOKO (Stag)